AMÉRIQUE DU NORD
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Trump déclare la guerre commerciale et plonge l'économie mondiale dans l'inconnu
Les partenaires commerciaux des États-Unis menacent de riposter à la hausse généralisée des tarifs douaniers de Donald Trump signée mercredi, alors que les marchés mondiaux sont en chute.
Trump déclare la guerre commerciale et plonge l'économie mondiale dans l'inconnu
Les marchés financiers ont négativement réagi à l’annonce de la hausse généralisée des tarifs douaniers décidée par Donald Trump. / Reuters
3 avril 2025

L'offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane plancher supplémentaire de 10% sur toutes les importations et par des majorations pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.

"Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis", a asséné Donald Trump, avant d'exhiber une liste des partenaires commerciaux concernés.

L'addition est astronomique pour la Chine, dont les produits feront l'objet d'une nouvelle taxe à l'importation de 34% s'ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà en place.

Les marchandises de l'UE prendront 20% de taxes. Les taux ont été fixés à 24% pour le Japon, 26% pour l'Inde ou 46% pour le Vietnam.

La taxe généralisée de 10% entrera en vigueur le 5 avril à 04H01 GMT et les droits de douane, majorés le 9 avril.

Après les annonces du président américain présentées comme une "déclaration d'indépendance économique", la planète financière accuse le coup : en Asie, la Bourse de Tokyo a chuté de près de 3% en clôture pendant qu'en Europe Francfort perdait 2,45% à l'ouverture, Paris 2,15% et Londres 1,44%.

 "Solution négociée" 

Les réactions oscillent entre appels au dialogue et menaces de bras de fer, personne n'ayant pour le moment annoncé de riposte claire.

Ce jeudi, Berlin a déclaré soutenir l'Union européenne dans sa recherche d'une "solution négociée" avec Washington, Paris a dit prévoir dans l'éventuelle riposte européenne en cours de négociation "d'attaquer les services numériques", tout en planifiant de réunir, ce même jeudi, les représentants des filières les plus touchées. 

Tendant la main aux Américains, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a assuré qu'il n'était "pas trop tard" pour négocier mais aussi que l'UE était "prête à réagir".

L'Union européenne, "prête à la guerre commerciale" avec les États-Unis, prévoit dans sa riposte aux droits de douane annoncés par Donald Trump "d'attaquer les services numériques", a indiqué, toujours ce jeudi, la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas.

"Nous sommes à peu près sûrs qu'effectivement nous allons avoir des effets récessifs sur la production", a-t-elle ajouté sur RTL, s'inquiétant notamment de l'impact "marqué" sur la filière vins et spiritueux.

Dans l'immédiat, Emmanuel Macron va réunir à l'Élysée, cet après-midi, les représentants des filières impactées par les mesures tarifaires.

Si certains pays ont appelé à la retenue et au dialogue avec Washington pour éviter l'escalade, d'autres ont vertement critiqué la politique américaine.

Pékin a exhorté Washington à "annuler immédiatement" ces droits de douane, tout en appelant au "dialogue" face au risque de "péril (pour) le développement économique mondial", selon les termes du ministère du Commerce.

Le gouvernement japonais a estimé que l'allié américain pourrait avoir enfreint les règles de l'OMC et leur accord bilatéral. L'Australie a dénoncé un "geste qui n'est pas celui d'un ami".

Pour Maurice Obstfeld, économiste du Peterson Institute for International Economics (PIIE), il s'agit d'une "déclaration de guerre à l'économie mondiale", d'autant plus que la fixation des niveaux de taxes pose question sur la méthode employée.

Ces surtaxes sont censées répondre aussi aux barrières dites "non tarifaires", par exemple des normes sanitaires ou environnementales.

La Maison Blanche a fait savoir, mercredi soir, que certaines catégories n'étaient pas concernées : lingots d'or, produits pharmaceutiques, semi-conducteurs, cuivre, bois de construction, produits énergétiques ou encore minéraux introuvables sur le sol américain.

Aucune  mention, en revanche, de la Russie ni de la Corée du Nord au motif, selon un responsable américain, qu'elles ne sont plus des partenaires commerciaux significatifs.

Gare aux pays tentés par une surenchère : "Détendez-vous, encaissez le coup (...). Car si vous ripostez, il y aura une escalade", a d’ores et déjà averti le secrétaire aux Finances Scott Bessent.

Ni le Mexique ni le Canada n'apparaissent sur la nouvelle liste. Signataires d'un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, ils relèvent d'un autre régime.

Néanmoins, ils vont encaisser comme le reste du monde les 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l'étranger qui est entrée en vigueur ce jeudi matin.

Les nouveaux droits de douane "ne feront que des perdants", a d'ailleurs critiqué l'industrie automobile allemande.

- "Garder la tête froide" -

Donald Trump a, par ailleurs, déclenché des taxes sur les importations d'acier et d'aluminium, ce qui entraînera "des contre-mesures", a déclaré le Premier ministre canadien Mark Carney.

Le Royaume-Uni, qui négocie un traité commercial bilatéral, sort relativement épargné, avec un taux plancher de 10%, mais ces sanctions américaines auront "un impact" sur l'économie britannique, a reconnu, aujourd’hui, le Premier ministre Keir Starmer.

L'industrie chimique allemande, dont les États-Unis sont le premier marché d'exportation, a appelé l'UE à "garder la tête froide".

Donald Trump présente les droits de douane comme une baguette magique capable de réindustrialiser le pays, de rééquilibrer la balance commerciale et d'éponger le déficit budgétaire.

Le chef de file des sénateurs démocrates Chuck Schumer a assuré que l'offensive protectionniste allait "coûter plus de 6.000 dollars par an à un ménage américain moyen", sous forme de hausse du prix des produits importés.

Lire aussi: “Les États-Unis ont tout à perdre à entrer dans une guerre commerciale avec l'Europe”, avertit Paris





                


SOURCE:TRT français et agences
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