Le musicien Youssouf Sawadogo dit Oskimo est le promoteur de la caravane « Oskimo Tour - Jeunes propres sans drogue » qui se tient depuis 2008.
"Cette initiative est partie de moi-même, étant un ancien usager de la drogue surtout la marihuana. Je l’ai connue en Côte d’Ivoire", explique l’artiste qui a pu sortir du cercle vicieux.
"Elle (ndlr drogue) a fait beaucoup de ravage et moi j’ai eu la chance de me retirer de la drogue", se réjouit ce jour-là Oskimo qui évoquait son expérience à des élèves dans une école.
L’artiste raconte que certains de ses amis ont été fauchés par des accidents de la route et d’autres sont devenus fous. D’autres ont abandonné les études à cause de la drogue.
"Je me suis dit qu’il était de mon devoir de sensibiliser la jeunesse burkinabè et africaine. Je me suis engagé surtout auprès des lycées et collèges du Burkina Faso. Au fil du temps nous avons parcouru les villes et les provinces du pays", confie Sawadogo.
Pour lui, la drogue continue de faire mal à la jeunesse dont au moins, 100 000 sont touchés par la drogue au Burkina.
Edition 2025 en cours de préparation
L’artiste et son équipe préparent activement la 18e édition de ce tour qui aura lieu à partir du 11 avril 2025.
Lors des précédentes éditions, ils ont parcouru toutes les 13 régions du Burkina d’Est à l’Ouest en passant par le Centre, le Nord et le Sud du pays. Mais avec l’insécurité, il devient difficile pour eux d’atteindre certaines localités.
Durant toutes ces années, Oskimo peut dire avec fierté qu’il a pu sortir de la drogue plusieurs centaine de jeunes.
C’est le cas de Aly Ouédraogo, un comédien amateur que la consommation de la drogue a conduit à un séjour carcéral. Aujourd’hui, il est sorti de prison et mieux, de la drogue.
"La consommation de la drogue je dirai que c’est la mauvaise compagnie. J’étais à Ouagadougou où des copains étaient vraiment accros à la drogue. Quand tu fais compagnie avec eux , il faut toucher sinon il faut quitter le groupe. C’est ainsi que moi aussi j’ai mis pieds dedans. La suite, on la connaît. C’est la prison pour moi", déplore-t-il.
Il explique que quand tu consommes la drogue, tu deviens agressif, malfaiteur. A la limite quand tu n’a pas les moyens de toucher, il faut voler tout ce que tu vois à la maison, dehors et bonjour les problèmes, ajoute le jeune comédien qui a déjà fait quelques apparitions dans quelques films dans le pays du cinéma.
Passer par la case ‘prison’
Aly affirme que c’est très malheureux d’être un usager de la drogue parce que, dit-il, tu n’es plus toi-même.
"C’est la solitude, l’oisiveté, tu n’as confiance en personne, tu trouves que tout le monde est ton ennemi", a indiqué Ouédraogo. Mais une fois en prison, le jeune Aly a dû faire une introspection.
"J’ai fait mon mea-culpa pour chercher à comprendre pourquoi j’ai fait autant de mal? J’ai pris la ferme résolution de ne plus toucher à la drogue, à cette substance", a-t-il juré.
Apres son séjour carcéral, Aly Ouédraogo a décidé de s’engager pour la cause. Avec l’équipe d’Oskimo, ils luttent ensemble contre la drogue.
"La consommation fait beaucoup de mal en milieu scolaire surtout même en milieu estudiantin. Moi j’ai eu la chance de m’en sortir, mais il y a des copains qui sont morts par overdose, d’autres sont devenus fous", a déclaré le comédien Ouédraogo.
Lui aussi a été sauvé de justesse. Si lui n’a pas été en prison, il a traîné dans les rues pendant des années. Hyacinthe Ouédraogo à l’état civil dit Wed Hyack est un rappeur burkinabè connu du public. Il a fait les beaux jours du rap burkinabè pour après sombrer dans la drogue. Sans l’aide de Oskimo, il n’en serait jamais sorti !
"Ça n’allait vraiment pas pour moi, je suis tombé dans les travers de la consommation de la drogue plus précisément le cannabis. Pendant des années cela a vraiment joué en ma défaveur au plan psychologique, social… Je n’ai pas pu émerger dans ma carrière", explique avec beaucoup de tristesse le musicien.
Un centre de sevrage
"Grâce à Dieu et au soutien de Oskimo Tour, j’ai pu intégrer un centre. J’ai bénéficié d’un suivi de sevrage. Aujourd’hui j’ai retrouvé mes esprits. Je suis plus épanouie en ce moment", se réjouit Wed Hyack.
D’ailleurs, il a des ambitions et nourrit des projets, pour contribuer à sa manière à sensibiliser la jeunesse contre ce fléau qui est la drogue, qui décime des vies et détruit énormément la jeunesse.
"Cette jeunesse doit prendre du recul par rapport à tout ce que nous servent les médias. Il ne faut pas verser dans la mode. Il faut résister à la tentation", conseille la star du début des années 2000 au Burkina Faso.
Oskimo envisage la mise en place d’un centre de désintoxication, de récupération et de formation professionnelle à l’endroit des jeunes qui sont dans la drogue.
"Il ne s’agit pas seulement de sortir les jeunes de la drogue, il faut leur trouver un emploi pour les occuper", explique le promoteur de la caravane. "Il me faut un centre", insiste-t-il précisant que c’est son plus grand rêve.
"La drogue est un véritable cancer, un poison pour toutes les jeunes du monde. Ce centre va être un centre de référence", a promis Youssouf Sawadogo dit Oskimo lançant un appel aux bonnes volontés qui peuvent l’aider à la mise en place d’un tel centre.
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