Évacuer Gaza, Trump veut recycler un vieux rêve sioniste
POLITIQUE
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Évacuer Gaza, Trump veut recycler un vieux rêve sionisteDans son désir de déporter les habitants de Gaza dans des pays voisins, Donald Trump recycle un vieux rêve sioniste qui s’est toujours brisé sur le socle de la résistance palestinienne.
Des Palestiniens déplacés rentrent à pied des régions du sud vers leurs foyers du nord via la route Al Rashid après l'accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza le 28 janvier 2025. / AA
13 mars 2025

“On parle probablement de 1,7, peut-être 1,8 million de personnes. Je pense qu'elles vont toutes être installées dans des zones où elles peuvent vivre une belle vie sans avoir peur de mourir chaque jour”, ainsi s’exprimait Donald Trump, Président américain, au cours d’une conférence de presse conjointe le 6 février dernier à la Maison-Blanche, en compagnie de Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien.

Le président américain dévoile ainsi un plan de mainmise sur  Gaza, remettant au goût du jour un vieux rêve sioniste. À chaque fois que les dirigeants israéliens ont tenté de le réaliser, ils ont échoué,  du fait de la résistance des Palestiniens, au prix de lourds sacrifices humains.

David Ben Gourion, l'un des pères fondateurs d'Israël le 14 mai 1948, fut parmi les précurseurs de l’occupation de Gaza, afin d’expulser les Palestiniens qui s’y trouvaient. Il redoutait que Gaza ne devienne plus tard un  des foyers de la contestation palestinienne. 

Son idée était d’occuper le territoire et de le vider de ses habitants, explique l’universitaire Jean-Pierre Filiu dans Histoire de la Palestine, paru chez Fayard en 2024. 

En tant que premier chef de gouvernement israélien en 1948, il proposa en vain aux Nations unies d’annexer Gaza, en contrepartie d’une réinstallation des réfugiés sur le sol israélien. Profitant du tollé en Occident à la suite de la nationalisation du canal de Suez par Nasser le 26 juillet 1957, il ordonna l’occupation de l’enclave palestinienne du 2 novembre 1956 au 7 mars 1957.

Les Palestiniens furent durement éprouvés par cette première campagne militaire israélienne sanglante. Le nombre de victimes de la violence israélienne varie entre 930 et 1 200 sur une population de 330 000 personnes, d'après l’universitaire Jean-Pierre Filiu. “Si l’on ajoute le nombre de blessés, emprisonnés et torturés, insiste-t-il, “environ un habitant sur cent a été frappé dans sa chair par la violence de l'envahisseur”.

Vider Gaza, une obsession 

À l'affût du moindre prétexte, Israël profite de la guerre des six jours entre le 5 juin 1967 et le 10 juin 1967 pour envahir une seconde fois Gaza, à la suite du Sinaï égyptien, du Golan Syrien, de Jérusalem Est et de la Cisjordanie. Tel-Aviv, dont les relations avec ses voisins arabes n'étaient pas bonnes, n’avait pas digéré le blocus par l'Égypte du détroit de Tiran, seule voie d'accès au port israélien d'Eilat.

Durant l’occupation, un certain colonel Ariel Sharon   s’illustre durant l’occupation par l’usage des chars, des destructions, des tueries et actes de tortures. 75 000 Palestiniens sont expulsés vers la Jordanie sans garantie de retour. Deux colonies sont même créées à Gaza en 1968.

Contre toute attente, Tel-Aviv desserre l'étau de son occupation  en octroyant des “permis de travail” en Israël aux Gazaouis. Au moins 60 000 personnes en bénéficient. Manœuvre destinée à affaiblir  la résistance palestinienne en donnant une ressource économique par l’emploi ? Peut-être. Toujours est-il que la première Intifada survient en décembre 1987 à la suite de la mort de quatre ouvriers Palestiniens percutés par un camionneur israélien. Pour les manifestants excédés par les multiples  abus israéliens, il s’agit d’un acte délibéré.

Gaza confirme ainsi son statut de fer de lance de la résistance palestinienne malgré la violence des extrémistes et du gouvernement israélien. 

La visite d’Ariel Sharon, candidat du parti Likoud au poste de Premier ministre israélien, sur l’esplanade des mosquées sonne l’heure de  la révolte. Les Palestiniens en général et les Gazaouis en particulier y voient un acte de provocation. La deuxième Intifada prend alors corps le 28 septembre 2000 et s'achève en 2005, avec le retrait unilatéral des troupes et colons israéliens de la bande de Gaza, après 38 ans d’occupation et de violence.

Le “piège de Gaza”

C’est alors qu'Israël impose un blocus général à Gaza en 2007, obligeant les Palestiniens à construire un réseau complexe de tunnels pour se ravitailler en produits essentiels.

Le drame du 7 octobre 2023 a ravivé en Netanyahu et sa coalition des extrêmes, le vieux rêve sioniste de vider Gaza de ses habitants, sous prétexte d’assurer la sécurité d'Israël. Donald Trump, le parrain de l'opération, promet de  transformer l’enclave en “Riviera”.

Toujours est-il que l’universitaire Jean-Pierre Filiu dans Histoire de Gaza (Fayard, 2024) avertit que “la paix entre Israël et la Palestine ne prendra de sens et de substance qu'à Gaza”. Il souligne que “plonger la bande de Gaza dans une insécurité permanente au nom de la sécurité d'Israël n’est pas seulement une illusion tragique, c’est une faute stratégique” avec le risque que “le piège de Gaza se referme sur Israël tout autant que sur les Palestiniens”.

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