AFRIQUE
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Confrontée à un déficit fiscal, la RDC revoit son "budget de combat" à la baisse
La République démocratique du Congo est aux prises avec des coûts militaires en hausse et des recettes fiscales en baisse en raison d'une offensive du groupe rebelle M23, selon un budget de guerre révisé à l'étude par les législateurs.
Confrontée à un déficit fiscal, la RDC revoit son "budget de combat" à la baisse
Le président Tshisekedi lors de son investiture pour son second mandat en République démocratique du Congo. / AA
28 mai 2025

La République démocratique du Congo fait face à une augmentation des coûts militaires et à une baisse des recettes fiscales en raison d'une offensive menée par le groupe rebelle M23 qui occupe désormais une grande partie des régions frontalières orientales du pays, selon un budget de guerre révisé actuellement examiné par les parlementaires.

Le Fonds monétaire international (FMI) a déclaré ce mois-ci que les combats exerçaient une pression sur les finances publiques, citant la fermeture des bureaux de collecte des recettes dans les zones contrôlées par les rebelles du M23 et l'augmentation des dépenses de sécurité liées au conflit.

Initialement attendu à la mi-mars, le cabinet du président Félix Tshisekedi a approuvé le projet de loi budgétaire vendredi. Celui-ci sera désormais soumis au Parlement pour débat et vote.

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Selon des sources sécuritaires, plusieurs de ces militaires ont déjà été déployés sur le front, contraints de combattre leurs anciens camarades des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

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Le budget prévoit des dépenses légèrement réduites à 17,2 milliards de dollars, selon le compte rendu de la réunion du cabinet, et reflète une baisse des recettes fiscales à 12,5 % du PIB contre 15,1 % initialement prévues dans le budget approuvé en décembre.

Doublement des salaires des soldats

Le ministère des Finances a annoncé en mars le doublement des salaires des soldats et des policiers, apparemment pour renforcer leur moral. Cette mesure devrait coûter 500 millions de dollars cette année, selon un responsable militaire et une source gouvernementale ayant parlé à Reuters.

Les dépenses exceptionnelles liées à la sécurité ont coûté environ 1 milliard de dollars au gouvernement au cours des quatre premiers mois de 2025, selon deux sources gouvernementales.

Toutes les sources ont requis l'anonymat car elles n'étaient pas autorisées à divulguer ces chiffres.

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Félix Tshisekedi a accusé ces derniers mois son prédécesseur de préparer "une insurrection" et de coordonner ou d'appartenir à l'Alliance Fleuve Congo (AFC), mouvement politico-militaire dont le groupe rebelle M23 fait partie.

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Un porte-parole du gouvernement n'a pas immédiatement répondu mardi aux questions concernant le budget et les dépenses militaires.

Déficit des recettes fiscales prévues

Le déficit budgétaire intérieur s'est élargi à 0,8 % du PIB en 2024 et devrait atteindre 1,2 % cette année, a déclaré René Tapsoba, représentant résident du FMI en RDC, à Reuters.

Le conflit et la perte de contrôle des territoires dans l'est, qui abrite des réserves lucratives d'or, d'étain et de coltan, pourraient expliquer une baisse de 4 % des recettes fiscales prévues, a-t-il ajouté.

Tout en notant que les dépenses exceptionnelles liées à la sécurité étaient "très élevées", Tapsoba a indiqué que le gouvernement avait cherché à réduire ses dépenses de fonctionnement en coupant dans les budgets des ministères et les salaires des chefs d'institutions.

Malgré l'augmentation des dépenses de sécurité, les responsables de l'armée signalent toujours des pénuries persistantes de nourriture, de munitions et d'équipements de base.

Approvisionnement en armement

Une grande partie des fonds semble avoir été consacrée à l'achat d'armes, a confié un général congolais à Reuters.

"La majorité de ces fonds sont gérés en dehors du cadre budgétaire formel", a indiqué un haut responsable du ministère des Finances, demandant à ne pas être nommé car il n'était pas autorisé à s'exprimer auprès des médias. "Nous n'avons pas non plus une visibilité complète."

La guerre dans l'est a mis en lumière des problèmes profondément enracinés dans l'armée.

Selon un rapport du Sénat publié ce mois-ci, l'armée compte 268 602 membres, dont 74 000 déployés dans des zones de combat. Cependant, plus de 36 000 sont classés comme inactifs, parmi eux 3 618 soldats retraités en attente de 145 millions de dollars d'arriérés de prestations.

Les Nations Unies et les gouvernements occidentaux affirment que le Rwanda a fourni des armes et des troupes au M23. Le Rwanda nie soutenir les rebelles et affirme que son armée a agi en légitime défense contre l'armée congolaise et une milice fondée par les auteurs du génocide rwandais de 1994.

SOURCE:Reuters
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