AFRIQUE
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Kenya : le décès d'un blogueur en détention provisoire suscite de nouvelles protestations
Albert Ojwang a été retrouvé mort alors qu'il était en détention au poste de police central. Les autorités attribuent son décès à "un choc à la tête contre le mur de la cellule", mais les militants remettent en question la cause du décès.
Kenya : le décès d'un blogueur en détention provisoire suscite de nouvelles protestations
La mort du blogueur kenyan Albert Ojwang en garde à vue a suscité l'indignation. / AP
10 juin 2025

La police kényane a utilisé des gaz lacrymogènes à deux reprises contre des militants qui marchaient vers le principal commissariat de Nairobi, la capitale, lors d'une manifestation lundi contre la mort d'un blogueur en garde à vue dans des circonstances peu claires.

La police a expliqué que Ojwang est mort suite à un "choc contre le mur de la cellule" ; une version remise en doute par plusieurs organisations.

Ojwang avait été arrêté vendredi à Homa Bay, dans l'ouest du Kenya, et transporté sur 400 kilomètres jusqu'à Nairobi.

Selon la police, il était accusé d'avoir publié des "informations fausses" sur un haut responsable de la police.

La mort de ce blogueur survient presque un an après que plusieurs militants et manifestants ont été tués ou enlevés par la police kényane lors des manifestations contre un projet de loi financier en 2024.

La frustration économique reste élevée, malgré l'abandon des taxes proposées l'année dernière.

Suspension des agents

"Nos revendications ne sont toujours pas satisfaites. Le chômage qu'il y avait l'année dernière a été multiplié par dix. Les meurtres continuent," a déclaré Ndungi Githuku, militant du Parti de la Libération du Peuple.

"Donc, rien n'a été résolu après les manifestations que nous avons organisées. Nous avons une liberté incomplète. Ce pays appartient aux riches, il est temps que les pauvres se lèvent. C'est ce qui va se passer (lors de l'anniversaire) dans quelques jours."

La police kényane a indiqué que l'Autorité indépendante de surveillance de la police (IPOA) avait ouvert une enquête.

Les agents qui étaient en service durant l’incident ne reprendront pas leur travail en attendant les résultats des enquêtes, a affirmé l'inspecteur général de la police, Douglas Kanja.

Cependant, beaucoup restent sceptiques quant au déroulement des enquêtes.

"Jusqu'à présent, ils (la police kényane) ne nous ont pas dit la vérité. Nous savons qu'il y avait d'autres blessures. Ils ont décidé de sacrifier des agents subalternes. Nous voulons justice pour Ojwang et pour beaucoup d'autres qui ont perdu la vie," a insisté Hussein Khalid de l'organisation de défense des droits humains Vocal Africa.

"Ils n'ont pas changé"

L'organisation de défense des droits Amnesty Kenya a annoncé dans un communiqué que l'arrestation d'Ojwang soulève de sérieuses questions et que les résultats du rapport de l'IPOA doivent être rendus publics.

Tout agent reconnu responsable doit être pleinement tenu responsable.

"Nous vivons une époque où critiquer le gouvernement est un crime, se plaindre de la mauvaise gestion des affaires publiques est un crime. Je plains le bébé de 5 mois et la femme d'Ojwang. Je proteste contre les exécutions extrajudiciaires — l'un d'entre nous, c'est nous tous," a fait savoir l'activiste Ouma Paul Oyao.

La mort d'Ojwang continue de susciter l'indignation en ligne et a ravivé les appels à des manifestations pour exiger des comptes du gouvernement.

"Ce gouvernement nous pousse en réalité à descendre à nouveau dans la rue. Ils disent qu'ils n'ont pas changé ; ils disent qu'ils continueront à nous enlever et à nous assassiner. Alors, ce que nous disons, c'est qu'il vaut mieux crier et mourir que de rester silencieux et d'être pris chez nous alors que nous nous taisons," a conclu Githuku du Parti de la Libération du Peuple.

SOURCE:AFP
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