Comment l’art peut-il élever les esprits pour un développement effectif de l'Afrique ?
SOCIÉTÉ ET CULTURE
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Comment l’art peut-il élever les esprits pour un développement effectif de l'Afrique ?De nombreux chercheurs, artistes et étudiants africains estiment que le continent a un immense potentiel et que l’art, pilier du développement, doit être soutenu et diffusé sous toutes ses formes pour renforcer la reconnaissance de l’Afrique.
L’artiste Jean Michel Dissake en train de contempler ces œuvres / TRT Afrika
23 mai 2025

Selon un principe cartésien, la pensée précède l'être. Par interprétation, la pensée conditionne même tout être, toute œuvre ou toute action.

La phrase latine '' cogito, ergo sum'' du discours de la méthode de René Descartes est probablement l'une des phrases les plus concises et les plus conciliatrices des courants philosophiques du XVe siècle.

Cette citation est certainement l'un des arguments les plus courants de notre époque pour montrer la prééminence de l'esprit sur la matière.

Ce raisonnement, soutenu par beaucoup, induit, de fait, que toute chose, toute création, toute invention naît de l'esprit. Tout est fruit de l'esprit.

Au Cameroun, l'activiste et critique culturel Jeannot Gabin Ngue approuve fondamentalement ce syllogisme.

Il s'en sert d'ailleurs comme d'une pierre angulaire pour affirmer que l'art est une émanation de la pensée, qu'il peut servir à éclairer, à illuminer, voire à inspirer les Africains.

Jeannot Gabin Ngue est convaincu que l'art peut être considéré comme un levier pour le développement de l'Afrique.

Autrement dit, les œuvres artistiques authentiques de qualité peuvent inspirer des idées, peuvent motiver et peuvent nourrir les esprits des fils et des filles du continent afin qu'eux, à leur tour, imaginent et construisent réellement une Afrique prospère en tout point de vue.

Pour Jeannot Gabin en effet, dès l'instant qu’une œuvre remplit une fonction sociale positive, elle devient digne.

Pour se montrer persuasif, Jeannot Gabin Ngue peut citer à titre d'illustration les Medou-Neter (hiéroglyphes égyptiens) qui représentent selon lui l'ensemble de tous les existants visibles et invisibles. Parmi les contemporains, le travail de Jean Michel Dissake Dissake qui fait de la pictosculpture l'inspire aussi.

Cet art conçu et promu par l'artiste camerounais est une fine alliance de peinture et de sculpture. Les œuvres de Dissake sont devenues une signature et une identité remarquable à travers le monde entier.

Les critiques les présentent comme des œuvres valorisantes de la culture et de l'identité africaine et comme des œuvres qui peuvent, dans certains cas, avoir une dimension archéologique, telle que mentionnée dans un article du journal national du Cameroun dans une de ses parutions.

En plus de la pictosculpture, Jeannot Gabin Ngue pense que la musique urbaine et d'autres formes d'art démontrent et inspirent à la fois le génie créatif des Africains, tous genres et âges confondus.

''L’art est fondamentalement une expression sacrée de la vie humaine, l’Afrique étant constituée des sociétés traditionnelles, c'est-à-dire des sociétés liées au divin, donc au spirituel, (et qui dit spirituel suppose donc cette élévation), cette prise de conscience de ce domaine d’activités qui concerne le Beau, permet à une société en son propre sein de faire triompher des postures rationnelles. Bref, la raison, l’éthique, la morale et l’esthétique dans une société sont portées par l'art. C'est sa manifestation qui permet qu’elle réalise son progrès'', explique le chercheur, consultant et manager culturel Jeannot Gabin Ngue à TRT Afrika.

Avec Sematawy, un cercle de réflexion qui milite pour une réelle autonomie de l'Afrique et pour son développement, J.G Ngue s'évertue à encourager les artistes, souvent incompris et en manque de soutiens.

''L'art étant un grand moyen d'expression, alors c'est un outil très efficace à exploiter pour l'éveil de conscience, la Paix, le bon vivre ensemble pour le développement effectif de l'Afrique.'' estime pour sa part Espoir Fadu, un artiste plasticien du Togo.

Comme Ngue et Fadu, beaucoup définissent l'art comme un moyen de communication entre la nature et des groupes sociaux ou l’humanité entière par le canal des personnes habiles qui saisissent le message et le diffusent à travers des activités dont ils ont acquis l’expertise.

Cette perception de l'art lui confère son importance, dans une sorte de transfert d'idées, d'énergie positive ou dans un transfert d'une forme de motivation.

Qu'il s'agisse des guerriers du Moyen Âge ou encore des grands sportifs de notre époque, tous ont écouté ou écoutent encore de la musique pour se booster en vue d'accomplir une grande réalisation pour eux-mêmes ou pour le groupe social.

De même, afin que l'Afrique réalise sa destinée, une destinée prédite comme grandiose et riche, les acteurs du monde des arts appellent d'une part à la conservation de l'authenticité dans les œuvres africaines et d'autre part à une plus grande inclusion et à une plus grande considération dans la société.

''La Renaissance dans l'Antiquité africaine se faisait à chaque fois par un renouvellement des arts, ailleurs aussi, la Renaissance européenne, turque, japonaise avec l'ère Meiji…Toujours l'art qui montre la voie ! Donc, pour la Renaissance nécessaire actuellement des autochtones d'Afrique, leur art doit être valorisé.'' argumente avec emphase Jeannot Gabin Ngue pour se montrer plus convaincant.

Nzouabet Kweto, activiste critique culturel, dit comprendre l'engagement et le plaidoyer des artistes.

Il pense aussi qu'une plus grande sensibilité aux œuvres d'art suffit pour éveiller les esprits, éveiller les consciences afin de réellement définir son identité et ensuite de réaliser sa mission pour le développement de son cadre de vie, par extension pour accomplir de grandes choses pour l'Afrique ou les défis sont encore nombreux.

''En tant que vecteur du Beau, l’art diffuse des connaissances (Vrai) et des valeurs éthiques (Bon) à travers des formes émotionnelles et esthétiques accessibles, renforçant ainsi la mémoire collective et l’unité sociale. Selon Cheikh Anta Diop, l’art transmet des valeurs intergénérationnelles, combattant l’aliénation culturelle''.

''De plus, en intégrant l’innovation et la créativité, comme le montre l’héritage des pyramides, l’art inspire une réappropriation de l’historicité africaine. En synthèse, en liant esthétique, éthique et savoir, l’art catalyse une conscience collective ancrée dans des principes holistiques, essentiels pour construire des institutions solides, une économie inclusive et une identité culturelle résiliente, piliers du développement.''affirme-t-il.

Au-delà de l'apparence et de l'âge que peuvent avoir certains artistes, les critiques africains à l'instant de Jeannot Gabin Ngue et Nzouabet Kweto encouragent à accorder plus de considération aux œuvres authentiques des diverses cultures africaines.

Pour eux, ces œuvres d'art sont des sortes de courroie de transmission d'énergies, d'idées et de motivation pour un éveil du génie africain qui est vanté et annoncé depuis toujours.

SOURCE:TRT Afrika
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