L’administration de Donald Trump s'attaque depuis plusieurs semaines aux universités prestigieuses du pays, que le président accuse d'avoir laissé “prospérer l'antisémitisme” pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza, ce qu'elles réfutent.
Parmi ses cibles, l'université Harvard, l'une des mieux classées de la planète, a vu 2,2 milliards de dollars de subventions fédérales gelés après avoir rejeté des exigences du gouvernement américain la semaine dernière.
Donald Trump menace d'aller encore plus loin en supprimant l'exemption d'impôts accordée à Harvard, qu'il a accusée de propager "haine et imbécilité".
En réponse, l'université implantée près de Boston a porté plainte devant un tribunal fédéral du Massachusetts.

L'université d'Aix-Marseille qui avait lancé début mars un appel aux chercheurs américains dont la liberté académique pourrait être menacée par la politique de Donald Trump, a annoncé jeudi que les premiers chercheurs arriveront début juin.
"Cette affaire concerne les efforts déployés par le gouvernement pour utiliser le gel de subventions fédérales comme un moyen de prendre le contrôle des décisions académiques à Harvard", a fait savoir l'université dans un document judiciaire.
"Les actes du gouvernement empiètent non seulement sur le premier amendement (de la constitution qui garantit la liberté d'expression, ndlr) mais aussi les lois et réglementations fédérales", peut-on lire dans ce document, qui qualifie la décision gouvernementale "d'arbitraire".
"Réformes structurelles"
Harvard est critiquée par des conservateurs qui ciblent les universités américaines qu'ils considèrent trop à gauche. Des attaques qui ont redoublé au printemps 2024 lors des mobilisations étudiantes pro-palestiniennes contre la guerre meurtrière d’Israël à Gaza.
Les élus républicains ont par ailleurs annoncé avoir lancé une enquête sur Harvard au Congrès, l'accusant de violer les lois sur l'égalité.
L'administration de Donald Trump a également menacé d'interdire l'accueil d'étudiants étrangers, si elle n'acceptait pas de se soumettre à un contrôle en matière d'admissions, d'embauche et d'orientation politique.
"Ne vous méprenez pas : Harvard rejette l'antisémitisme et la discrimination dans toutes ses formes et procède activement à des réformes structurelles pour éradiquer l'antisémitisme de son campus", peut-on lire dans le document judiciaire, lundi.
"Mais au lieu de s'engager dans ces efforts continus avec Harvard, le gouvernement a annoncé un gel général du financement de la recherche médicale, scientifique, technologique et d'autres recherches qui n'ont rien à voir avec l'antisémitisme."
La position de Harvard a été saluée par de nombreux professeurs et étudiants comme un rare signe de résistance.
Depuis sa réinvestiture, Donald Trump a multiplié les annonces chocs visant la communauté scientifique (coupes budgétaires brutales, censure de certains sujets dans les recherches subventionnées...).
Le gouvernement américain cible les grandes universités du pays, théâtres depuis plus d'un an de mouvements étudiants contre la guerre génocidaire d'Israël à Gaza.
Il a déjà coupé, pour les mêmes motifs, 400 millions de dollars de subventions fédérales à une autre université prestigieuse, celle de Columbia à New York, qui avait engagé des réformes drastiques demandées par l'administration pour tenter de récupérer ces fonds.