La Maison Blanche a confirmé que le rédacteur en chef du magazine The Atlantic, Jeffrey Goldberg, avait été ajouté par inadvertance dans un groupe de discussion ultra-confidentiel de hauts responsables américains sur l’application de messagerie Signal, consacré à ses plans d’attaque au Yémen.
Selon The Atlantic, le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz a organisé, début mars, une conversation textuelle avec dix-huit hauts responsables américains, dont le vice-président J.D. Vance, le ministre de la Défense Pete Hegseth, le secrétaire d’État Marco Rubio, et le patron de la CIA, John Ratcliffe, afin de discuter des frappes contre les Houthis au Yémen.
Au Yémen,”une nouvelle agression américaine a ciblé l'aéroport d'Al-Hodeïda avec trois frappes aériennes”, déclare une chaîne affiliée aux Houthis.
Dans un long article titré ‘’Le gouvernement Trump m’a envoyé par erreur ses plans de guerre’’, Jeffrey Goldberg relate avoir été invité par inadvertance par Mike Waltz dans ce groupe de discussion “de responsables de la sécurité nationale des États-Unis”, dans lequel étaient détaillées, le 15 mars, les frappes militaires imminentes contre le groupe rebelle yéménite, “deux heures avant l’explosion des premières bombes”.
L’information est venue du ministre de la Défense en personne, Pete Hegseth, qui a “envoyé par message le plan de guerre à 11 h 44”, détaille-t-il. Un plan contenant “des informations précises sur les […] armes, les cibles et le calendrier”.
Après les frappes, les responsables se sont félicités du succès de l’opération lors d’une brève discussion, avant que Jeffrey Goldberg ne se retire du canal de discussion, indique la chaîne CNN.

Les Houthis affirment avoir attaqué des navires américains et israéliens avec des drones et des missiles dans la mer d'Oman et le golfe d'Aden.
Cela n’est pas qu’une simple erreur. Il s’agit, certes, d’«une faille de sécurité extraordinaire», a commenté le New York Times, mais le plus préoccupant est que les officiels américains n’ont pas le droit d’utiliser les applications grand public pour leurs communications.
Le site d’information Axios rapporte que, “certains avocats spécialisés ont suggéré que Mike Waltz avait peut-être violé la loi sur l’espionnage en coordonnant des plans de sécurité nationale d’une manière aussi négligente.”
Le Washington Post indique de son côté que l’article de The Atlantic, “a rapidement suscité des critiques de la part de l’establishment de la sécurité nationale de Washington”.
Des propos anti-européens, qualifiés de “profiteurs”
L’affaire est également embarrassante parce que le journaliste de The Atlantic a publié une article qui relate les conversations entre le numéro deux de la Maison Blanche, J. D. Vance et Pete Hegseth, le ministre de la Défense, et les propos échangés ne sont pas “diplomatiques”.
‘’Si tu penses qu’il faut le faire, allons-y. C’est juste que je déteste venir au secours des Européens encore une fois’’, écrit ainsi J. D. Vance à l’adresse de Pete Hegseth. Le ministre de la Défense répond : ‘’Je suis complètement d’accord, je déteste le comportement de profiteurs des Européens. C’est PATHÉTIQUE’’, mais il justifie l’opération pour rouvrir les liaisons maritimes.
L’opposition démocrate au Congrès a réagi à cette divulgation accidentelle de plans militaires confidentiels à un journaliste par l’administration de Donald Trump. Le chef de la minorité démocrate au Sénat américain, Chuck Schumer, l’a qualifiée de ‘’débâcle’’, et a appelé à ‘’une enquête complète’’ sur cette fuite. ‘’C’est l’une des fuites de renseignement militaire les plus stupéfiantes que j’ai lues depuis très, très longtemps’’, a tonné Chuck Schumer, cité par Le Monde.
‘’C’est manifestement illégal et extrêmement dangereux’’, a fustigé la sénatrice Elizabeth Warren, dénonçant ‘’des débutants complets’’. ‘’Ces idiots vont réussir à nous faire tous tuer’’, a lancé de son côté Robert Garcia, élu démocrate à la Chambre.
‘’Dites-moi que c’est une blague’’ a écrit, sur X, Hillary Clinton, candidate malheureuse face à Donald Trump à la présidentielle de 2016 et personnalité politique qui a été malmenée en 2015 par les Républicains pour avoir envoyé des messages liés à sa fonction via son compte email privé lorsqu’elle était secrétaire d’Etat et non pas via un compte gouvernemental.
Le président des États-Unis, de son côté, a déclaré ne ‘’rien savoir’’ de cette divulgation. ‘’Vous m’en parlez pour la première fois’’, a assuré Donald Trump à la presse qui l’interrogeait à la Maison Blanche. ‘’Je ne suis pas un grand fan de The Atlantic, a ajouté le républicain. C’est un magazine qui va faire faillite’’, a-t-il dit.