AFRIQUE
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La France va restituer le tambour parleur à la Côte d'Ivoire
"Tout ce qui a été pillé et volé doit être restitué comme autant de preuves tangibles que la France sait regarder son passé en face", soutient la députée écologiste Sabrina Sebaihi.
La France va restituer le tambour parleur à la Côte d'Ivoire
Le « tambour parlant » de Côte d'Ivoire, Djidji Ayokwe, a été retiré à la nation africaine en 1916. / TRT Afrika English
9 juillet 2025

Le Parlement français a adopté lundi à l'unanimité une loi autorisant la restitution du tambour parleur Djidji Ayôkwé à la Côte d'Ivoire, saisi par les troupes coloniales françaises il y a plus d'un siècle, et officiellement réclamé par Abidjan il y 6 ans.

Ce vote à l'Assemblée nationale permet de "déclasser" ce bien culturel des collections publiques, en dérogeant au principe d'inaliénabilité qui protège normalement les biens conservés dans les musées nationaux, ouvrant ainsi la voie à sa restitution dans le courant de l'année. Pour Bertrand Sorre (Renaissance), rapporteur du texte, cette décision contribue à "la réparation d'une extorsion".

Vers une loi-cadre sur les restitutions

À cette occasion, de nombreux députés ont appelé à débattre au plus vite d'une loi-cadre, promise par Emmanuel Macron, pour faciliter et accélérer les restitutions d'œuvres pillées durant la colonisation.

"Je sais que l'essentiel des attentes se porte aujourd'hui vers la loi-cadre", a déclaré, à la tribune, la ministre de la Culture, Rachida Dati, affirmant que le gouvernement présentera ce texte "d'ici la fin du mois de juillet", avec un examen en première lecture au Parlement, "dès l'automne".

Mme Dati, qui avait déclaré en mars ne pas souhaiter que ce texte serve de "repentance idéologique", a mis en garde contre "toute instrumentalisation des débats".

“Ce n'est pas une faveur, c'est une réparation”

À la tribune, des députés de gauche ont au contraire insisté sur la nécessité de reconnaître pleinement le passé colonial de la France.

"La restitution que nous votons aujourd'hui n'est pas une faveur, c'est une réparation. Il est temps que l'on enseigne l'histoire coloniale dans toute sa complexité, dans toute sa brutalité et surtout dans sa vérité", a déclaré la présidente de la commission des Affaires culturelles, Fatiha Keloua Hachi (PS).

"La domination ne s'efface pas avec le temps, et elle se perpétue tant qu'elle n'est pas reconnue, réparée", a renchéri l'écologiste Sabrina Sebaihi. "Tout ce qui a été pillé et volé doit être restitué comme autant de preuves tangibles que la France sait regarder son passé en face", a-t-elle ajouté.

Le RN vote “sans repentance"

Le Rassemblement national (RN), par la voix du député Frédéric-Pierre Vos, a indiqué voter en "faveur de cette restitution sans moraline, sans repentance".

De son côté, le député Sébastien Martin (Les Républicains), tout en appelant de ses vœux la restitution du tambour, a rappelé l'attachement de son groupe à ce que la "France demeure un carrefour universel de la culture", avec des musées comme le Quai Branly ou le Louvre, où "le patrimoine mondial est rendu visible au plus grand nombre, où il est protégé et transmis".

SOURCE:TRT Afrika and agencies
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