Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a alerté sur le sentiment croissant des citoyens musulmans de France face à une "suspicion constante", suite à la publication d'extraits d'un rapport commandé par le gouvernement sur les communautés politiques musulmanes.
"De nombreux citoyens musulmans ont aujourd'hui le sentiment de ne plus être à l'abri d'une suspicion constante", a déclaré le CFCM dans un communiqué écrit, exprimant son inquiétude quant aux conséquences potentielles du rapport publié mercredi.
Le quotidien français Le Figaro a publié, le même jour, des extraits du rapport sur l’influence présumée des “Frères Musulmans”, rédigé par deux hauts fonctionnaires pour présentation au Conseil de défense.
Le CFCM a critiqué le rapport, qui "alimente une suspicion généralisée" et a appelé à une approche plus nuancée et plus fondée sur des données pour évaluer les menaces liées à l'extrémisme.

Le ministre de l’Intérieur a présenté mercredi un rapport sur l’influence présumée de ce qu’il appelle les "Frères Musulmans" en France, une démarche qui suscite des interrogations. Analyse avec Raphaël Liogier, sociologue et philosophe.
Suspicion injustifiée
Le CFCM s'est inquiété de l'utilisation de termes vagues tels que "Frères musulmans", "islam politique" et "entrisme islamiste", avertissant que leur emploi non défini contribue à une "confusion préjudiciable".
Bien que le rapport complet n'ait pas été rendu public, le CFCM a exprimé sa "profonde inquiétude" quant à l'utilisation potentiellement abusive de ses conclusions, notamment l'identification des lieux de culte, des institutions, des associations et des individus prétendument liés aux Frères musulmans.
"Le flou entourant l'identité de ces acteurs, combiné à la gravité des accusations portées, est susceptible de jeter une suspicion injustifiée sur l'ensemble des structures musulmanes de notre pays", peut-on lire dans le communiqué.
"Cela risque d'alimenter des fantasmes et des théories du complot aux conséquences bien réelles : stigmatisation, agressions, menaces à l'intégrité physique des musulmans français et attaques contre leurs lieux de culte”, spécifie-t-il.
Le CFCM ajoute que le simple fait d'être musulman ou d'être perçu comme musulman "éveille la suspicion" en France aujourd'hui, qualifiant cette perception d'«erronée» et de "profondément dangereuse".
"Les Français attendent des autorités plus de discernement sur ces sujets, trop souvent instrumentalisés à des fins idéologiques, médiatiques ou politiques", énonce, également, l'association.
"Ils ont besoin de plus de clarté et de précision pour éviter les confusions, les fantasmes, la haine et la peur.", pointe-t-elle.