Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) commencont mardi à présenter des preuves pour étayer les accusations portées contre le chef rebelle ougandais en fuite, Joseph Kony, lors de la toute première audience par contumace de la cour mondiale.
Kony, fondateur et dirigeant de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
L'audience dite de confirmation des charges intervient deux décennies après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre Kony pour son rôle présumé à la tête de ce groupe rebelle brutal, tristement célèbre pour ses atrocités, notamment l'enlèvement d'enfants et la mutilation de captifs.
L'audience de la CPI n'est pas un procès, mais permet aux procureurs de présenter leur dossier devant la cour. Kony sera représenté en son absence par un avocat de la défense.
Après avoir examiné les preuves, les juges peuvent décider de confirmer ou non les charges contre Kony, mais il ne pourra être jugé que s'il est placé sous la garde de la CPI.
Cas test
Kony fait face à 39 chefs d'accusation, notamment pour meurtre, esclavage sexuel, viol et enrôlement d'enfants soldats, des crimes qui auraient été commis en 2003 et 2004 dans le nord de l'Ouganda.
Cette audience est perçue comme un cas test pour la cour, qui pourrait avancer dans d'autres affaires où la probabilité d'arrêter un suspect est jugée faible, comme dans le cas du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Kony a été propulsé sur le devant de la scène mondiale en 2012 lorsqu'une vidéo sur ses crimes est devenue virale. Malgré l'attention et les efforts internationaux pour le capturer, il reste en fuite.
La LRA a commencé ses attaques en Ouganda dans les années 1980, lorsque Kony cherchait à renverser le gouvernement.
Après avoir été chassée de l'Ouganda, la milice a terrorisé des villages en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Soudan du Sud.
Elle était tristement célèbre pour l'utilisation d'enfants soldats, la mutilation de civils et l'esclavage des femmes.
Les survivants saluent les charges
Les procédures de la CPI contre Kony seront suivies de près en Ouganda, où les survivants saluent les accusations, même s'ils regrettent l'échec de sa capture.
« Il a fait beaucoup de mauvaises choses », a déclaré Odong Kajumba, qui a échappé à la LRA après avoir été capturé et forcé de transporter un sac de sucre jusqu'à la frontière ougandaise avec le Soudan en 1996. S'ils peuvent arrêter Kony, a-t-il ajouté, « je serai très heureux ».
Tout le monde n'est pas satisfait de l'avancée des procédures.
« Pourquoi voulez-vous juger un homme que vous ne pouvez pas attraper ? Ils devraient d'abord l'arrêter », a déclaré Odonga Otto, un ancien député du nord de l'Ouganda. « C'est une moquerie. »
Juger Kony alors qu'il est en détention rend les procédures judiciaires « plus réelles » pour les victimes et les survivants de ses crimes présumés, a-t-il ajouté.