"My Afro Origins" : la plateforme qui connecte les Afro-descendants à leurs racines béninoises
"My Afro Origins" : la plateforme qui connecte les Afro-descendants à leurs racines béninoises
Les autorités de Cotonou ont créé une plateforme pour aider les descendants d’esclaves noirs à confirmer leurs origines béninoises, offrant un soutien aux citoyens du monde à double identité.
21 juillet 2025

Venir au monde sur une terre autre que celle qui a vu naître ses parents ou ses grands-parents peut parfois être déroutant, surtout quand ces derniers sont des esclaves qui ont été déportés dans un environnement où tout ou presque semble différent.

Derrière eux, les Africains disséminés à travers le monde lors de la traite des Noirs ont laissé des Afro-descendants qui sont citoyens de pays qui n'ont très souvent aucun patrimoine physique ou moral de la racine principale de leur arbre généalogique.

Pour nombre de ces descendants, leur histoire, celle de leur famille ou leurs origines, peuvent ressembler à un écheveau si difficile à démêler qu'il leur cause un problème identitaire, voire existentiel.

Afin d'apporter sa part de solution à ce problème intergénérationnel, le Bénin a lancé le 4 juillet dernier la plateforme ''My Afro Origins''.

L'outil numérique reçoit et traite les demandes de reconnaissance et octroie la nationalité béninoise aux Afro-descendants en cas de concordance.

La démarche est rendue légale par une loi adoptée en septembre 2024.

Certains experts des sciences humaines réagissant favorablement précisent que la plateforme My Afro Origins va régler une forme d'apatridie culturelle et/ou identitaire.

Parmi eux, Emmanuel Sedegan, un enseignant-chercheur béninois qui a vécu aux États-Unis et côtoyé des Afro-Américains.

Ce dernier se réjouit de la création de cette plateforme, d'autant plus qu'il a, lui-même, milité depuis de nombreuses années pour la facilitation d'un contact des Afro-descendants avec l'Afrique.

Pour l'enseignant, il n'y a pas l'ombre d'un doute : ils sont nombreux parmi les Afro-descendants à avoir envie de remonter à la racine principale de leur arbre généalogique ; nombreux à vivre ce que l’historien et philosophe William Edward Burghart Du Bois nomme la « double conscience ».

« Le malaise identitaire et le sentiment d’étrangeté d'Afro-Américains pris entre deux continents (l’Amérique et l’Afrique) et entre deux histoires. »

Emmanuel Sedegan avait pour sa part, entre autres actions, conçu le projet ''rattacher les branches aux racines'' qui visait le même objectif que My Afro Origins. 

Il avait partagé ses réflexions sur le sujet avec le gouvernement de son pays en 1998.

''Nous sommes nombreux à rêver du retour des Afro-descendants en terre africaine et je me réjouis de voir que le gouvernement actuel a mis en place les mécanismes qui rendent ce rêve réalité. Je félicite le gouvernement qui a mis cette plateforme numérique en place avec toutes les facilités de rattachement des branches aux racines qu'il rend possible'', confie Emmanuel à TRT Afrika.

Qu'il s'agisse d'Afro-descendants d'Amérique centrale et du Sud, d'Europe, la plateforme est ouverte à tous et le test est effectué après le paiement d'un montant de 100 $.

Les autorités béninoises précisent que les données personnelles des utilisateurs sont protégées et que la plateforme est accessible en anglais, en français, en espagnol et en portugais ; des langues qui rappellent curieusement l'identité des peuples qui ont le plus pratiqué la traite des Noirs et l'esclavage.

Yvon Detchenou, garde des Sceaux, ministre de la Justice et de la Législation, estime qu'en ouvrant le chemin de la nationalité béninoise aux Afro-descendants, les autorités honorent le principe du droit au retour garanti par la Constitution béninoise.

La dynamique d'un retour aux sources pour des Afro-descendants a été promue dès la fin du 19 siècle par des figures historiques du panafricanisme comme le Jamaïcain Marcus Garvey qui parlait à son époque de droit de ''rapatriement'' concernant les Afro-descendants qui acceptaient de regagner l'Afrique après avoir été affranchis.

Pour le militant afrocentriste, les anciens esclaves noirs devaient regagner la terre mère d'Afrique ou établir au moins une connexion sous quelque forme que ce soit avec le continent.

Depuis les années 2000, avec les progrès de la science en matière de généalogie génétique, des célébrités comme Michael Jackson, Samuel Jackson et des milliers d'anonymes ont pu déterminer la racine de leur arbre généalogique. Il s'agirait de la Côte d'Ivoire pour le premier et du Gabon pour le second.

Comme Emmanuel Sedegan, certaines personnes comptent parmi les retombées de ce retour aux sources : un impact positif sur le tourisme et l'économie locale.

Les plus optimistes espèrent même des investissements directs de certains Afro-descendants en Afrique.

SOURCE:TRT Afrika
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