"Depuis 20 mois, les autorités israéliennes refusent aux journalistes hors de Gaza l'accès indépendant au territoire palestinien, une situation sans précédent dans l'histoire contemporaine des conflits armés", ont indiqué les signataires de cette lettre coordonnée par Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) basé à New York.
"Les journalistes locaux, les mieux placés pour rendre compte de la réalité, sont confrontés à l'exil et à la famine. À ce jour, près de 200 journalistes ont été tués par l'armée israélienne. Beaucoup d'autres ont été blessés et voient leur vie constamment menacée parce qu'ils font leur travail : témoigner", poursuit cette lettre signée par notamment par le directeur de l'information de l'Agence France-Presse, Phil Chetwynd, la directrice de l'agence américaine Associated Press, Julie Pace, et le rédacteur du journal israélien Haaretz, Aluf Benn.
Blocus total
Après plus de deux mois et demi de blocage, Israël autorise à nouveau depuis le 19 mai l'entrée à Gaza d'une quantité très limitée de camions de l'ONU. Cette dernière parle d'une "goutte d'eau" dans l'océan des besoins des quelque 2,4 millions d'habitants qui sont menacés de famine.
Israël a aussi fermé les portes de Gaza aux correspondants étrangers, en permettant toutefois à certains de suivre ses soldats pendant de brèves périodes. Les grands médias étrangers comptent sur des équipes de journalistes palestiniens de Gaza, épuisés par 20 mois de bombardement, tandis que d'autres ont réussi à quitter le territoire et suivent la situation à distance grâce à des contacts sur place.
Nombre de jeunes Gazaouis, comme Motaz Azaiza ou Bisan Owda, ont quant à eux pris d'assaut les réseaux sociaux, notamment Instagram, où ils ont des milliers d'abonnés, afin de raconter la vie des Palestiniens sous les frappes israéliennes.
"À ce moment charnière, avec la reprise des opérations militaires et les efforts visant à rétablir l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza, il est essentiel qu'Israël ouvre les frontières de Gaza (...)", poursuit la lettre qui demande aux "dirigeants mondiaux" de faire pression en ce sens.
"Lorsque des journalistes sont tués en nombre sans précédent et que les médias internationaux indépendants sont empêchés d'accéder (à Gaza), le monde perd sa capacité à voir clairement, à comprendre pleinement et à réagir efficacement à ce qui se passe", a renchéri la présidente du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) Jodie Ginsberg.
Des médias internationaux ont demandé à plusieurs reprises, et sans succès, l'accès libre des correspondants étrangers à la bande de Gaza. Basée à Jérusalem, l'Association de la presse étrangère (FPA), qui représente les reporters travaillant pour des médias internationaux en Israël et dans les Territoires palestiniens, a déjà déposé un recours devant la Cour suprême israélienne pour contester cette interdiction d'entrer à Gaza.