“Le ministère des Affaires Étrangères est en train de travailler sur cette riposte graduée, mais il ne me revient pas de vous donner les éléments sur lesquels il travaille. Ils feront leur propre communication ou pas, sur les éléments qui feront partie de cette riposte graduée” a-t-elle poursuivi.
Interrogée sur les déclarations du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui avait récemment préconisé la suspension des activités des compagnies maritimes et aériennes algériennes, Sophie Primas a indiqué que les contours de cette riposte seraient déterminés par le Quai d’Orsay.
“Cette riposte va commencer sans délai puisque l’Algérie nous a fait sa réponse” a ajouté la porte-parole du gouvernement, précisant que le rappel de l’Ambassadeur de France à Alger, proposé par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, pourrait être l’une des mesures envisagées.

TRT Global - La justice française a définitivement rejeté les demandes d'extradition vers l'Algérie d'un ancien ministre de l'ère Bouteflika, une décision susceptible d'accentuer les tensions diplomatiques entre les deux pays.
Cette prise de position intervient alors que, dès lundi soir, son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait annoncé la mise en œuvre “d’une riposte graduée” après la fin de non-recevoir opposée par Alger concernant la liste des ressortissants algériens que Paris souhaite expulser du territoire national.
“Je regrette que l’Algérie refuse d’appliquer le droit international. Comme l’a décidé le Comité interministériel sous la présidence du Premier Ministre, une riposte graduée sera engagée” a-t-il commenté sur le réseau social X.
De son côté, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a estimé mardi matin à l’antenne de TF1, qu’il “faut rappeler” l’Ambassadeur de France à Alger et “mettre fin aux visas diplomatiques”.
Et de poursuivre : “Je suis tout à fait favorable à la riposte graduée évoquée”.
Le rejet algérien de la démarche française
Lundi soir, Alger a en effet rejeté, par voie de communiqué, “la démarche de la partie française sur la forme et le fond” concernant la liste des ressortissants algériens à expulser.
“L’Algérie réaffirme son rejet catégorique des menaces et des velléités d’intimidation, ainsi que des injonctions, des ultimatums et de tout langage comminatoire”, a précisé le ministère des affaires étrangères.
Et d’ajouter : “En outre, l'Algérie désapprouve l'approche sélective de la France vis-à-vis des accords bilatéraux et internationaux liant les deux pays. Elle réaffirme qu'en ce qui la concerne, l'Algérie n'est animée que par le souci de s'acquitter de son devoir de protection consulaire à l'égard de ses ressortissants”.

TRT Global - Le Premier ministre François Bayrou a appelé à “la fermeté”, mais pas “à la fermeture du dialogue” avec l’Algérie, au cours d’un petit-déjeuner échangé avec le socle central ce mardi matin, d’après les informations de BFMTV.
Concernant le rejet de la démarche française, l’Algérie a, sur la forme, “fait valoir que la France ne pouvait, unilatéralement et à sa seule discrétion, décider de remettre en cause le canal traditionnel de traitement des dossiers d'éloignement”.
De fait, la France est invitée à “respecter la procédure établie en la matière, en suivant le canal d'usage, celui entretenu entre les Préfectures françaises et les Consulats algériens compétents, et en préservant la manière de traitement habituelle, celle de procéder au cas par cas”.
Sur le fond, le communiqué indique que “la réponse algérienne a souligné que le Protocole d'accord de 1994 ne peut être dissocié de la Convention de 1974 sur les relations consulaires qui demeure le cadre de référence principal en matière consulaire entre les deux pays”.
“De ce point de vue, la mise en œuvre de l'un ne doit pas se faire au détriment de l'autre, notamment lorsqu'il s'agit de la nécessité de veiller au respect des droits des personnes faisant l'objet de mesures d'éloignement”, a souligné le ministère algérien.
Pour ces raisons, “les autorités algériennes ont décidé de ne pas donner suite à la liste soumise par les autorités françaises”, les invitant “à suivre le canal d'usage, en l'occurrence celui établi entre les Préfectures et les Consulats”.
Un contentieux historique
Pour rappel, le contentieux entre l’Algérie et la France est profondément enraciné. Au-delà de la question des archives et la restitution des biens d’Algériens confisqués, l’Algérie réclame des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes, ainsi que la reconnaissance officielle des crimes coloniaux par la France.
Les relations entre les deux pays se sont davantage dégradées depuis l’été 2024, sur fond de reconnaissance, par Paris, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a rappelé son ambassadeur et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu pour septembre 2024.
Plus récemment, l’affaire de l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal, et le refoulement d’immigrés en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, ont suscité la colère des autorités françaises qui menacent désormais de recourir au “rapport de force”, selon les propres déclarations du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Une rupture possible ?
Côté algérien, le président Abdelmadjid Tebboune a pointé “des déclarations hostiles tous les jours de politiques français”, qualifiant le dialogue avec le président Macron de “perte de temps” et mettant en garde contre “une séparation qui deviendrait irréparable”.
Le 25 février 2025, Paris a décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour “défendre les intérêts des Français”.
Face à l’épineuse question migratoire, qui demeure un important sujet de frictions entre les deux pays, François Bayrou a évoqué, fin février, la possibilité de dénoncer les accords de 1968, en l’absence de compromis avec Alger.