Si Emmanuel Macron espérait une union nationale, une sorte d’état de grâce après son discours sur l’urgence et le danger de la guerre en Ukraine, il a été déçu.
La résolution a été votée à minuit par 288 voix pour et 54 contre. Le camp des pro-européens peut être satisfait, le gouvernement a obtenu ce qu’il voulait mais les mots et les insultes ont été nombreux durant ces six heures de débat pour une résolution qui n’est pas contraignante. Le gouvernement français espérait montrer par cette résolution un signe de soutien à l’Ukraine, un message à la communauté internationale que la France soutenait la stratégie de défense engagée par Emmanuel Macron et par l’Union européenne. A l’arrivée, le résultat est mitigé et le message, un peu brouillé.
Les députés ont ainsi ajouté leur touche au texte, ils ont voté -y compris certains du camp présidentiel- pour une saisie des avoirs russes bloqués par l’Union européenne, soit un peu plus de 200 milliards d’euros. Ce point n’était pas prévu dans le texte proposé au débat et le gouvernement français ne le souhaitait pas.
Depuis le début de la guerre, l’Ukraine réclame la saisie de ces avoirs. L’UE, en février 2024, avait opté pour la saisie non pas des avoirs immobilisés, mais des intérêts générés par ceux-ci –environ 3 milliards d’euros par an.
Un débat qui a divisé l’Assemblée
Ce qu’il faut surtout retenir, c’est la division des députés sur le dossier avec une France insoumise et un Rassemblement national prudents et mal à l’aise. Ils ont tous deux juré leur soutien infaillible à l’Ukraine, avec des mais et des doutes.
D’un côté, l’extrême droite qui a toujours eu une fibre pro-russe s’est abstenue et a joué sur les mots. Ainsi Sébastien Chenu, député Rassemblement national (RN), élu du Nord tenait à faire disparaître du texte la mention d’ingérences russes en Moldavie ou en Géorgie. Pour le RN, le parti d’Eric Ciotti, et pour l’Union des droites républicaines, voter la résolution était inconcevable du fait du soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne inscrit dans la résolution.
A l’extrême gauche, le malaise était aussi palpable, le parti communiste et La France insoumise ont voté contre la résolution et ont dénoncé le discours va-t-en-guerre du président Macron, préférant, ont-ils déclaré, une solution diplomatique.