Par Esra Karataş Alpay
Les drapeaux flottaient et les sabots résonnaient sur le tarmac de l'aéroport Atatürk d'Istanbul cette semaine à l'occasion du 7e Festival de la Culture Ethnosport. L'événement s'est ouvert par une célébration haute en couleur des jeux ancestraux, de la musique et de l'humanité partagée.
Organisé par la Confédération Mondiale d'Ethnosport (WEC), cet événement de quatre jours, qui a débuté le 22 mai et se terminera le 25 mai, rassemble plus de 1 000 athlètes venus de 35 pays pour honorer un héritage culturel commun.
Le thème de cette année, La tradition commence dans la famille, s'aligne avec la déclaration du président Recep Tayyip Erdogan désignant 2025 comme l'Année officielle de la famille en Türkiye.
À travers des performances, des ateliers interactifs et des vitrines culturelles, le festival est devenu un témoignage vivant de la manière dont les valeurs enracinées dans l'histoire peuvent prospérer dans un monde en pleine modernisation.
Dans son discours d'ouverture, Bilal Erdogan, président de la Confédération Mondiale d'Ethnosport, a souligné la mission plus large du festival en insistant sur la préservation culturelle comme une responsabilité nationale et mondiale :
« Nous sommes ravis de constater un tel intérêt du public dès le premier jour. Cela prouve que les jeunes générations aspirent à se connecter à leur patrimoine. Ce festival n'est pas seulement un hommage au passé, c'est un pont vers l'avenir. Si nous transmettons avec succès les valeurs qui ont fait de ces terres notre patrie, elles le resteront pour encore mille ans. Nous ne devons pas perdre ces valeurs. Je remercie tous ceux qui contribuent à cet événement. »
Erdogan a également évoqué la dimension humanitaire de l'expression culturelle, soulignant l'importance du jeu pour les enfants du monde entier :
« Chaque enfant a le droit de jouer. Mais trop d'enfants, en particulier dans des endroits comme Gaza, sont privés de ce droit. Ce festival est aussi une prise de position morale, un rassemblement de conscience où nous appelons à un monde où les enfants rient sous un ciel ouvert, et non cachés sous des décombres. »
Lancé en 2015 au Kirghizistan, le mouvement Ethnosport s'est étendu pour inclure 42 organisations membres dans 27 pays, avec des plans pour atteindre 60 nations d'ici cinq ans.
Appel à la continuité culturelle
Le festival de cette année met en avant un large éventail de sports traditionnels, allant du tir à l'arc à cheval et de la lutte à la ceinture aux jeux de société ancestraux comme le Mangala et le 19 Tas. Mais l'Ethnosport ne se limite pas à une nostalgie culturelle ; il se présente comme une réponse moderne à la dépendance croissante aux écrans chez les jeunes.
Osman Askin Bak, ministre de la Jeunesse et des Sports de la Turquie, qui a rejoint Erdogan pour l'inauguration du festival, a salué l'événement pour son engagement auprès des jeunes :
« Voir nos enfants et nos jeunes s'approprier ce festival nous remplit d'espoir. La culture est l'une des valeurs fondamentales de notre nation. Nous sommes reconnaissants à la Confédération Mondiale d'Ethnosport de maintenir ces traditions vivantes. Avec le soutien de notre président, nous construisons une génération forte, enracinée et active. Sports, traditions et identité culturelle vont de pair. »
Il a ajouté un rappel poignant : « Nous ne devons pas oublier Gaza. Ne restons pas silencieux pendant que des enfants sont tués. Élevons nos voix pour un monde où chaque enfant peut jouer. »
Mosaïque de mémoire et d'identité
Parmi les festivaliers, Ayse Nur Menekse, chercheuse et écrivaine, entourée des sons des instruments folkloriques et de l'odeur de la terre des tentes en feutre, a été émue par l'atmosphère de tradition vivante :
« Ce n'était pas seulement une démonstration de patrimoine, c'était une mosaïque d'identité », confie-t-elle à TRT World. « Le festival ressemblait à un pont culturel reliant notre passé à notre avenir. À une époque où nous craignons de perdre nos racines face à la numérisation, c'est une renaissance ancrée dans l'appartenance. »
Elle a ajouté : « Voir différentes nations se produire côte à côte—créer, partager, rire ensemble—était profondément émouvant. En traversant les tentes kirghizes et kazakhes, je m'imaginais galoper librement à travers les steppes, main dans la main avec nos frères et sœurs d'Asie centrale. C'était un moment qui vaut une vie entière. »
Sur le terrain du festival, les visiteurs ont essayé le tir à l'arc, la lutte traditionnelle et l'équitation. Les enfants ont écouté des contes folkloriques tandis que les adultes parcouraient des ateliers d'artisans et goûtaient des cuisines du monde entier.
Une nouveauté cette année est l'« Oba Familiale », un espace dédié où les familles créent des objets artisanaux, écoutent des conférences sur le patrimoine et découvrent des jeux renforçant les liens intergénérationnels.
Alors que les chevaux du Karabakh éblouissaient les spectateurs avec leurs routines acrobatiques époustouflantes, et que des mélodies flottaient du Musée des Instruments aux Expositions de Jouets, le Festival Ethnosport révélait son objectif profond : non seulement préserver la culture, mais lui permettre de respirer, de grandir et de connecter les gens au-delà des frontières.
« Chaque tente racontait une histoire », dit Ayse Nur Menekse. « Chaque mélodie portait une identité. Chaque jeu transmettait une valeur. »
Pour l'écrivaine Melike Gunyuz, qui assistait pour la première fois au Festival Ethnosport, l'expérience a laissé une impression durable. Elle a confié à TRT World :
« L'atmosphère était exaltante », dit-elle, sa voix animée par l'excitation. « L'équipe du Karabakh d'Azerbaïdjan était particulièrement impressionnante—un ensemble complet de musiciens, danseurs folkloriques et athlètes équestres se produisant ensemble. Ce qui m'a le plus frappée, c'est que des femmes participaient à ces démonstrations acrobatiques à cheval. »
Pour Gunyuz, la conclusion était simple mais profonde : « Je n'arrêtais pas de me demander : pourquoi n'y suis-je jamais venue avant ? Chaque enfant et chaque jeune devrait vivre cela. Ce n'est pas juste un événement—c'est un sentiment qui reste avec vous. »
Jusqu'au 25 mai, avec une entrée gratuite, le 7e Festival de la Culture Ethnosport invite le public à découvrir la culture en mouvement : goûter, entendre, ressentir et vivre l'esprit de la tradition.