FRANCE
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Poursuivi pour des publications sur Gaza, l’imam Ismaïl dénonce une atteinte à sa liberté
Mardi soir, le parquet de Marseille a requis contre l’imam Ismaïl une peine de six mois de prison avec sursis assortie notamment d’une interdiction “à vie” d’exercer la fonction d’imam.
Poursuivi pour des publications sur Gaza, l’imam Ismaïl dénonce une atteinte à sa liberté
imam ismail / TRT Français
27 mars 2025

Mardi soir, de nombreux soutiens sont venus assister au procès de l’imam Ismaïl, poursuivi pour des faits  “d’apologie du terrorisme”, pour deux publications dénonçant le génocide à Gaza, sur le réseau social X.

Au terme de plus de six heures d’audience, le parquet a requis une peine de 6 mois de prison avec sursis, assortie d’un bannissement de X de la même durée, d’une inéligibilité et d’une privation de droits civiques de cinq ans, ainsi que d’une inscription au Fijait (Fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions terroristes). Il a également requis une interdiction “à vie” d’exercer la fonction d’imam.

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Le tribunal correctionnel de Marseille rendra son délibéré le 30 mai prochain, mais certaines des sanctions réclamées par le parquet ont suscité l’indignation, notamment la mesure visant à faire perdre à l’imam Ismaïl le droit d’exercer en tant qu’imam.

Dans un entretien à Anadolu, ce dernier a accepté de revenir sur cette éprouvante audience, au cours de laquelle il a tenté d’expliquer à la justice que la dénonciation des crimes perpétrés par Israël dans la bande de Gaza ne pouvait en aucun cas être confondue avec de l’antisémitisme.

Dans le détail, l’imam Ismaïl est poursuivi pour deux publications. L’une est en réalité le partage d’une publication d’Étienne Chouard, expliquant que l’attaque du 7 octobre 2023 relève d’une  “légitime défense des Gazaouis”, et l’autre est un commentaire dans lequel l’imam Ismaïl réagit à la vidéo d’un soldat de l’armée israélienne torturant un Palestinien en considérant que  “Daech sont des enfants de chœur à côté” de l'armée israélienne.

“L’audience a été très éprouvante et la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), seule partie civile de ce procès, a tout fait pour me charger  au maximum en inventant des contextes à mes publications”, dénonce l’imam marseillais, expliquant qu’il avait été fait mention de tous les attentats ayant touché la France ces dernières années, dont  “le Bataclan, l’Hypercasher et Nice”..

Selon lui,  “la plaidoirie de la Licra visait à redorer le blason de Tsahal et faire reposer sur (lui) tous les actes terroristes et l’antisémitisme du pays”, alors que ce sont des faits contre lesquels il s’est toujours battu.

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“Je me sens insulté, blessé et humilié par les accusations qu’on essaie de me faire porter. Mes actes sur le terrain ont toujours montré le contraire. Un rabbin est même venu témoigner au procès pour dire à quel point j’étais investi dans le dialogue intercommunautaire, à mille lieues de ce qui se dit de moi dans l’enceinte du tribunal”, explique l’imam Ismaïl.

Et de poursuivre:  “Avec ces réquisitions, je ressens une volonté de me tuer socialement. La seule manière de faire taire un imam c’est de le priver de ses fonctions. En tant qu’imam, je me dois de dénoncer la mort d’innocents, alors évidemment je n’occulte pas les 1 200 morts du 7 octobre, mais il faut aussi parler des représailles qui ont tué 50 000 Palestiniens pour lesquels ni le parquet, ni la Licra, n’ont eu un seul mot durant l’audience”.

Pour rappel, l’imam Ismaïl, suivi par des milliers de personnes sur les réseaux sociaux, se trouve dans le viseur des autorités depuis plusieurs mois et fait face à de multiples accusations liées en partie à ses déclarations sur Gaza, mais également au contenu de certains prêches prononcés dans l’enceinte de la mosquée des Bleuets, où il a officié pendant des années.

Alors que le préfet des Bouches-du-Rhône a engagé une procédure de fermeture de ce lieu de culte en 2024, l’imam Ismaïl avait pris la décision de se mettre en retrait de ses fonctions afin qu’il puisse rester ouvert.

Connu pour ses prises de positions contre l’islamophobie et son engagement sans faille pour les droits des musulmans, l’imam marseillais a reçu d’innombrables témoignages de soutien alors que les procédures qui visent les voix propalestiniennes continuent de se multiplier partout en France.

Dans le courant du mois de mars, le président de la mosquée de Pessac, Abdourahmane Ridouane, a notamment été condamné à quatre mois de sursis pour des faits similaires.


SOURCE:TRT français et agences
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