Le projet, qui sera discuté mardi, lors d'un sommet arabe extraordinaire au Caire, prévoit deux phases de reconstruction et inclut la création d'un fonds supervisé au niveau international afin de garantir "l'efficacité, la durabilité du financement", ainsi que "la transparence et la surveillance".
Phase de réponse rapide
La première étape du plan, d’une durée de six mois, se concentrera sur le déblaiement des débris, l'enlèvement des mines et autres matériaux non explosés, ainsi que sur la fourniture de logements temporaires.
Au cours de cette phase, sept sites devraient être aménagés pour héberger plus de 1,5 million de personnes dans des unités d'habitation préfabriquées, avec une capacité moyenne de six résidents par unité.
Elle prévoit également la réparation de 60 000 logements partiellement endommagés, pouvant accueillir environ 360 000 personnes.
Phase de reconstruction
La phase de reconstruction se divise en deux étapes sur une période de quatre ans et demi.
La première, qui durera jusqu'en 2027 et sera dotée d'un budget de 20 milliards de dollars, se concentrera sur la reconstruction des infrastructures essentielles, telles que les routes, les réseaux de distribution d’eau et d’électricité, ainsi que les installations de services publics.
Durant cette phase, sont prévues la construction de 200 000 unités de logement permanent pour 1,6 million de personnes et l'aménagement de 81000 hectares de terres cultivables.
Lors de la deuxième étape qui devrait s'étendre jusqu'en 2030 et dont le coût est estimé à 30 milliards de dollars, l'objectif serait d'achever les projets d'infrastructures et de créer des zones industrielles, ainsi que des infrastructures portuaires et aéroportuaires, comprenant un port de pêche, un port commercial et un aéroport.
Financement
Pour assurer la gestion transparente des fonds, l'Égypte propose de créer un fonds supervisé au niveau international. Ce fonds permettra de garantir une gestion durable et efficace des ressources allouées à la reconstruction.
Le Caire prévoit également la tenue d’une conférence ministérielle de haut niveau, réunissant les pays donateurs, les institutions financières internationales et régionales, le secteur privé et la société civile afin de mobiliser les financements nécessaires.
Qui dirigera Gaza ?
Selon le projet, un comité d'administration de Gaza, composé de technocrates indépendants et de personnalités non partisanes, sera établi sous l'égide du gouvernement palestinien pour gérer le territoire pendant une période de transition de six mois.
Cette mesure est décrite comme une étape vers la reprise totale du contrôle de Gaza par l'Autorité palestinienne, actuellement basée en Cisjordanie occupée.
Pour soutenir cette transition, le projet prévoit que l'Égypte et la Jordanie forment les forces de sécurité palestiniennes, en vue de les préparer à assumer des responsabilités en matière de maintien de l'ordre à Gaza.
Le plan évoque également la possibilité d'une présence internationale dans les territoires palestiniens, notamment à travers une éventuelle résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en faveur du déploiement de forces de maintien de la paix ou de protection à Gaza et en Cisjordanie occupée.
Cette mesure s’inscrit dans un calendrier plus large visant à établir un État palestinien et à renforcer ses institutions.
Le document reconnaît les défis posés par les multiples factions armées présentes à Gaza, affirmant que le problème pourrait être résolu si un "processus politique crédible" est mis en place pour rétablir les droits des Palestiniens et offrir une "perspective" pour l'avenir.
Le plan de reconstruction égyptien contraste avec celui du président américain Donald Trump, qui a appelé à plusieurs reprises à “prendre le contrôle” de Gaza et à de relocaliser sa population afin d’en faire une destination touristique. Ce projet a été rejeté par le monde arabe et d’autres pays, qui l’ont considéré comme une forme de nettoyage ethnique.
Depuis octobre 2023, près de 48 400 Palestiniens ont été tués, principalement des femmes et des enfants, et plus de 111 000 autres ont été blessés lors d'une guerre brutale menée par Israël contre Gaza. Cet assaut, qui a laissé l'enclave en ruines, a été suspendu grâce à un cessez-le-feu et à un accord d'échange de prisonniers entré en vigueur le 19 janvier.
Dimanche dernier, Israël a suspendu l'entrée de l'aide humanitaire dans Gaza, alors que le Premier ministre Benyamin Netanyahu a refusé de commencer les négociations sur la deuxième phase de l'accord de cessez-le-feu avec le Hamas.