La République démocratique du Congo redouble d'efforts pour protéger sa faune et sa flore dans l'est du pays, une région riche en biodiversité mais menacée par le braconnage et l'insécurité.
Malgré les attaques récurrentes des rebelles du M23 et la pression sur les écosystèmes, des initiatives comme la réintroduction des gorilles montrent la volonté des autorités et des partenaires de préserver ce patrimoine naturel unique.
Quatre gorilles femelles de l’est en danger critique d’extinction (également appelés gorilles de Grauer), sauvées du commerce illégal d’animaux sauvages, ont été réintroduites dans la nature au parc national des Virunga.
Un renforcement génétique crucial
Ces gorilles vont apporter un renforcement génétique crucial à une petite population isolée de huit individus vivant sur le mont Tshiaberimu situé dans le parc des Virunga dans la province du Nord-Kivu dans l’est de la RDC.
Il s’agit de la plus grande translocation et du plus important renforcement de population de gorilles de l’est jamais réalisés en Afrique. Grâce à cette opération, la population de gorilles sur le mont Tshiaberimu, passe de huit à douze individus.
Le parc national des Virunga a construit une installation spéciale pour accueillir les gorilles sur le mont Tshiaberimu, une région isolée au nord du parc de 7 800 km², afin de faciliter leur transition vers la vie sauvage.
Ces primates se sont rapidement habitués à cette nouvelle installation — mangeant et dormant normalement — et leur santé est restée stable durant le transfert.
Une croissance significative
La population des gorilles de montagne en République Démocratique du Congo a connu une croissance significative grâce à des efforts de conservation soutenus.
En 2024, on estimait à plus de 1 000 individus le nombre total de gorilles de montagne dans la région des Virunga, répartis entre la RDC, le Rwanda et l'Ouganda.
Le Parc national des Virunga, situé au Nord-Kivu, abrite environ un tiers de cette population mondiale, soit 350 individus.
L’augmentation est attribuée à des stratégies de conservation efficaces, notamment le suivi des groupes familiaux, les patrouilles régulières et les programmes de sensibilisation communautaire où la région fait face à des défis tels que l'instabilité sécuritaire, le braconnage et la perte d'habitat, menaçant la pérennité de ces efforts.
Stratégies de conservation
C’est la première fois que des gorilles ayant vécu au Centre de réhabilitation et d’éducation à la conservation des gorilles (GRACE) à Kasugho, dans l’est de la RDC, sont réintroduits à l’état sauvage.
Emmanuel De Merode, directeur du parc national des Virunga, a déclaré à TRT Afrika que ce projet ambitieux de réintroduction de quatre gorilles de l’est dans la nature vise à éviter l’extinction de la population isolée vivant sur le mont Tshiaberimu.
"Après de nombreuses années de préparation et une collaboration étroite entre le parc des Virunga, les communautés locales et des experts scientifiques, cette étape majeure représente un grand progrès pour renforcer la population de gorilles de l’est. Nous sommes ravis de constater que les gorilles s’adaptent avec succès à leur milieu naturel", ajoute-t-il.
Translocation
Cette translocation et le renforcement de population sont l’aboutissement d’un processus de réintroduction de plus de cinq ans mené par le parc national des Virunga et les communautés locales.
Ces gorilles sont arrivés au sanctuaire GRACE entre 2010 et 2016, où ils ont vécu dans une installation de 16 hectares qui leur permettait de chercher leur nourriture, socialiser, grimper et jouer comme dans leur habitat naturel.
"Nous avons pris soin de ces gorilles depuis qu’ils sont bébés", explique à TRT Afrika Jackson Kabuyaya Mbeke, directeur de GRACE Gorillas en RDC (une organisation qui s’en charge de la réintroduction et la rééducation des gorilles).
Kabuya affirme que leur objectif ultime a toujours été de les aider à surmonter le traumatisme du commerce illégal d’animaux sauvages et des circonstances qui ont suivi, puis de les réintroduire dans la nature.
"Ces gorilles sont extrêmement résilients et ont passé une décennie, voire plus dans certains cas, à apprendre à chercher leur nourriture, construire des nids et prendre les bonnes décisions au sein d’un groupe social", affirme-t-il.
Kabuya affirme que ces quatre femelles pourraient contribuer à la survie de leur espèce à l’état sauvage.