Les personnes engagées dans des actions humanitaires à travers le monde sont tuées en nombre sans précédent, tandis que les financements s'effondrent, laissant des millions de civils en danger, ont déclaré les Nations Unies et les agences humanitaires à l'occasion de la Journée mondiale de l'aide humanitaire.
Le Soudan est devenu l'un des endroits les plus meurtriers pour les travailleurs humanitaires, avec plus de 120 d'entre eux tués depuis le début de la guerre civile en avril 2023, selon l'ONU.
« Leurs morts sont une tache sur notre conscience collective et un rappel brutal des dangers croissants auxquels sont confrontés ceux qui apportent une aide vitale », a affirmé Luca Renda, coordinateur humanitaire de l'ONU au Soudan, dans un communiqué mardi.
Selon la base de données sur la sécurité des travailleurs humanitaires, la violence contre ces derniers a augmenté dans 21 pays en 2024 par rapport à l'année précédente, les forces gouvernementales et leurs affiliés étant les principaux auteurs.
En Afrique, le plus grand nombre d'attaques majeures a été enregistré au Soudan avec 64 incidents, suivi du Soudan du Sud avec 47, du Nigeria avec 31 et de la République démocratique du Congo avec 27, selon la base de données.
En ce qui concerne les meurtres, le Soudan, où la guerre civile fait toujours rage, se classe deuxième après Gaza et la Cisjordanie, avec 60 travailleurs humanitaires tués en 2024.
Un nombre record de 383 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde en 2024, selon les Nations Unies, les acteurs étatiques étant les principaux responsables de ces meurtres. Ce chiffre représente une augmentation d'un tiers par rapport à l'année précédente.
« Je peux affirmer sans risque que nous n'avons jamais vu une tendance aussi inquiétante que celle que nous observons actuellement. Nous voyons tout le système humanitaire proche de l'effondrement s'il n'y a pas de consensus sur sa protection et son soutien », a expliqué Raquel Ayora, directrice générale de MSF Espagne, à TRT Afrika, citant le meurtre de membres du personnel de MSF pendant la guerre civile en Éthiopie en 2021 et les atrocités d'Israël à Gaza.
« Nous constatons une tendance très préoccupante des États et de leurs représentants à promouvoir des récits discréditant les organisations qui font de leur mieux pour fournir des services vitaux aux civils dans les zones de conflit, les accusant d'être parties prenantes au conflit », a-t-elle déploré.
La Journée mondiale de l'aide humanitaire est célébrée chaque année le 19 août pour commémorer les membres du personnel humanitaire tués ou blessés dans l'exercice de leurs fonctions et pour honorer ceux qui continuent à fournir une aide vitale malgré les risques.
« Cette journée a été instituée pour sensibiliser au travail accompli par les humanitaires à travers le monde. Les humanitaires doivent s'engager à respecter les principes d'humanité, d'impartialité et d'indépendance. Ces principes guident leur travail où qu'ils opèrent », a déclaré Aliyu Dawobe, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge au Nigeria, à TRT Afrika.
L'organisation est en première ligne pour fournir une assistance aux civils touchés par une récente vague d'attaques terroristes dans le nord-est du Nigeria, où plus de 3,7 millions de personnes souffrent de la faim et plus de huit millions ont été déplacées.
Il a souligné qu'il existe un manque flagrant de respect pour les règles de la guerre qui protègent à la fois les civils et les travailleurs humanitaires en situation de conflit. En 2018, deux de ses collègues ont été enlevés et finalement tués par un groupe terroriste.
« Tant que les acteurs armés ne comprendront pas bien les lois humanitaires, cela continuera à se produire », a dit Dawobe à TRT Afrika.
La plupart des travailleurs humanitaires tués dans le monde étaient des employés nationaux servant leurs communautés, attaqués alors qu'ils étaient en service ou chez eux, selon l'ONU.
Elle a également indiqué que les efforts humanitaires dans le monde ont connu des déficits de financement historiques, avec 40 % de financement en moins par rapport à la même période l'année dernière.
« Malheureusement, la diminution des financements a conduit de nombreux acteurs humanitaires internationaux à quitter le nord-est du Nigeria, nous laissant sans autre choix que d'absorber la pression des populations affectées », a observé Dawobe.