Historiquement, le parti socialiste français s’est toujours aligné sur la position du parti travailliste israélien. Si François Mitterrand s’est prononcé pour un Etat de Palestine et un Etat d’Israël, quarante ans plus tard, la ligne du PS est pour le moins flou sur la question palestinienne et reste malgré tous les événements récents pro-israélienne à bien des égards.
Ainsi, le 10 octobre 2023, les députés socialistes applaudissent le discours de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet promettant “le soutien inconditionnel” à Israël. En février 2024, il est question de rendre hommage aux Français tués par Israël à Gaza. Les cadres du PS multiplient les interviews pour dire qu’il serait indécent de laisser penser qu’Israël tuant des Français serait aussi grave que le Hamas tuant des Français.
François Hollande avait même affirmé : “Ça ne peut pas être le même hommage. Une vie est une vie et une vie est équivalente à une autre. Mais il y a les victimes du terrorisme et les victimes de guerre.”

En avril 2024, des élus socialistes publient même une tribune pour appeler les socialistes à “rester fidèles à leur histoire” en soutenant Israël et en refusant l’embargo sur les armes. Il reprennent la rhétorique israélienne, il faut défendre “la seule démocratie de la région”. A ce moment-là, 35 000 Palestiniens ont été tués. Ils écrivent malgré cela : “Comme nous soutenons l’Ukraine, soutenons Israël”, “comment Israël pourrait-il se défendre sans armes ?”.
Faut-il rappeler aussi les écrits et les paroles de Raphaël Glucksmann, tête de liste PS aux dernières élections européennes qui refuse de dénoncer les crimes de guerre d’Israël.
Pire encore, en mai 2025, alors que le nombre de victimes à Gaza dépasse les 50 000 morts et que la population meurt de faim, est lancé l’idée d’un cercle socialiste des amis d’Israël. Le texte est publié sur la page du parti socialiste et il affirme que “soutenir Israël nous semblait une évidence pour tout socialiste”.
Le parti socialiste historiquement pro-israélien
Pascal Cherki, du parti socialiste revient dans le podcast “Comprend le monde” de Pascal Boniface de l’IRIS sur le sujet de la question palestinienne. Le parti socialiste français s’est toujours aligné sur la position du parti travailliste israélien, lors de la création d’Israël, explique-t-il. L’élu au conseil de Paris rappelle que le PS a soutenu les accords d’Oslo mais après l’assassinat de Yitzhak Rabin, Premier ministre d'Israël, le 4 novembre 1995, le PS “était tétanisé.” La gauche israélienne s’effondre, “on ne sait plus avec qui discuter”.
Face à la colonisation déjà lancée par Israël, et la déconstruction des accords d’Oslo, le PS inscrit malgré tout la reconnaissance de l’Etat palestinien dans ses objectifs. Elle est inscrite dans le programme de François Hollande en 2012, mais une fois élu, François Hollande n’en fait rien.
En 2014, 289 députés socialistes et communistes votent une résolution pour une reconnaissance immédiate d’un Etat palestinien, là encore, François Hollandereste sourd à cette démarche.

Le PS français a-t-il un ADN pro-israélien ?
Pourquoi cet attentisme ? Pourquoi ce silence de plus en plus gêné sur le sort des Gazaouis depuis 20 mois ? L’explication est simple, le parti socialiste reste majoritairement pro-israélien tout simplement.
“La lutte contre l’anti-sémitisme est au cœur de la réflexion politique socialiste en France,” explique Pascal Cherki. Cela prendrait ses racines dans l’affaire Dreyfus, ce capitaine injustement accusé et condamné pour espionnage, surtout parce qu’il était juif. “La lutte contre l’antisémitisme devient alors liée à la défense de la République dans l’esprit des socialistes”, ajoute-t-il.
Aujourd’hui, le parti socialiste reste divisé sur la question palestinienne, malgré le génocide en cours.
Ainsi les deux candidats à la direction du PS ont des positions opposées sur la question palestinienne. Olivier Faure dénonce aujourd’hui le “génocide” et l’épuration ethnique à Gaza même s’il a souvent attaqué La France insoumise sur sa position pro-israélienne, l’accusant de parler des crimes de guerre d’Israël plutôt que de dénoncer le terrorisme et qu’il lui a fallu 20 mois de carnage pour utiliser ce mot.
Son opposant, le maire de Rouen, Nicolas Meyer-Rossignol représente lui une ligne pro-israël que nous pourrions qualifier de traditionnelle. L’actuel premier secrétaire délégué du PS se déclarait sur Radio J “gêné” du fait que Biden aurait mis “sur le même plan le Hamas et Israël” en mai 2024.
Dans son camp, on compte également des élus socialistes qui ne soutiennent pas la lutte palestinienne. La présidente de la région Occitanie, Carole Delga a, par exemple, appelé en 2023 à interdire les manifestations pro-palestiniennes en France.