POLITIQUE
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Droits de douane américains sur les voitures, une controverse mondiale
Les droits de douanes américains d’une valeur de 25% sur les voitures fabriquées à l’étranger entrent en vigueur le 2 Avril , suscitant un tollé aussi bien parmi les constructeurs automobiles du monde qu’en Europe et en Asie.
Droits de douane américains sur les voitures, une controverse mondiale
Un ouvrier fixe une pièce à une voiture Mercedes-Maybach sur une chaîne de production de l'« Usine 56 », du constructeur automobile allemand Mercedes-Benz, à Sindelfingen près de Stuttgart, en Allemagne, le 4 mars 2024. REUTERS/Wolfgang Rattay/Photo d'archives
27 mars 2025

Les nouveaux droits de douane américains d'une valeur de 25% sur les voitures étrangères, annoncés mercredi, entreront en vigueur le 2 avril, à la même date que les droits de douane dits "réciproques" voulus par les États-Unis, a indiqué Donald Trump. 

Ces nouveaux droits de douane sur les voitures seront "permanents" a précisé le président américain, qui a, cependant, assuré que ses futurs droits de douane dits "réciproques" seraient "très cléments".

Réactions négatives

Le chef de file du centre droit (PPE) au Parlement européen, l'Allemand Manfred Weber, a estimé ce jeudi que le président américain Donald Trump commettait "une grosse erreur" en annonçant l'augmentation des droits de douane américains sur les automobiles.

"Je pense qu'il commet une grosse erreur", a affirmé M. Weber lors d'un point presse en marge d'une réunion du bureau du PPE à Paris, alors qu’il était interrogé sur les taxes de 25% supplémentaires appliquées par les Etats-Unis à toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis, à partir du 2 avril.

"Il construit des murs commerciaux et tout le monde va en souffrir, Européens et Américains. Il n'y aura pas de vainqueur", a-t-il regretté, assurant "espérer encore convaincre nos amis américains que ce n'est pas une façon de faire".

Le gouvernement allemand a appelé l'UE à apporter une "réponse ferme" à l'augmentation des droits de douane américains. Le taux jusqu'ici appliqué était de 2,5%. Cela signifie que les voitures importées seront désormais taxées à 27,5% de leur valeur

"Signal fatal pour le libre échange", a réagi la fédération des constructeurs automobiles allemands, gros pourvoyeurs de luxueuses berlines pour le marché américain.

"Une très mauvaise nouvelle" pour le ministre français de l'Economie Eric Lombard, appelant à une riposte européenne, que Berlin souhaite "ferme". "Extrêmement regrettable", réagit le Japon pour qui "toutes les options sont sur la table" désormais. 

"Nous ne pouvons pas rester sans rien faire", estime, aussi, le président brésilien Lula, tandis que le Premier ministre canadien Mark Carney dénonce "une attaque directe".

"Il n'y a aucun gagnant dans une guerre commerciale ou une guerre des droits de douane", a répété, sur un ton plus mesuré, le gouvernement chinois.

"Nous demandons instamment au président (Donald) Trump de tenir compte de l'impact négatif des droits de douane non seulement sur les constructeurs automobiles mondiaux, mais aussi sur l'industrie nationale américaine", a plaidé Sigrid de Vries, directrice générale de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA).

- Constructeurs américains aussi touchés -

Les constructeurs américains sont eux aussi concernés, étant donné que leur modèle économique intègre largement le Mexique et le Canada où ils possèdent des usines.

Il est "crucial" que les droits de douane ne fassent pas "monter les prix pour les consommateurs", ont prévenu, ce jeudi, Ford, GM et Stellantis via un communiqué de l'association professionnelle des constructeurs américains (AAPC), plaidant pour la "compétitivité" de la production automobile "nord-américaine", intégrant donc le Canada et le Mexique.

Même Elon Musk, proche allié de Donald Trump, craint d'y laisser des plumes. 

Les nouveaux droits de douane auront un effet "non négligeable" sur le coût de production des Tesla, via les pièces détachées importées, a prévenu son patron.

Réaction des marchés financiers

Les bourses européennes ont réagi à la baisse toujours ce jeudi, emportées par la chute des valeurs automobiles après l'annonce de Donald Trump de 25% de droits de douane supplémentaires sur les voitures fabriquées hors des Etats-Unis. Les cours des constructeurs allemands ont chuté.

A Francfort, vers 08H15 GMT, BMW (-4,09%), Mercedes (-4,31%), Volkswagen (-3,69%), Porsche (-4,30%) et Daimler (-3,18%) ont tous plongés.

En Asie également, les géants japonais et sud-coréens du secteur ont dégringolé. En clôture, à Tokyo, Toyota a lâché 2,04%, Mitsubishi 3,20%, Honda 2,48% et Nissan 1,67%. A Séoul, Hyundai a abandonné 4,28%. 

Le Japon et la Corée du Sud représentent respectivement 16% et 15% du total des importations automobiles des Etats-Unis. L'an dernier, l'automobile représentait même 28% des exportations nippones vers les Etats-Unis.

A la bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a clôturé en repli de 0,59%. La bourse de Séoul a chuté de 1,39%.

Les places chinoises ont mieux résisté, car Donald Trump se disait prêt, mercredi, à faire des concessions douanières à la Chine en échange d'un accord sur TikTok, menacé d'interdiction aux Etats-Unis et l'annonce du rejet de cette offre par la Chine est intervenue après la clôture.

L'indice hongkongais Hang Seng a ainsi fermé en hausse de 0,41% quand l'indice composite de Shanghai a pris 0,15% et celui de Shenzhen 0,23%.

Berlin prône la fermeté de l'UE, Londres veut apaiser

Le gouvernement allemand a appelé jeudi l'Union européenne à apporter une "réponse ferme" à l'augmentation des droits de douane américains sur les automobiles annoncée la veille par le président Donald Trump.

"Il doit être clair que nous ne nous inclinerons pas devant les États-Unis", a déclaré dans un communiqué le ministre de l'Economie et vice-chancelier Robert Habeck, alors que l'important secteur automobile allemand va être touché de plein fouet par ces mesures.

L'UE doit faire preuve de "force et de confiance en elle" face à Washington, a-t-il ajouté.

De son côté, Londres joue la carte de l’apaisement. Le gouvernement britannique a assuré, ce même jeudi, qu'il n'avait pas l'intention d'«intensifier» les guerres commerciales, après l'annonce de Donald Trump, mercredi, d'imposer des taxes de 25% supplémentaires sur le secteur automobile.

Le Royaume-Uni ne "souhaite pas faire quoi que ce soit qui puisse intensifier ces guerres commerciales", a assuré sur la chaîne de télévision Sky News la ministre britannique des Finances Rachel Reeves, interrogée sur l'éventualité d'une riposte de Londres à l'annonce du président américain.

Le Royaume-Uni est actuellement en négociations avec les Etats-Unis pour tenter de conclure un accord économique qui lui permettrait d'échapper aux droits de douane américains qui s'abattent sur de nombreux pays depuis des semaines.

Lire aussi: Taxes douanières: l’Europe se dit prête à se défendre



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