Plus de 375 000 enfants privés d’éducation en raison de la guerre qui sévit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), notamment dans la province du Nord-Kivu, risquent d’être recrutés par des groupes armés, s’est inquiétée jeudi 6 mars l’ONG britannique Save the Children.
Dans le Nord-Kivu, où le groupe rebelle Mouvement du 23 Mars (M23) s’est emparé fin janvier de Goma, chef-lieu de la province, et d’autres localités aux alentours, 17 % des écoles sont fermées et ‘’environ 375 000 enfants sont privés d’éducation’’, écrit dans un communiqué cette organisation de défense des enfants basée à Londres, repris par Le Monde.
Selon Greg Ramm, directeur de Save the Children en RDC, ‘’La fermeture des écoles prive non seulement les enfants d’éducation, mais les expose également à des risques accrus de recrutement par des groupes armés, de travail des enfants et d’autres formes d’exploitation’’.
Situation catastrophique
Kinshasa et des experts de l’ONU accusent le Rwanda de soutenir le M23 et de déployer des troupes dans l'est du Congo pour appuyer les rebelles, des allégations que Kigali a démenties à plusieurs reprises.
Les rebelles du M23 ont pris le contrôle des villes stratégiques de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, et Bukavu capitale provinciale du Sud-Kivu, deux villes d’environ 1 million d’habitants chacune, après une offensive éclair dans l’est de la RDC menée depuis janvier.
La fréquentation des écoles par les enfants a diminué de manière significative depuis janvier dans le Nord-Kivu, où 1,3 million d’élèves étaient inscrits, selon l’ONG.
‘’La situation est catastrophique. Les enfants sont privés de leur droit fondamental à l’éducation et les conséquences à long terme pour leur avenir et l’avenir du pays sont désastreuses’’, déplore Greg Ramm.
Des munitions de guerre non explosées
Selon Save the Children, 775 écoles sont actuellement fermées dans le Nord-Kivu, dont beaucoup ont été transformées en abris pour les familles déplacées par les combats.
L’ONG explique en outre que les enfants de la région sont des cibles potentielles de violences, notamment sexuelles, et sont ‘’exposés aux risques liés aux munitions de guerre non explosées, qui restent dans les champs et les villages’’.
Le M23 a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa et Kigali s’accusent mutuellement
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région.
Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe ‘’terroriste’’ et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.