Tresses africaines : de la tradition à la tendance mondiale
Tresses africaines : de la tradition à la tendance mondiale
Les tresses africaines qui dissimulaient autrefois des voies d'évasion contre l'oppression coloniales traduisent désormais les histoires de la fierté, de l'identité et du patrimoine africains à travers les générations.
19 juillet 2025

Par Dayo Yusuf

Au cours de la fin du XVIe siècle, on pense que les Africains réduits en esclavage utilisaient les tresses collées, ou "cornrows", comme des cartes vers la liberté.

Ce que leurs oppresseurs blancs, propriétaires de plantations, considéraient comme une coiffure primitive est devenu, avec le temps, un moyen de résistance discrète.

De nombreux récits historiques suggèrent que les tresses collées servaient à transmettre des itinéraires d'évasion codés, des informations sur des points de rencontre et des messages de résistance.

Des siècles plus tard, Khadija Musa Sele perpétue cette tradition capillaire au Kenya, mais pour une raison totalement différente.

Chaque dimanche, elle emmène ses trois filles dans un salon de coiffure de leur rue à Nairobi pour leur donner ce qu'elle appelle "un look soigné".

"Les deux plus jeunes font des Milazo (lignes droites ou tresses collées). Ce style est facile à entretenir et prend moins de temps à tresser et à défaire. Mon aînée préfère le style Kilimanjaro, qui est décoré avec une queue pendante," explique Khadija à TRT Africa.

"Personnellement, je préfère juste deux Milazos ou un nœud."

Histoires tressées

En Afrique, les motifs capillaires entrelacés distinguaient les rangs sociaux depuis des siècles avant que les colonisateurs ne cherchent à déshumaniser les Africains en les privant de leur identité culturelle.

La technique de tressage, distincte des nattes traditionnelles, servait à indiquer l'âge, les liens familiaux et le statut marital. Ce style s'est répandu à travers le continent entre le XVIe et le XIXe siècle, chaque région l'adaptant pour refléter son langage culturel.

Les tresses collées restent un symbole d'identité pour les personnes d'origine africaine à travers le monde.

De la diva américaine Beyoncé au chanteur nigérian Burna Boy, de nombreuses célébrités ont élevé ce style au rang de mode grand public, mettant en valeur sa polyvalence tout en préservant ses racines africaines.

Le salon Msusi Safi, situé dans le quartier d'Eastleigh à Nairobi, propose une gamme de tresses collées complexes adaptées à chaque visage.

Le style Kilimanjaro longe les côtés de la tête et repose sur la nuque. Le Milazo descend jusqu'à la fin de la nuque, les tresses étant parfois regroupées comme une queue. Le style Da Brat torsade les cheveux en mèches semblables à des cordes.

L'Afrique de l'Ouest offre son propre lexique capillaire. Le Zane reflète le Milazo swahili, tandis que le Shuku crée différents motifs. Chaque région conserve son vocabulaire unique de tressage.

Menace chimique

Face à l'afflux des peignes chauffants modernes et des défrisants chimiques, des siècles de tradition sont désormais confrontés à une concurrence.

Les cheveux lissés sont une tendance mondiale, et l'Afrique ne fait pas exception. Certains cachent leurs textures naturelles sous des tissages et des perruques, croyant que les cheveux crépus paraissent démodés.

Khadija n'est pas de cet avis.

"Je n'utiliserai jamais de produits chimiques sur les cheveux de mes enfants pour quoi que ce soit. Ils représentent un danger pour la santé et peuvent même provoquer la chute des cheveux," confie-t-elle à TRT Afrika.

Comme les tresses collées qui ont survécu à l'esclavage, au colonialisme et à l'appropriation culturelle, les traditionalistes comme Khadija sont convaincus que les traditions de tressage survivront aux peignes chauffants et aux traitements chimiques.

Les styles qui portaient autrefois des messages cachés contre l'oppression coloniale portent aujourd'hui l'héritage de l'identité africaine.

SOURCE:TRT Afrika
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