Nigéria : les bandes armées, un cauchemar récurrent pour les communautés de l'État de Plateau
AFRIQUE
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Nigéria : les bandes armées, un cauchemar récurrent pour les communautés de l'État de PlateauUne résurgence des conflits intercommunautaires, alimentée par des disputes foncières entre éleveurs et agriculteurs, a replongé l'État du Plateau, dans le centre-nord du Nigeria, dans une situation de tension.
Le gouverneur de l'Etat du Plateau, Caleb Mutfwang, a visité les communautés déplacées par les affrontements. Photo / État du Plateau / Others

Entre la fin mars et le mois d'avril, plus de 100 victimes ont été recensées lors d'une série d'attaques violentes perpétrées par des hommes armés non identifiés, ciblant des communautés à travers la région.

La dernière vague de violences, survenue le 14 avril, a plongé les familles des communautés de Zike et Kimakpa, dans le deuil, avec au moins 51 victimes.

Selon Joseph Chudu Yonkpa, secrétaire national à la communication du Mouvement de la jeunesse Irigwe, près de 1 000 habitants ont été déplacés à cause de ces violences.

Les gouvernements fédéral et étatique ont condamné ces massacres et promis justice, mais les communautés touchées déplorent que de telles attaques continuent sans relâche dans une région confrontée à l'insécurité depuis longtemps.

Dangereuse impunité

Les analystes et les groupes de défense des droits humains estiment que l'incapacité à traduire les auteurs en justice est en grande partie responsable de la répétition des attaques.

Dans le dernier cas, qualifié par certains groupes de défense des droits d'« impunité » de ces gangs, les assaillants ont incendié des villages, pillé des maisons et tué des civils.

Isa Sanusi, un militant des droits humains au Nigeria, souligne la nécessité d'identifier et de punir les coupables et les instigateurs de ces agressions violentes comme première étape pour briser ce cycle.

Il est injuste que les populations des zones rurales et des communautés isolées soient laissées à la merci de bandes armées en toute impunité.

Isa Sanousi

Alors que des vies et des moyens de subsistance sont détruits, les répercussions poussent inévitablement les victimes à chercher des représailles, ce qui ne fait qu'aggraver les blessures collectives des communautés en souffrance.

Dans de nombreux cas, les rapports indiquent que les auteurs de ces attaques ne font pas partie d'une milice reconnue avec une structure définie. Souvent, aucun groupe armé ou organisation identifiable ne revendique ces attaques.

Les chercheurs pensent que le schéma de violence apparemment organisé, mené par des entités opérant dans l'ombre, révèle un niveau inquiétant de coordination et de planification.

Tensions sous-jacentes

Puisque ceux qui tuent, mutilent et détruisent ne sont que rarement identifiés et arrêtés, les pistes se refroidissent jusqu'à ce qu'une nouvelle attaque éclate dans les communautés ciblées.

Depuis la tristement célèbre crise de Jos en septembre 2001, une série de violents affrontements dans la capitale administrative de l'État du Plateau, la région est en proie à des troubles impliquant différentes communautés ethniques et religieuses, prises dans un cycle vicieux de marginalisation politique et économique.

Bien que le nombre exact de victimes n'ait jamais été confirmé, les données collectées indiquent que plus de 1 000 vies ont été perdues en six jours de combats.

Au fil des années, d'autres zones de l'État du Plateau ont été secouées par des attaques violentes, en particulier les zones rurales comme Riyom, Barkin Ladi, Langtang Nord, Langtang Sud, Shendam, Mikang, Qua’an Pan et Wase.

Modèles complexes

Malgré la dimension historique reconnue de ces conflits, des observateurs comme le Dr Emmanuel Ivorgba constatent des tendances préoccupantes dans les violences récentes.

“Les récits officiels tendent à qualifier ces atrocités de simples affrontements, tandis que les communautés locales parlent d'attaques organisées”, explique ce chercheur en conflits, membre du Centre pour la foi et le développement communautaire actif dans l'État du Plateau depuis des années.

“Il existe un décalage entre la perception officielle et l'expérience locale”, confie-t-il à TRT Afrika.

Le Dr Ivorgba exhorte le gouvernement fédéral à tout mettre en œuvre pour “identifier les commanditaires de la violence, qu'il s'agisse de groupes ou d'individus, qui persuadent, financent et arment ceux qui attaquent leurs opposants”.

Cette violence s'inscrit également dans l'insécurité plus large impliquant des gangs armés spécialisés dans les enlèvements, qui sévissent dans de nombreuses régions du pays, y compris dans le centre-nord.

Impliquer les leaders communautaires pour la paix

Certains analystes préconisent des initiatives centrées sur le contexte du conflit et son écosystème. Ils estiment qu'il faut accorder une attention particulière à l'engagement des leaders communautaires locaux pour promouvoir la paix.

S'appuyant sur ses études précédentes sur le conflit, le Dr Ivorgba condamne les récits biaisés qui “déshumanisent les gens en les stigmatisant et en sabotant les relations pacifiques et le pluralisme”.

Il avertit que sans résoudre les facteurs profonds, ce conflit pourrait rester une épreuve de longue haleine, entraînant davantage de vagues d'attaques et de représailles, sans fin en vue.

“Les artisans de la paix ont un rôle crucial à jouer pour promouvoir la compréhension, répondre aux préoccupations des communautés touchées et plaider en faveur d'un changement social positif et d'une réorientation”, déclare le chercheur en conflits à TRT Afrika.

SOURCE:TRT Afrika
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