Sur la place de la mairie de Colombes, plusieurs dizaines de citoyens et militants se sont rassemblés, brandissant des drapeaux palestiniens, flashs de téléphones allumés et scandant des slogans tels que : "Solidarité avec la Palestine !" et "Liberté pour Gaza !".
Dans une ambiance fraternelle, l’espace public s’est transformé en un lieu de recueillement et d’engagement. Une banderole appelant au cessez-le-feu a également été déployée sur la façade de la mairie, soulignant l’urgence d’une paix durable.
Cette action nationale organisée par le Réseau de Coopération Décentralisée pour la Palestine (RCDP), a ainsi réuni plusieurs centaines de citoyens autour d’un geste simple et symbolique : allumer une lanterne, une bougie ou un flash pour témoigner de leur solidarité avec le peuple palestinien.
À Colombes, cette mobilisation a pris une dimension particulière. Et pour cause, le rassemblement a été marqué par la présence du maire de Salfit, Abdel Karim Zubaydi, venu avec une délégation palestinienne, ainsi que du maire de Colombes, Patrick Chaimovitch, entouré d’une dizaine d’élus locaux. Ensemble, ils ont souligné l’importance des liens de solidarité entre collectivités et le rôle des territoires dans la diplomatie des peuples.
Une coopération engagée entre Colombes et Salfit
En mars 2024, Colombes a signé un accord de coopération avec Salfit, une ville de Cisjordanie de plus de 12 000 habitants. Un partenariat visant à "renforcer les liens humains, à développer des projets communs dans des domaines variés comme l’éducation, la culture et le développement durable, et à affirmer un engagement concret en faveur de la solidarité internationale".
Abdel Karim Zubaydi, maire de Salfit, a d’ailleurs souligné le rôle déterminant des collectivités locales :
"À mon avis, les dirigeants municipaux peuvent avoir plus d’influence que les gouvernements. Ces derniers sont souvent limités par leurs intérêts diplomatiques, alors que les collectivités locales, plus proches des populations, peuvent exprimer plus directement les sentiments des peuples".
Patrick Chaimovitch, maire de Colombes, a pour sa part rappelé le sens de l'initiative “Une lanterne pour la Palestine” :
"C’est une action portée dans toute la France. L’idée est simple mais puissante : se retrouver, allumer une lanterne ou une lumière, pour symboliser l’espoir et la solidarité envers la Palestine".
Tous deux ont mis en avant l’importance de faire entendre la voix des citoyens et de créer des liens humains, au-delà des discours officiels.
Cette initiative a d’ailleurs permis à Abdel Karim Zubaydi, lors d’un discours devant les élus français et les militants, de raconter la triste réalité du terrain à Gaza et de livrer un témoignage poignant sur la situation actuelle en palestine :
"Ce ne sont pas que des chiffres. Des enfants meurent de faim, de froid, sous les bombardements. Des familles vivent dans la peur permanente. Ce sont des vies humaines brisées, pas seulement des statistiques."
Cisjordanie : Une situation de tension et de souffrance persistante
Si Gaza reste au cœur de l’actualité, la Cisjordanie connaît, elle aussi, une crise profonde. Le maire de Salfit décrit un quotidien marqué par la violence, la confiscation des terres et la destruction des récoltes.
"En Cisjordanie, la vie est difficile. Les colons détruisent nos terres, nos cultures, et la pression est constante. Les habitants vivent dans l’incertitude, mais ils continuent de résister, de s’accrocher à leur dignité et à leur espoir", a-t-il confié.
Il a également souligné la réalité des prisonniers palestiniens, notamment à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec les prisonniers palestiniens, tristement commémorée le 17 avril.
"Officiellement, on parle de 12 000 prisonniers, mais en réalité, ce sont 5 millions de Palestiniens qui vivent emprisonnés. Checkpoints, barbelés, villes fermées… Même les femmes enceintes risquent d’accoucher au checkpoint, faute de pouvoir atteindre un hôpital", a déploré Abdel Karim Zubaydi.
Depuis le 7 octobre 2023, plus d’un millier de Palestiniens ont été tués en Cisjordanie. "Là-bas, les gens sont assassinés un par un et à Gaza, le massacre se fait en masse", a-t-il souligné.
Abdel Karim Zubaydi a également dénoncé la politique coloniale israélienne en Cisjordanie.
"Nous faisons face à un gouvernement dont plusieurs ministres résident eux-mêmes dans les colonies. Il y a 600 000 colons armés en Cisjordanie, qui provoquent, volent, et tuent. À Salfit, des ingénieurs ont été tués il y a deux ans, sans raison, pendant la récolte des olives. L’an dernier, un fermier a été abattu alors qu’il marchait près d’une route. Le meurtre est devenu banal".
L’impact des gestes de solidarité
En attendant de nouvelles actions concrètes, plusieurs élus locaux français, dont les villes ont signé des accords de coopération avec des villes palestiniennes, devraient se rendre en Cisjordanie dans les semaines à venir pour rencontrer leurs homologues palestiniens et renforcer leur solidarité sur le terrain.
Les actions citoyennes ne s’arrêtent pas là : elles continuent de se multiplier dans plusieurs villes françaises, dans le cadre de cette mobilisation pour la Palestine. Ces initiatives témoignent de l'engagement des citoyens et des collectivités locales, un soutien tangible et persistant en faveur du peuple palestinien.
Pour Abdel Karim Zubaydi, ces gestes de solidarité, bien que symboliques, ne sont pas anodins.
"Ces actions peuvent vraiment faire une différence. Il suffit que les Palestiniens sachent qu’ils ne sont pas seuls, qu’il y a des gens dans le monde qui comprennent leur souffrance et ne les oublient pas", a-t-il déclaré.
Pendant ce temps, malgré les nombreux élans de solidarité citoyenne, des centaines de milliers de Palestiniens continuent de vivre dans la peur et le manque, mais font preuve d’une résilience remarquable. Ainsi, malgré l’oppression, Abdel Karim Zubaydi a tenu à clore son intervention sur une note d’espoir et de force :
"Le peuple palestinien est un peuple fort. Cela fait plus de 78 ans que nous résistons, et nous continuerons, même pendant cent ans s’il le faut. Nous continuerons à réclamer nos droits, à défendre notre dignité. Un jour nous serons libres".