Un orphelin palestinien, qui a rencontré Messi, prend soin de ses frères à Gaza
TURQUIE
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Un orphelin palestinien, qui a rencontré Messi, prend soin de ses frères à GazaEn 2014, après avoir perdu ses parents dans un bombardement, Mohammad Hamad est sorti de Gaza pour la première fois grâce à un concours où, en guise de prix, il a rencontré la star Lionel Messi. De retour chez lui, il a vécu les affres du génocide.
Après avoir quitté l'enclave pour rencontrer le joueur, Mohammed est retourné à Gaza. Aux décombres. A l'orphelinat. / Otros
2 août 2025

Par Leyla Hamed

En 2014, un enfant palestinien a accompli ce qui semblait impossible : sortir de Gaza. Il avait perdu ses parents lors d’un bombardement israélien, vivait sous occupation et n’avait jamais franchi les frontières qui l’enfermaient depuis sa naissance.

Mais il fut sélectionné par une campagne de l’entreprise qatarie de télécommunications Ooredoo, active en Palestine, qui organisa un voyage en Espagne pour permettre à des enfants orphelins de rencontrer la star argentine du football, Lionel Messi.

À Barcelone, l’enfant joua quelques minutes avec la star, ils discutèrent, prirent une photo ensemble, et il reçut un ballon signé.

Puis il retourna à Gaza, dans les décombres. À une réalité où les rêves s’éteignent rapidement, non par manque d’espoir, mais à cause de la dureté de l’occupation israélienne qui ne laisse aucun répit.

Cet enfant s’appelle Mohammad Hamad. Aujourd’hui âgé de 20 ans, il vit avec son frère aîné Ameer et ses trois jeunes frères, sans maison ni protection, et survit, comme des millions de Palestiniens, au génocide le plus médiatisé et pourtant le plus ignoré de notre époque.

Lors d’un entretien avec TRT Español, il raconte une histoire que le monde ne devrait plus ignorer : une enfance brisée, une famille détruite, et une vie qui résiste parmi les ruines, tandis que beaucoup de ses idoles gardent le silence.

Une enfance brisée par les bombardements israéliens

Mohammad n’avait que 10 ans lorsqu’il a perdu ses parents.

C’était en 2014, lors des bombardements massifs lancés par Israël sur Gaza sous le nom de « Bordure Protectrice ».

Cette offensive a duré 51 jours et fait plus de 2 200 morts palestiniens, dont plus de 550 enfants, selon les données de l’ONU.

Parmi les victimes se trouvaient sa mère et son père, tués lors d’une attaque aérienne qui a gravement blessé son frère Nour.

« Ce fut un choc que je ne pouvais pas comprendre. Tout s’est passé très vite. Le fracas, la fumée, le sang, et ensuite le silence », se souvient-il.

Depuis lors, Mohammad et son frère aîné Ameer (aujourd’hui âgé de 22 ans) s’occupent de leurs trois autres frères : Nour (17 ans), Adam (15 ans) et Lamis (13 ans).

« Depuis, je ressens un vide, un grand manque, une sensation qui m’accompagne encore aujourd’hui », raconte-t-il d’une voix posée et douloureuse.

C’est un oncle qui les a recueillis et élevés depuis. « Il a fait l’impossible pour nous faire avancer. Mais l’amour d’une mère, le regard d’un père », se remémore-t-il, « cela, personne ne peut le remplacer ».

Le fait d’être orphelin n’était pas seulement l’absence de ses parents, mais une forme de vie imposée sous le siège : apprendre à se soutenir sans appui, à consoler sans avoir de réconfort, à grandir trop vite et sans droit au deuil.

« Mes frères étaient très jeunes, ils ne comprenaient pas ce qui s’était passé », dit-il. « Chacun a porté cette douleur comme il a pu, mais c’est moi qui devais nous maintenir unis, et être celui qui ne se brise pas ».

Déplacement, abandon et survie

En octobre 2023, le génocide a repris avec une violence encore plus brutale.

Gaza a été transformée en terre d’extermination, avec des bombardements incessants.

Écoles, hôpitaux, mosquées, boulangeries, refuges, rien n’a été épargné. Des millions de personnes ont été forcées de se déplacer, encore et encore, sans direction ni destination.

« Le fait de partir avec des enfants, sans savoir où aller, a été l’une des choses les plus dures que j’ai vécues », évoque Mohammad.

Ils ont fui sans bagages, sans vêtements, sans certitudes.

Ils dormaient sur des bâches, parmi les ruines, sous les drones ; le corps en alerte, l’âme épuisée.

« Parfois, je pensais que mourir était plus facile que tout cela », dit-il avec un calme effrayant.

Ils n’ont reçu aucune aide d’ONG. Ni institutions, ni visites, ni soutien. Aucun organisme international ne s’est manifesté. Gaza est devenue une fosse à ciel ouvert, et la communauté internationale s’est contentée de compter les morts.

Au milieu de cet abandon total, Mohammad a fait la seule chose qu’il pouvait : organiser une petite campagne de dons. Seul, sans ressources, sans réseau de protection.

Avec cet effort, il a réussi à réunir un peu d’argent pour obtenir de la nourriture, de l’eau et des couvertures pour ses frères.

« Tu portes plus que ce que tu peux, mais tu essaies de rester fort, pour que tes frères ne s’effondrent pas », dit-il en revoyant sa vie.

SOURCE:TRT Español
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