Par Shuaib Mahomed
Chaque année, le 12 août, le monde célèbre la Journée internationale de la jeunesse — une occasion de mettre en lumière l'énergie, la créativité et les aspirations des jeunes partout dans le monde. Pour l'Afrique, cette journée revêt une signification encore plus profonde.
Avec plus de 60 % de sa population âgée de moins de 25 ans, l'Afrique abrite la plus grande proportion de jeunes au monde. Cette « vague de jeunesse » n'est pas une promesse lointaine ; elle est déjà là, et la manière dont l'Afrique investira en elle déterminera si l'avenir apportera une prospérité partagée ou des opportunités manquées.
La Génération Z — ceux nés approximativement entre le milieu des années 1990 et le début des années 2010 — est différente de toutes celles qui l'ont précédée. Elle est la première génération à avoir grandi totalement immergée dans la technologie numérique. Elle maîtrise les smartphones, les réseaux sociaux et les plateformes d'apprentissage en ligne avec aisance, ce qui lui donne des outils pour se connecter, créer et rivaliser sur la scène mondiale.
Cependant, cette génération fait face à des réalités difficiles : une création d'emplois lente, des inégalités généralisées et des systèmes économiques qui ne leur font pas toujours de place.
La Banque africaine de développement estime que chaque année, entre 10 et 12 millions de jeunes entrent sur le marché du travail, mais seulement environ 3 millions d'emplois formels sont créés. Ce déséquilibre entre l'offre et la demande n'est pas qu'une statistique ; c'est un défi déterminant pour le continent.
S'il n'est pas abordé, il risque d'alimenter le désenchantement et l'instabilité. S'il est affronté de front, il pourrait débloquer l'une des plus grandes opportunités de croissance économique de l'histoire moderne.
Déjà, la Génération Z montre des signes d'autodétermination. À travers le continent, ils développent des innovations fintech au Nigeria, lancent des marques de mode éthique au Kenya et pilotent des solutions agritech au Ghana.
Pour beaucoup, les réseaux sociaux ne sont pas seulement un lieu de divertissement, mais aussi une vitrine, un outil de marketing et une plateforme pour construire des réseaux. L'essor de la culture du « side-hustle » reflète à la fois la nécessité et l'ingéniosité.
Mais le talent seul ne peut transformer les économies. Pour que l'Afrique exploite pleinement son avantage démographique, trois domaines nécessitent une attention urgente.
1. Équiper les jeunes de compétences adaptées au marché
Bien que davantage d'Africains obtiennent leur diplôme qu'auparavant, l'éducation ne répond souvent pas aux besoins des industries modernes. La formation technique, la résolution de problèmes et la maîtrise numérique sont essentielles mais restent inégalement accessibles.
Les gouvernements et le secteur privé doivent collaborer pour intégrer le codage, le design thinking et l'entrepreneuriat dans les systèmes éducatifs nationaux. Les quelques académies de codage et hubs d'innovation à travers le continent sont des débuts prometteurs, mais ils doivent s'étendre bien au-delà des centres urbains.
2. Débloquer l'accès au capital
Pour de nombreux jeunes entrepreneurs, les exigences bancaires traditionnelles comme les garanties, l'historique de crédit et les garanties formelles sont des obstacles insurmontables. Des modèles de financement alternatifs, tels que les microcrédits mobiles, le capital-risque ciblé sur les jeunes et les plateformes de financement participatif, peuvent combler cet écart.
La révolution fintech a montré que l'inclusion est possible ; cependant, la prochaine étape consiste à orienter l'innovation financière vers des projets générant des emplois durables.
3. Construire des écosystèmes de soutien
Encourager l'entrepreneuriat ne signifie pas grand-chose sans infrastructures fiables et environnements politiques favorables. Les coupures d'électricité fréquentes, les coûts élevés d'Internet et les processus d'enregistrement d'entreprises longs freinent les progrès. Les gouvernements doivent considérer les jeunes comme des partenaires actifs dans la prise de décision économique.
Cela pourrait signifier une représentation des jeunes dans les forums politiques, des politiques d'approvisionnement favorisant les entreprises dirigées par des jeunes, et des investissements ciblés dans des secteurs où l'Afrique peut être compétitive à l'échelle mondiale.
La Journée internationale de la jeunesse offre un moment symbolique pour amplifier ces priorités. Partout dans le monde, le message est clair : lorsque les jeunes ont des opportunités, les sociétés en bénéficient.
En Afrique, cependant, il ne s'agit pas seulement d'opportunités ; il s'agit de survie dans une économie mondiale de plus en plus compétitive. L'opportunité sans action mène à un potentiel gaspillé, tandis que l'action sans opportunité engendre de la frustration.
Certains critiques notent que « l'autonomisation des jeunes » n'est pas nouvelle et a souvent échoué. Ce qui rend aujourd'hui différent, c'est la réalité mondiale et interconnectée dans laquelle opère la Génération Z.
Ils peuvent apprendre une nouvelle compétence sur YouTube, vendre des produits à l'international depuis leur salon ou collaborer avec des partenaires à travers les continents via un appel vidéo. Si les économies africaines alignent leurs politiques et investissements sur cette réalité, la croissance suivra.
Sinon, le continent risque de perdre ses talents de manière moins visible, non seulement par la migration physique, mais aussi par une « fuite des cerveaux numériques », où les jeunes qualifiés travaillent à distance pour des employeurs étrangers, contribuant peu aux économies locales, notamment en termes de transferts de fonds.
La Journée internationale de la jeunesse devrait donc être plus qu'une célébration. Elle devrait être un point de ralliement pour que les gouvernements réforment, que les entreprises ouvrent leurs portes et que les communautés fassent confiance aux jeunes pour diriger aujourd'hui, et non un jour dans le futur.
En 2025, les jeunes Africains ne demandent pas seulement le droit d'apprendre, ils demandent le droit de gagner, d'innover et de façonner leurs sociétés. Ce n'est pas de la charité - c'est une économie intelligente.
La prochaine phase du développement de l'Afrique sera écrite par la Génération Z, que les décideurs politiques s'y préparent ou non. Le choix est clair : investir maintenant et récolter les bénéfices d'une économie dynamique et résiliente, ou gaspiller cet avantage générationnel et faire face au coût du potentiel perdu.
L'histoire montre que lorsque les jeunes reçoivent les outils, la confiance et l'opportunité de diriger, ils peuvent transformer des nations. En cette Journée internationale de la jeunesse, la question pressante est de savoir si l'Afrique et le monde leur donneront cette chance.
L'auteur, Shuaib Mahomed, est un économiste sud-africain dont les recherches portent sur les retombées des marchés financiers, la volatilité et les risques géopolitiques.
Avertissement : Les opinions exprimées par l'auteur ne reflètent pas nécessairement les opinions, points de vue et politiques éditoriales de TRT Afrika.