AFRIQUE
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La CIJ statuera sur le différend des zones pétrolières entre le Gabon et la Guinée équatoriale
Les deux pays demandent à la cour de décider quels textes juridiques peuvent être valides pour trancher le conflit : le Traité de Paris de 1900 ou la Convention de Bata de 1974. La CIJ ne décidera pas quel pays a la souveraineté sur ces îles.
La CIJ statuera sur le différend des zones pétrolières entre le Gabon et la Guinée équatoriale
La Cour internationale de justice est la plus haute juridiction des Nations unies. / AFP
19 mai 2025

La principale cour des Nations Unies rendra lundi son verdict sur un différend de plusieurs décennies entre le Gabon et la Guinée équatoriale concernant trois îles situées dans des eaux potentiellement riches en pétrole.

Ces deux nations d'Afrique de l'Ouest se disputent depuis les années 1970 l'île de Mbanie, d'une superficie de 30 hectares (74 acres), ainsi que deux petits îlots bas, Cocotier et Conga.

Bien que ces îles soient minuscules et pratiquement inhabitées, elles se trouvent dans une zone potentiellement riche en pétrole et en gaz.

Le différend remonte à 1900, lorsque les puissances coloniales de l'époque, la France et l'Espagne, ont signé un traité à Paris définissant les frontières entre les deux pays.

Cependant, le Gabon estime qu'un traité ultérieur, la Convention de Bata de 1974, a ensuite fixé la souveraineté des îles en sa faveur.

De bouts de papier

La Convention de Bata "résout toutes les questions de souveraineté concernant les îles et la délimitation des frontières", a déclaré Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente honoraire de la Cour constitutionnelle du Gabon, devant la Cour internationale de justice (CIJ) lors des audiences d'octobre.

La Guinée équatoriale soutient que le Gabon a envahi les îles en 1972 et les occupe illégalement depuis.

Les avocats de la Guinée équatoriale ont rejeté la Convention de Bata lors des audiences d'octobre, affirmant que le Gabon avait soudainement produit ce document en 2003, surprenant tout le monde.

"Personne n'avait vu ou entendu parler de cette prétendue convention", a indiqué Domingo Mba Esono, vice-ministre des Mines et des Hydrocarbures de Guinée équatoriale, aux juges de la CIJ.

"De plus, le document présenté n'était pas un original mais seulement une photocopie non authentifiée", a ajouté Esono.

Philippe Sands, avocat représentant la Guinée équatoriale, a qualifié la Convention de Bata de "bout de papier".

Archives mal gérées

"On vous demande de juger qu'un État peut s'appuyer sur une photocopie d'une photocopie d'un document supposé, dont l'original est introuvable et dont aucune mention n'a été faite ni aucun usage pendant trois décennies", a clamé Sands.

La Guinée équatoriale demande une copie originale de la Convention de Bata depuis 2003, sans succès jusqu'à présent.

Mborantsuo a admis que "malheureusement, aucune des deux parties ne peut retrouver le document original", notant qu'il a été rédigé à une époque où les ordinateurs et les bases de données n'existaient pas.

"Les archives étaient mal gérées en raison de plusieurs facteurs : un climat défavorable, un manque de personnel formé et un manque de technologie", a expliqué Mborantsuo.

Contrairement à la plupart des pays qui comparaissent devant la CIJ à La Haye, qui tranche les différends entre États, le Gabon et la Guinée équatoriale ont convenu de demander aux juges un verdict dans le but de trouver une solution amiable.

Les deux pays ont demandé à la cour de décider quels textes juridiques sont valides : le Traité de Paris de 1900 ou la Convention de Bata de 1974.

La CIJ ne statuera pas sur la question de savoir quel pays devrait obtenir la souveraineté sur les îles.

"Nous sommes convaincus que le jugement de la cour aidera nos pays à résoudre leurs différends en suspens sur la souveraineté et les frontières, créant une base durable pour que leurs relations prospèrent", a déclaré Esono de Guinée équatoriale.

SOURCE:TRT Afrika and agencies
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