Guerre au Soudan : Pourquoi l'accueil des RSF par le Kenya inquiète la région ?
POLITIQUE
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Guerre au Soudan : Pourquoi l'accueil des RSF par le Kenya inquiète la région ?L'alliance du Kenya avec les forces paramilitaires et leurs alliés suscite des inquiétudes, certains craignant que cela ne fragmente davantage le Soudan.
Le chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah Al-Burhan, accuse le président kenyan William Ruto de prendre parti dans le conflit. Photo / TRT Afrika / TRT Afrika English
11 mars 2025

Un portrait du président kényan William Ruto était suspendu au-dessus des hauts dirigeants des Forces de soutien rapide (RSF) du Soudan et de leurs alliés, qui se sont réunis le 23 février dans la capitale kényane, Nairobi.

Un projet de charte visant à établir un gouvernement soudanais parallèle n'a finalement pas été signé, mais les dirigeants se sont retrouvés quelques jours plus tard à huis clos pour la cérémonie de signature, où ils ont annoncé la création d'un gouvernement de "paix et d'unité".

Cela a déclenché une vague d’indignation et une crise diplomatique entre le Soudan et le Kenya, le chef du Conseil souverain du Soudan, le général Abdel Fattah Al-Burhan, mettant en garde contre toute tentative d’établissement d’un gouvernement parallèle.

Le soutien apparent du Kenya aux forces paramilitaires et à leurs alliés met à mal son rôle de médiateur régional de longue date. Des experts estiment que l'initiative du Kenya est "risquée", car elle semble légitimer les RSF à Nairobi.

"Le Kenya doit être conscient des possibles répercussions de tels actes. Cela pourrait entraîner son isolement", déclare Ngovi Kitau, ancien diplomate kényan, à TRT Afrika.

Le ministère soudanais des Affaires étrangères à Khartoum a condamné le Kenya pour avoir accueilli les RSF et leurs alliés et a rappelé son ambassadeur à Nairobi pour des "consultations" face à cette "initiative hostile contre le Soudan".

L’armée soudanaise, dirigée par le général Al-Burhan, a déjà annoncé son intention de former un nouveau gouvernement pour gérer les affaires du pays et a exhorté Nairobi à abandonner cette "voie dangereuse" qui menace la paix régionale.

Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a exprimé sa "profonde inquiétude" face à la charte du RSF et son intention de former un gouvernement parallèle.

"Cette escalade du conflit au Soudan accentue la fragmentation du pays et risque d’enraciner davantage la crise", a déclaré Guterres.

Le Kenya insiste sur le fait que les réunions du RSF à Nairobi visaient à offrir des plateformes pour mettre fin à la guerre. Il met en avant son rôle historique de médiateur "sans arrière-pensées" pour justifier son initiative.

"La présentation par le RSF et les groupes civils soudanais d’une feuille de route et d’une proposition de leadership à Nairobi est conforme au rôle du Kenya dans la négociation de la paix", a déclaré le ministre kényan des Affaires étrangères, Musalia Mudavadi.

Il a souligné les efforts de médiation antérieurs du pays, notamment l’organisation de pourparlers qui ont mis fin à la guerre civile précédente au Soudan, menant à l’indépendance du Soudan du Sud.

"Lorsque le Kenya offre cet espace, ce n'est pas avec des arrière-pensées. C'est parce que nous croyons qu'il n'y a pas de solution militaire aux différends politiques", a-t-il ajouté.

Cependant, l’alliance du Kenya avec les forces paramilitaires et leurs alliés suscite des inquiétudes parmi les dirigeants locaux et les groupes de défense, qui craignent que cela ne fragmente davantage le Soudan.

L'armée soudanaise a depuis pris l'avantage sur le champ de bataille, réalisant des avancées significatives au nord et à l'est, et est sur le point de reprendre la totalité de la capitale, Khartoum.

Le RSF et ses alliés ne contrôlent plus que quelques territoires.

Certains experts estiment que la position du Kenya pourrait encore miner la confiance de l'armée soudanaise dans son rôle au sein du bloc régional IGAD.

"Le Kenya fait partie de l’initiative de paix de l’IGAD, aux côtés de l’Éthiopie et de l’Ouganda. Ce processus a ralenti, car les forces armées soudanaises (SAF) accusent le Kenya de soutenir le RSF.

Le fait d’accueillir le RSF au Kenya donne du crédit aux accusations des SAF", a déclaré l’ambassadeur Kitau. 

"Actuellement, les dirigeants africains, à travers l’UA, s’efforcent d’intégrer le continent. Le Kenya prend la direction opposée", a-t-il ajouté.

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SOURCE:TRT Afrika
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