Après le rejet de cette liste lundi, le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a promis une "réponse graduée". Ce matin, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, indique que réduire les visas de travail pour les travailleurs algériens pourrait faire partie des réponses.
Par ailleurs, "le traité de 1968 dont on a parlé montre que l'Algérie bénéficie aujourd'hui d'exonérations exceptionnelles qui pouvaient se justifier quelques années après les accords d'Evian (qui définissent les conditions de l'indépendance de l'Algérie, NDLR) mais qui ne se justifient plus aujourd'hui", a-t-elle ajouté.
Gérald Darmanin, le ministre de la Justice est allé plus loin. Il a dit souhaiter le rappel de l'ambassadeur français en Algérie, "il faut mettre fin à cela. Il n'y a pas de raison que la France continue d'être généreuse avec ce pays", a-t-il martelé.
Le 25 février 2025, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, avait déjà décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour "défendre les intérêts des Français".
Aujourd’hui, il envisage de ne plus autoriser l’entrée sans visa des détenteurs de passeports diplomatiques algériens.
TRT Global - Le ministère des Affaires étrangères algérien a convoqué M. Stéphane Romatet, l'ambassadeur de France en Algérie, pour mettre sur la table le dossier des biens immobiliers mis à la disposition de la France par l'Algérie, rapporte l'Agence officielle
Une lettre de 60 noms d’Algériens à expulser selon la France
L’Algérie a rejeté, lundi, "sur la forme et le fond la démarche de la partie française", qui a transmis aux autorités algériennes une liste de ressortissants algériens devant être expulsés de France.
Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, avait annoncé, vendredi dernier, avoir transmis à l’Algérie une liste de personnes jugées "dangereuses" qui devaient être renvoyées dans leur pays.
L'Algérie a d’abord rappelé “son rejet catégorique des menaces et des velléités d'intimidation, ainsi que des injonctions, des ultimatums et de tout langage comminatoire", dans un communiqué officiel.
Concernant le rejet de la démarche française, l’Algérie a, sur la forme, "fait valoir que la France ne pouvait, unilatéralement et à sa seule discrétion, décider de remettre en cause le canal traditionnel de traitement des dossiers d'éloignement".
Alger demande donc à la France de respecter la procédure habituelle.
La France se plaint depuis des mois que l’Algérie ne donne pas ou peu suite aux demandes françaises en matière d’expulsion.
Le rapprochement avec le Maroc, source des tensions avec Alger ?
Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond, l’Algérie réclame la reconnaissance des crimes coloniaux par la France mais les relations entre les deux pays se sont dégradées en juillet 2024, lorsque Paris a reconnu la “souveraineté marocaine” sur le Sahara occidental.
En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Abdelmadjid Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment, l’affaire de la détention de l’écrivain franco-algérien, Boualem Sansal et l’arrestation des influenceurs algériens, dont Doualemn, ont fait augmenter la tension entre les deux pays.
L’extrême droite et la droite françaises se sont emparées du dossier et réclament plus de fermeté vis-à-vis d’Alger.
Côté algérien, le président Abdelmadjid Tebboune a, dans une interview accordée au quotidien L’Opinion en février 2025, pointé "des déclarations hostiles tous les jours de politiques français”, qualifiant le dialogue avec le président Macron de "perte de temps" et mettant en garde contre "une séparation qui deviendrait irréparable".
"Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) Mais, plus rien n’avance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu", a-t-il déploré.