Samedi 12 avril, à Strasbourg, une manifestation pro-palestinienne rassemble plusieurs centaines de personnes. Alors que le cortège passe rue des Grandes-Arcades, une altercation éclate entre une manifestante et un homme assis en terrasse avec son fils.
Selon les informations recueillies par Rue89 Strasbourg, ce dernier, de nationalité israélienne, aurait adressé des insultes et des gestes déplacés vers les manifestants, réagissant aux slogans anti-israéliens.
Rapidement, des tensions apparaissent, mais l’intervention d’un service d’ordre, puis des policiers à vélo, permet d’éviter toute escalade.
L’homme se réfugie quelques instants dans une boulangerie située à proximité, avant d’en ressortir sous escorte policière, sous les cris de quelques manifestants.
En sanctionnant les actions génocidaires d'Israël à Gaza, l'Occident a favorisé la violence contre les musulmans dans le monde entier.
Une rumeur déformée
Dès le lendemain, la ministre Aurore Bergé s’empare de l’affaire sur X, affirmant qu’une "boulangerie israélienne" a été prise pour cible par des manifestants. Dans la foulée, elle dénonce un acte antisémite, appelant à la mobilisation contre “l’antisionisme qui est devenu le nouveau visage de l’antisémitisme”.
Or, aucun élément ne corrobore cette version. La boulangerie visée n’est ni israélienne, ni juive, mais une simple franchise allemande, installée depuis 1987 à Kehl. L'origine de l’altercation est isolée et ne visait pas l’établissement commercial.
L’origine de cette fausse rumeur remonte à un compte anonyme sur X, issu des sphères de l’extrême droite.
Dimanche, dès 18h25, il publie une vidéo assortie d’un commentaire affirmant que des musulmans attaquent une boulangerie juive. La séquence devient virale en quelques heures.
D’autres figures politiques amplifient la désinformation : Delphine Pineda (PS), Pernelle Richardot (PS Strasbourg), Jean Messiha (Reconquête), Virginie Joron (RN) ou encore des relais en Israël.
Certains publieront des rectificatifs plus tard, mais sans supprimer leurs messages initiaux, qui continuent d’être partagés massivement.
Bien qu’un correctif soit publié dès le 13 avril au soir par le compte Wolf, la vidéo originale cumule déjà plus de 1,2 million de vues.
Les autorités locales, dont Nadia Zourgui, adjointe à la sécurité à la mairie de Strasbourg, confirment que la boulangerie n’a jamais été visée et que l’incident concernait un échange isolé entre particuliers.
