Charles Michel, l’ancien président du Conseil européen, estimait dimanche sur BFMTV qu’une troisième guerre mondiale était possible, possible mais évitable, a-t-il précisé.
Emmanuel Macron qui milite pour une défense européenne depuis des années s’active sur ce dossier. Après deux sommets européens sur l’Ukraine et le rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie, cette fois, la réunion comprendra des responsables militaires d’une trentaine de pays appartenant à l'UE et/ou à l'Otan, dont le Royaume-Uni et la Turquie, selon l'état-major français des Armées.
Le président français s’exprimera devant les chefs d’état major.

Les Européens sont en ordre de bataille à Paris au sujet de l’Ukraine et de leur défense en général, après le virage diplomatique de Trump.
Washington lâche-t-il l’Ukraine ?
Guillaume Ancel, ancien officier et chroniqueur de guerre commente ainsi pour TRT Français la nouvelle stratégie américaine. “Donald Trump a trahi l’Ukraine. En leur coupant l’accès aux renseignements militaires, ils les livrent aux Russes. Ils sont en grande difficulté dans la région de Koursk et peuvent être encerclés à tout moment. Trump va imposer un cessez-le-feu à l’Ukraine”.
La suspension de l’aide américaine à l’Ukraine met également les Européens face à un réalité difficile : ils vont devoir assurer l’aide à l’Ukraine. Dans ce domaine, ils peuvent peu ou prou combler le volume d’armes américain mais ils ne peuvent pas remplacer la puissance de renseignement militaire des Etats-Unis. Ce qui fait dire que la guerre en Ukraine est terminée.
Les Européens semblent avoir aussi pris conscience que le pacte de sécurité qui lie Américains et Européens depuis la seconde guerre mondiale est clairement remis en question.
Ils ont déjà lancé, lors d’un conseil européen qui a eu lieu la semaine dernière, un plan d’investissements de 800 milliards d’euros sur cinq ans. Ce plan prévoit aussi le renforcement de l’aide à l’Ukraine.
Quant à la réunion de Paris, elle doit permettre, aujourd’hui, d’organiser la réponse européenne à cette nouvelle donne. Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, explique ainsi au journal le Parisien que cette réunion parisienne servira à “définir les moyens de soutenir l’armée ukrainienne dans la durée et les capacités à déployer pour garantir la paix”.
Une paix russe sur l’Ukraine ?
Selon Guillaume Ancel, Donald Trump confond cessez-le-feu et paix, et c’est là que les Européens peuvent avoir un rôle dans la paix ciselée par Washington entre la Russie et l’Ukraine.
Écartés sans ambages par Washington, ils proposent de surveiller le respect d’un cessez-le-feu que Washington se targue de pouvoir obtenir. “L’Union européenne a peur de la Russie et je crains qu’ils aient raison d’avoir peur. La guerre en Ukraine lui a montré l’agressivité de la Russie qui sous la direction de Poutine est devenue un empire menaçant. Je rappelle aussi que Poutine a menacé les Européens d’une frappe nucléaire 130 fois depuis trois ans”.
Moscou fait peur à la Pologne, aux pays baltes qui sont aux premières loges et qui craignent de voir Vladimir Poutine réclamer par la force des territoires ou utiliser la présence de russophones pour intervenir, comme il l’a fait pour la Crimée. Ainsi en Estonie, la ville de Narva craint d’être la prochaine cible de la Russie, la majorité des 50 000 habitants de Narva parlent russe, et la moitié de la ville détient un passeport russe. En 2022, peu après le début de la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a insinué que Narva faisait partie de la Russie.
Selon l’ancien officier, l’armée russe sort “étrillée” de la guerre contre l’Ukraine, mais ce qui inquiète l’UE c’est que Moscou ne mette à profit un cessez-le-feu pour réarmer et se réorganiser pour réattaquer ensuite.
“C’est ça l’enjeu pour les Européens, ce n’est plus l’Ukraine, c’est : est-ce qu’on est capable de se défendre dans trois ou quatre ans contre les Russes ?,”conclut Guillaume Ancel.
Donald Tusk, le Premier ministre polonais a résumé la situation en s’étonnant que 500 millions d’Européens demandent à 300 millions d’Américains de les protéger.
Dans son nouvel ouvrage, “Petites leçons sur la guerre, comment défendre la paix sans avoir peur de se battre”, Guillaume Ancel fait ce constat : “la puissance de Poutine repose sur la peur qu’il inspire car nos nations ont cru qu’elles étaient exemptes de guerre, elles n’ont plus de culture militaire. Aujourd’hui l’Union européenne, c’est 27 armées, plus l’armée britannique, plus l’armée suisse, plus l’armée norvégienne. Par conséquent, personne ne peut avoir peur de cet ensemble disparate mais si on réunissait tous ces moyens ensemble, ce serait la deuxième armée du monde. On ne peut pas faire une armée commune sans un projet politique commun”.
Selon l'auteur, c'est le point faible de la mobilisation européenne de défense car sans une direction politique commune qui pourrait être jouée par la Commission européenne, les décisions seront quasi impossibles à prendre.
Et aujourd’hui, l’Union européenne n’a pas la compétence de la défense, c’est le pré carré des Etats-nations.
En France, le président Macron a décidé un doublement du budget du ministère de la Défense en 2026. Vendredi, le chef de l’Etat doit rencontrer les industriels français de défense qui sont appelés à augmenter la cadence de production.