Les révélations du New York Times sur la volonté des Etats-Unis de réduire leur présence diplomatique en Afrique, dans la foulée d’une réorganisation générale de la diplomatie américaine, interroge sur la place du continent dans la politique étrangère du nouveau locataire de la Maison Blanche.
L'actuel bureau pour l'Afrique serait ainsi supprimé et remplacé par un "bureau de l'envoyé spécial pour les affaires africaines" dépendant du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, et non du département d'État, qui dirige en principe les relations étrangères du pays.
En Afrique, l'accent serait mis sur la lutte contre le terrorisme et sur "l'extraction et le commerce stratégiques de ressources naturelles essentielles".
Par ailleurs, "toutes les ambassades et tous les consulats non essentiels en Afrique subsaharienne seront fermés", indique le projet de décret. Toutes les missions restantes seront regroupées sous l'autorité d'un envoyé spécial.
Le projet dévoilé par le New York Times et nié par le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, rajoute à la confusion sur la place et le rôle de l’Afrique sous le deuxième mandat de Donald Trump.
La récente tournée africaine de Massad Boulos, l'envoyé spécial de Donald Trump pour l’Afrique, du 2 au 9 avril en République démocratique du Congo, au Kenya, en Ouganda et au Rwanda, semble toutefois avoir révélé quelques pistes.
Retrait du M23 de la RDC
Pour la première fois, les États-Unis se sont prononcés clairement pour le retrait des troupes du M23 de l’est de la RDC.
“Je réitère également notre position : le Rwanda doit cesser tout soutien militaire au M23 et retirer toutes les troupes rwandaises du territoire congolais. Je suis convaincu que les parties concernées trouveront rapidement un moyen d'y parvenir”, a déclaré, vendredi, l’envoyé américain, au cours d’une conférence de presse en ligne au Centre des médias régionaux pour l’Afrique.
Dans la foulée, nous informe Reuters, Erik Prince fondateur de la société de sécurité Blackpower, éminent partisan de Trump, a accepté d'aider la République démocratique du Congo à sécuriser et à taxer ses vastes richesses minières.
L'accord vise à accroître les revenus d'un secteur entaché par la contrebande et la corruption, alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda occupent une partie de l’est de la RDC qui recèle de minéraux critiques comme le lithium ou encore le coltan.
Une source diplomatique a également déclaré à Reuters que la première étape de l'action de Prince au Congo se concentrerait sur la sécurisation des mines et des recettes fiscales dans la province productrice de cuivre du Katanga à la frontière avec la Zambie.
Mohamed Mbodj, professeur d’histoire africaine à Manhattanville College de New York, a estimé dans un récent entretien avec TRT Français, que la politique américaine de l’Afrique a de fortes chances d’être “traitée au cas par cas” dans un contexte de guerre commerciale avec la Chine et de lutte contre le terrorisme.
Le projet de réforme de la diplomatie américaine, révélé par le New York Times, se dessine, pour ce qui est de l’Afrique, malgré les dénégations de Rubio.
Jusqu'à présent le sous-secrétariat d’Etat en charge de l’Afrique n’est pas encore pourvu. Il est encore dirigé par une intérimaire en la personne de Corina Senders, alors que le nouveau conseiller principal pour l’Afrique du Département d’État américain, Massad Boulos semble prendre les devants.
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