Nigeria : Le Sénat ébranlé par des accusations de harcèlement sexuel
Nigeria : Le Sénat ébranlé par des accusations de harcèlement sexuel
Une sénatrice, qui accuse le président du Sénat de harcèlement, est suspendue "pour d'autres raisons" selon l'institution. Elle dénonce une intimidation et porte l'affaire au niveau international.
16 mars 2025

La controverse sur les allégations de harcèlement sexuel portées par la sénatrice nigériane Natasha Akpoti-Uduaghan à l'encontre du président du Sénat Godswill Akpabio a pris une autre tournure. Akpoti-Uduaghan a saisi l'Union interparlementaire (UIP) à New York.

Au cœur du conflit, Akpoti-Uduaghan accuse Akpabio de l'avoir harcelée sexuellement lors d'une visite avec son mari à la résidence du président du Sénat en décembre 2023.

Akpabio a fermement démenti ces allégations, affirmant qu'il a toujours “défendu le respect des femmes”. Il a également qualifié ces allégations de “traumatisantes” pour lui et pour le Sénat, alors que des appels à la démission ont été lancés.

Cependant, la décision du Sénat de suspendre Akpoti-Uduaghan pour six mois, sans enquête sur ses allégations, a suscité l'indignation de l'opinion publique.

Différend sur les sièges

La sénatrice Akpoti-Uduaghan a porté des accusations de harcèlement sexuel contre le président du Sénat nigérian lors d'une interview télévisée en direct, à la suite d'un différend sur la disposition des sièges dans la salle du Sénat.

Elle a ensuite réitéré ces accusations au cours d'une séance du Sénat, et a déposé une plainte officielle. Mais le Sénat a annoncé quelques jours après qu'elle est suspendue parce qu'elle avait violé un règlement interne portant sur la disposition des sièges au sein de l’institution.

Mais la sénatrice a officiellement porté l’affaire devant l'Union interparlementaire (UIP). Lors d’une session de cette organisation mondiale qui regroupe des parlements nationaux, elle a demandé que justice soit faite et a réclamé une intervention des institutions démocratiques mondiales.

“J'ai été suspendue illégalement parce que j'ai déposé une plainte pour harcèlement sexuel contre le président du Sénat nigérian, le sénateur Godswill Akpabio. Je pensais qu'il se récuserait et que nous nous soumettrions tous les deux à la commission de l'éthique, des privilèges et des pétitions publiques en vue d'une enquête équitable et transparente. Malheureusement, on m'a réduite au silence et j'ai été suspendue”, a-t-elle déclaré à l'assemblée de l'UIP.

Le Sénat insiste sur le fait que la suspension de la sénatrice n'est pas due à ses accusations de harcèlement sexuel, mais à son refus de se conformer à une nouvelle disposition des sièges dans l'hémicycle.

La suspension pourrait être levée

“La sénatrice Natasha Akpoti-Uduaghan a été suspendue par le Sénat pour des raisons de violation flagrante des règles du Sénat. L'une des règles du Sénat, la règle 6, concerne le pouvoir discrétionnaire et l'autorité du président du Sénat en matière d'attribution des sièges”, a confié à TRT Afrika Michael Opeyemi Bamidele, chef de la majorité sénatoriale.

Bamidele a ajouté que le Sénat nigérian ne pouvait pas enquêter sur l'allégation de harcèlement sexuel dans la mesure où une plainte a été déposée au tribunal à ce sujet.

“Si le Sénat est saisi d'une affaire, il y a séparation des pouvoirs. Si une affaire est devant le pouvoir judiciaire, le pouvoir législatif ne peut pas s'en emparer. Alors, sur quoi allons-nous enquêter ?” a-t-il demandé.

Le chef de la majorité sénatoriale a fait allusion à la possibilité de lever la suspension.

“Il y a deux options. La première est celle de la suspension, qui doit être purgée pendant six mois. L'autre option est celle de la réconciliation. Si elle estime qu'elle a fait quelque chose de mal et qu'elle veut s'excuser auprès de l'institution, il y a toujours cette option”, a-t-il déclaré.

Que fera l'Union interparlementaire ?

Pour sa part, Akpoti-Uduaghan insiste sur le fait qu'elle a été prise pour cible afin de la “réduire au silence” en tant que sénatrice. Elle a porté également plainte devant un tribunal nigérian contre le président du Sénat, Akpabio, au sujet de sa suspension.

Entre-temps, l'Union interparlementaire, où elle a saisie le 11 mars, a déclaré qu'elle enquêtera sur l'affaire et entendra aussi la version du président du Sénat Akpabio.

“En tant qu'institution, nous allons prendre en compte les préoccupations qui ont été soulevées, non seulement en prenant son point de vue, mais aussi en écoutant l'autre point de vue. Ensuite nous prendrons les mesures nécessaires”, a précisé Tulia Ackson, présidente de l'UIP.

Un porte-parole de Akpabio a annoncé aux médias locaux que l'UIP n'a pas le pouvoir de convoquer le président du Sénat nigérian à ce sujet.

L’institution a également envoyé une lettre à l'UIP, par l'intermédiaire du chef de la majorité sénatoriale, Bamidele Opeyemi, en réponse aux accusations de la sénatrice.

“La sénatrice Natasha-Akpoti-Uduaghan a été suspendue pour inconduite grave et comportement indiscipliné, et non en raison d'allégations de harcèlement ou d'agression sexuelle... Il convient d'affirmer sans équivoque que Uduaghan a été suspendue uniquement en raison de son inconduite persistante et de son mépris pour le règlement intérieur du Sénat”, peut-on lire dans la lettre.

SOURCE:TRT Afrika
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