La huitième épidémie d'Ebola en Ouganda, provoquée par un nouveau variant soudanais, a déclenché une course contre la montre pour obtenir des financements afin de contenir la propagation du virus. Depuis l'alerte officielle du 29 janvier, deux décès liés au virus ont été signalés, suscitant une inquiétude croissante.
Les Nations Unies ont récemment lancé un appel d'urgence pour collecter 11,2 millions de dollars américains afin de soutenir la réponse sanitaire publique de l'Ouganda. Cette initiative intervient dans un contexte où l'administration Trump aux États-Unis a réduit l'aide étrangère, limitant ainsi les ressources disponibles.
Les autorités sanitaires ougandaises reconnaissent l'urgence de lutter contre ce virus agressif, qui a causé des centaines de morts depuis sa première apparition dans ce pays d'Afrique de l'Est en 2000. Dans cette dernière épidémie, des dizaines de personnes ont été infectées, et les équipes médicales utilisent des mécanismes rigoureux de traçage des contacts pour limiter la propagation.
Dans une déclaration, l'ONU a précisé que les fonds collectés devraient couvrir la réponse à l'épidémie entre mars et mai dans sept districts à haut risque.
“L'objectif est de contenir rapidement l'épidémie et de limiter son impact sur la santé publique et la vie socio-économique des populations touchées”, a déclaré Kasonde Mwinga, représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Ouganda.
Cependant, les autorités sanitaires ougandaises admettent qu'il pourrait s'écouler un certain temps avant que la réponse mondiale prévue ne se concrétise. Étant donné l'importance du temps dans la lutte contre toute menace sanitaire, ce qui se passe en Ouganda pourrait bien être au cœur de cette bataille contre un virus qui a ravagé à plusieurs reprises des régions du continent au fil des décennies.
Le 3 février, en coopération avec des chercheurs locaux et l'OMS, l'Ouganda a lancé le tout premier essai clinique d'efficacité d'un vaccin contre le variant soudanais d'Ebola.
L'OMS a salué la “rapidité sans précédent” avec laquelle cet essai a été mené par des chercheurs principaux de l'Université Makerere et de l'Institut ougandais de recherche sur les virus (UVRI), avec le soutien de divers partenaires.
Fondée en 1922 comme école technique, l'Université Makerere est aujourd'hui la plus grande et la plus ancienne institution d'enseignement supérieur en Ouganda, reconnue comme un berceau d'excellence académique et scientifique. Elle supervise de nombreux collèges de sciences de la santé.
Actuellement, il n'existe aucun vaccin homologué par la FDA pour le virus soudanais, ce qui rend cet essai en Ouganda d'autant plus significatif.
“L'efficacité d'un vaccin est mesurée lors d'un essai clinique contrôlé, en comparant le nombre de personnes vaccinées qui tombent malades avec celles ayant reçu un placebo”, explique le Dr Lazarus Kalu, virologue nigérian.
“Une fois l'étude terminée, les chiffres des malades dans chaque groupe sont comparés pour obtenir un pourcentage d'efficacité — une mesure de la réduction du risque de maladie grâce au vaccin. Si un vaccin est très efficace, moins de personnes vaccinées tomberont malades par rapport à celles ayant reçu le placebo”, ajoute-t-il.
Les réductions de financement des donateurs occidentaux suscitent des préoccupations sur le continent, notamment après l'annonce récente de la suppression de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).
Cependant, des scientifiques comme le Professeur Joseph Okeibunor, responsable de la recherche en préparation et réponse aux urgences à l'OMS Afrique, restent optimistes.
Selon lui, ces réductions de financement ont créé une opportunité. “Cela nous pousse à agir rapidement. Ce qui s'est passé en Ouganda montre aux autres pays qu'il est possible de réussir par nous-mêmes”, explique-t-il.
Lors de la récente Conférence internationale sur l'agenda de la santé en Afrique 2025 au Rwanda, le Dr Chikwe Ihekweazu, directeur régional par intérim de l'OMS pour l'Afrique, a appelé à des systèmes de santé plus solides et autonomes sur le continent.
“Nous devons identifier les lacunes de financement et collaborer étroitement avec les gouvernements africains pour trouver des solutions durables. L'accent doit être mis sur des stratégies internes tout en restant ouverts à des collaborations stratégiques”, a-t-il indiqué.
Le ministre rwandais de la Santé, le Dr Sabin Nsanzimana, estime que le moment est venu pour le continent de privilégier des “solutions locales” et de “renforcer les innovations”.
Okeibunor avertit toutefois que, pour que ces solutions fonctionnent, les dirigeants africains de la santé doivent d'abord accélérer l'approbation réglementaire des vaccins et garantir leur déploiement rapide, notamment en cas d'urgence.
“Les défis liés à l'éthique et à l'approbation réglementaire doivent être résolus rapidement. Nous constatons souvent des retards, avec des examens qui s'étendent sur des mois, voire des années. Nous devons toujours être prêts et anticiper les épidémies”, ajoute-t-il.
Les agences de santé saluent unanimement les efforts des autorités ougandaises, qui travaillent contre la montre pour se préparer à toute éventualité. Le virologue Lazarus Kalu estime que cela pourrait servir de modèle pour d'autres nations africaines.
“Nous devons intégrer les processus de gestion des vaccins dans les plans nationaux de préparation et augmenter la production locale de ces vaccins pour garantir des prix abordables et un approvisionnement suffisant pour les populations à risque”, affirme-t-il.
Avec la récurrence saisonnière de nombreuses épidémies comme le choléra, la fièvre de Lassa ou la variole du singe, Okeibunor recommande de “constituer des stocks de vaccins pour un déploiement d'urgence”.
En Ouganda, les chercheurs attendent avec impatience les résultats des essais. Si ceux-ci sont concluants, l'OMS estime que cette initiative pourrait considérablement améliorer les mesures de contrôle des épidémies et faciliter l'approbation réglementaire future d'un vaccin candidat à travers l'Afrique.