Sumeyye Erdogan Bayraktar, présidente du conseil d'administration de KADEM (Association Femmes et Démocratie), a tiré la sonnette d’alarme sur la recrudescence des pratiques anti-musulmanes et discriminatoires visant les femmes croyantes à travers le monde, notamment dans les pays occidentaux.
Citant des événements récents comme l’interdiction controversée du voile dans le sport en France, Bayraktar a dénoncé ce qu’elle appelle des “politiques absurdes” qui considèrent l'identité religieuse comme un privilège n’intervenant qu’à l’âge adulte.
Dans son discours d’ouverture lors d’un panel à l’Université Ibn Haldun, Bayraktar a mis en lumière une tendance inquiétante : les femmes portant le voile se sentent souvent contraintes de renoncer à leurs droits à l’éducation, à l’emploi ou à la participation sportive afin de rester fidèles à leurs convictions.

Sylvie Eberena, championne nationale amateurs d’haltérophilie dans sa catégorie, s’interroge sur son avenir si la loi visant les femmes sportives voilées en compétition est votée
“Ces politiques repoussent les femmes hors de la sphère publique, créant des freins invisibles directement issus du déni de liberté religieuse”, a-t-elle souligné.
En s’appuyant sur des études européennes, Bayraktar a indiqué que les candidates portant le voile ont 65% de chances en moins d’être rappelées pour un entretien.
“Les femmes voilées subissent jusqu’à 40% de discrimination en plus sur le lieu de travail”, a-t-elle poursuivi, ajoutant : “Cela affecte non seulement les parcours individuels, mais sape également les efforts collectifs en faveur de l’égalité des sexes et de la justice sociale”.
L’engagement de KADEM pour le pluralisme et les droits
Bayraktar a réaffirmé l’engagement de la fondation à s’opposer aux définitions réductrices et imposées du rôle des femmes.
“Nous rejetons l’imposition d’un modèle unique de femme fondé sur les récits de modernisation”, a-t-elle déclaré.
“Nous continuerons à défendre la liberté de croyance des femmes, dans le respect des valeurs locales, du contexte culturel et d’une perspective plus large des droits humains”.
Elle a insisté sur l’importance de permettre aux femmes de vivre et de travailler selon leur foi.
“Lorsque ce droit est nié, c’est toute la société qui en souffre. Un monde qui efface systématiquement les femmes de la vie sociale ne peut se dire juste, inclusif ni démocratique”, a déploré la présidente du conseil d'administration de KADEM.
L’interdiction du voile dans le sport en France : un symptôme de problèmes plus profonds
Bayraktar a vivement critiqué la justification de la France pour interdire le hijab dans le sport — à savoir que “l’affiliation religieuse divise les gens”.
Elle a soutenu qu’un tel raisonnement pourrait être utilisé pour interdire toute expression identitaire : langue, origine ethnique ou même caractéristiques physiques.
“Il ne s’agit pas de laïcité”, a-t-elle déclaré. “Il s’agit d’utiliser la laïcité comme un outil pour stigmatiser l’islam”.
“C’est une guerre contre l’identité”
Dépassant le cadre de la simple discrimination, Bayraktar a décrit la situation comme une “guerre identitaire multidimensionnelle” dans laquelle les femmes religieuses, en particulier les musulmanes voilées, sont les principales cibles.
“Une simple photo sur un CV peut anéantir tout ce qu’une femme a accompli — ses compétences, son éducation, ses contributions. C’est une injustice profonde”, a-t-elle affirmé.
Un appel à l’action pour les droits universels
“Il ne s’agit pas uniquement d’identité religieuse. Il s’agit du droit d’exister, du droit de vivre, de travailler, et du droit à la liberté de pensée et de conscience”, a conclu Bayraktar.
Appelant à une réponse collective, elle a promis : “Nous ne renoncerons pas à nos droits. Nous lutterons pour un monde enrichi par la différence, élevé par la tolérance, et fondé sur l’égalité et la justice”.