Le mouvement a commencé à Marseille le 31 mars dernier, des soignants qui s’étaient rendus à Gaza ont entamé une grève de la faim pour dénoncer la situation dans l’enclave palestinienne. Ils se déplacent de ville en ville pour que les bombardements cessent. Au départ, ils étaient huit grévistes de la faim, ils sont aujourd’hui 15. Imane Maarifi, infirmière est parmi eux, TRT Français l’avait rencontré en septembre 2024 à son retour de Palestine. Les soignants ont tout simplement baptisé leur action “Faim de justice en Palestine”
Lundi à Genève, le médecin urgentiste et infectiologue français, Pascal André a expliqué sa démarche auprès de l’agence Anadolu : "Nous avons commencé une grève de la faim à Marseille le 31 mars avec de nombreux citoyens. Nous avons ensuite visité 12 villes françaises pour rencontrer la population. Les attaques israéliennes à Gaza violent clairement le droit international, qui est pourtant limpide".
"J’ai passé beaucoup de temps à essayer de changer les mentalités dans la politique française, à Bruxelles et dans les médias, mais tout a été bloqué", a déploré le médecin urgentiste, dénonçant un climat de peur et de silence.
Amina Mansouri, une retraitée française, a depuis 18 mois participé à de nombreuses manifestations et actions de boycott contre Israël en France. "Mais j’ai atteint un point où tout cela ne me suffit plus. Cette grève de la faim, action non-violente, me permet d’exprimer autrement ma colère et mon exigence d’application du droit international humanitaire, pour le peuple palestinien et tous les autres. Si nous restons silencieux pour la Palestine aujourd’hui, cela peut arriver à n’importe quel autre peuple demain”, a-t-elle dit.
Je demande aux gouvernements, y compris celui de la France, de respecter enfin le droit humanitaire international qu’ils violent depuis 18 mois", a-t-elle conclu.
L’humanité est en danger à Gaza
Pascal André estime que "l’humanité est aujourd’hui réellement en danger. C’est pourquoi nous avons commencé cette grève à huit personnes en France, nous sommes maintenant quinze. Et nous allons élargir le mouvement ailleurs en Europe. (...) Le silence face à la Cisjordanie et à Gaza équivaut à une reddition. Il est temps de parler du génocide et de se battre pour l’humanité. Ce soutien armé à Israël est inacceptable, ce n’est pas négociable".
Il a aussi réclamé que le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu soit appliqué par la France et les pays européens, et que toute coopération entre l’Union européenne et Israël soit suspendue.
Selon le médecin, il est impératif de réunifier l’Etat de Palestine, et il espère que la mobilisation des soignants permettra d'augmenter la pression sur le gouvernement d’extrême droite en Israël.
Des médias français peu mobilisés
Il réfute toute accusation d’anti-sémitisme, argument utilisé systématiquement à l’encontre des voix pro-palestiniennes. "Nous n’avons aucune hostilité envers les Juifs. Ce mouvement n’a rien d’antisémite. Il s’agit uniquement d’un élan moral et de conscience. Il faut mettre fin à l’impunité des politiques qui bâillonnent les citoyens. C’est terminé, nous sommes déterminés", a-t-il affirmé.
Malgré leur grève de la faim prolongée, André a souligné n’avoir reçu aucun soutien de la part des médias de France, ni en Suisse, attribuant cela à la peur.
"Nous mettrons fin à la grève seulement si des responsables politiques nous écoutent et prennent des mesures concrètes. Faut-il vraiment se priver de manger pour faire changer les choses ? Nous ne nous arrêterons pas, nous sommes résolus. J’ai perdu 12 kilos", a-t-il confié.
Il a ajouté que certains de ses collègues à Gaza, bien qu’ayant perdu jusqu’à 25 kilos, continuaient d’apporter des soins. Le mouvement prend de l’ampleur, a-t-il dit. Certains employés de la Commission européenne et du Parlement européen participeront ainsi à cette grève de la faim à Bruxelles le 24 avril.
Ces citoyens sont allés défendre la cause palestinienne à Marseille, Montpellier, Narbonne, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, Clermont-Ferrand, Lyon, Genève, Besançon, Strasbourg… Ils seront reçus demain au Sénat français.