Un escargot dans son assiette.
Si la phrase prise au sens littéral peut renvoyer à une image invraisemblable ou répulsive pour certains, son sens culinaire l'est moins.
En effet, une fois traité par des mains de chefs cuisiniers, dans des techniques dont eux seuls ont le secret, un escargot peut être apprécié comme une explosion de saveur à s'en mordre les doigts pour certains.
Edna Tef Sogbohossou, nutritionniste béninoise, présente l'escargot géant comme un aliment de qualité et comme une alternative sûre dans la quête de solutions contre l'insécurité alimentaire.
Qu'il s'agisse d'escargots sautés aux légumes, d'escargots frits croustillants, de ragoût d’escargots à la sauce tomate pimentée (très prisé au Bénin) ou encore de brochettes d’escargots marinés, Edna est convaincue que cet aliment riche en calcium et en fer est une option qualitative dont il faut augmenter la quantité.
Depuis 3 ans maintenant, la nutritionniste a lancé son propre élevage d'escargots géants.
« La viande d’escargots est une viande blanche très nutritive. Elle est riche en protéines de haute qualité, indispensables à la croissance et à la réparation des tissus. Elle contient peu de matières grasses, ce qui en fait une excellente source de protéines maigres. De plus, elle est riche en magnésium, en phosphore, en zinc et en vitamines A, E et du groupe B (notamment la B12). Sa richesse en acides aminés essentiels et en acide linoléique le rend bénéfique pour le système cardiovasculaire et pour la croissance des enfants », explique Edna Tef Sogbohossou à TRT Afrika.
L'héliciculture est le terme qui désigne l'élevage des escargots. Et au Bénin, Edna décrit l'activité comme étant encore au stade primaire.
À Ouessé, dans le département des Collines, où elle développe son élevage, comme dans le reste du pays, les amateurs perçoivent l'animal comme une source alternative de protéines animales, accessible, durable et adaptée aux petits espaces.
Edna a baptisé son cheptel d'escargots, ''RAPID'ESCARGOT''.
« C’est un élevage qui ne pollue pas, ce qui le rend idéal pour les zones rurales et périurbaines », lance-t-elle.
RAPID'ESCARGOT a choisi de se spécialiser dans l'élevage d'Archachatina marginata, une espèce d'escargots résistante dont la taille et la valeur nutritive sont appréciées dans beaucoup de pays comme le Togo ou la RD Congo.
Dans son cheptel, Edna, qui est doublement impliquée par la question des escargots (nutritionniste et éleveuse), a élaboré une approche d'alimentation des escargots qui, selon elle, pourrait révolutionner le secteur.
Pour des animaux qui se nourrissent habituellement de végétaux avec de rares exceptions de cannibalisme, la nutritionniste béninoise propose une alimentation spécifique selon la tranche d'âge.
“Mon approche consiste en une alimentation avec des provendes formulées à base de ressources locales et de sous-produits agricoles comme le soja, le moringa et les larves de mouche soldat noire, les sons, les tourteaux, etc., selon les stades de développement : naissains (larves de mollusques), juvéniles et adultes.”
“La vulgarisation, à travers des sensibilisations et des formations dans les communautés rurales et des partenariats avec les entités étatiques qui s’occupent de ce secteur, pourrait démontrer l'impact positif que ce régime alimentaire a sur les animaux. En résumé, ma vision est de développer une provende commerciale adaptée à chaque phase de l’escargot, pour faciliter l’élevage à grande échelle au Bénin et en Afrique”, argumente la jeune Béninoise avec engagement.
Le Bénin importe encore chaque année des tonnes de poisson, de viande ou d'abats comestibles afin de donner de l'équilibre et de la saveur aux plats des consommateurs.
Au même titre que l'élevage de poulets de chair, des bovins et des caprins, Edna voit en l'héliciculture un maillon accessible et rentable dans le renforcement de la sécurité alimentaire en faveur de toutes les couches sociales.
Sur la question, la FAO estime que l'héliciculture doit être considérée comme un élément du développement rural et soutient qu'elle constitue un progrès dans le développement et tout comme elle prépare l'avenir.
“Au Bénin, elle peut contribuer à lutter contre l’insécurité alimentaire en fournissant une alimentation riche en nutriments, surtout aux enfants et aux femmes enceintes. Elle offre aussi une opportunité économique pour les jeunes et les femmes en milieu rural, à travers la vente d’escargots et de sous-produits (coquilles, mucus, etc.). C’est une activité éco-responsable, avec un faible impact environnemental”, complète la nutritionniste et entrepreneure.
Dans le monde, des centaines de millions de personnes sont des férus d'escargots.
Certains les apprécient frais (bien nettoyés et bouillis, souvent avec du citron ou du sel pour enlever le mucus), fumés ou séchés, pour une meilleure conservation.
D'autres les préfèrent transformées en farine, pour enrichir des bouillies ou des plats pour enfants.
Pour d'autres amateurs, les escargots sont meilleurs intégré dans des sauces, des soupes ou avec des légumes.
Et pour tous ces goûts, la nutritionniste recommande de bien les cuire afin de garantir la digestibilité et éviter toute contamination.
Ce mollusque appelé ''bempé'' en lingala du Congo, ou encore ''abobo'' en mina du Togo, est également très apprécié dans les pays européens et asiatiques.
Néanmoins, c'est la Côte d’Ivoire qui arrive en tête dans le classement en matière d'héliciculture avec les plus grandes fermes au monde, à raison des millions d'animaux produits et exportés par mois.