Plus de 50 personnes arrêtées lors des manifestations anti-gouvernementales au Togo la semaine dernière ont été libérées, tandis que d'autres restent en détention, a déclaré le procureur de la République.
Des dizaines de manifestants ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes dans la nuit du 5 au 6 juin dans plusieurs quartiers de la capitale Lomé, notamment près du palais présidentiel.
Ils s'étaient rassemblés suite à l'arrestation d'un rappeur populaire, Aamron, et visaient à dénoncer la répression des voix dissidentes, la hausse des prix de l'électricité et les modifications constitutionnelles mises en place par le gouvernement du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005.

Les manifestations sont interdites au Togo depuis 2022.
Révolte contre les institutions
« Un total de 56 personnes ont été libérées » par le gouvernement pour des « charges jugées légères », a indiqué le procureur Talaka Mawama dans une déclaration télévisée lundi.
Cependant, « la période de garde à vue de certaines personnes arrêtées a été prolongée pour permettre certaines étapes nécessaires à l'enquête », a-t-il ajouté.
« Ces personnes seront également présentées au parquet dans les prochaines heures. »
Le procureur a affirmé que les manifestations « s'inscrivent clairement dans une révolte contre les institutions de la République ».
Rappeur arrêté
La coalition « Touche pas à ma Constitution » regroupant des partis d'opposition et des organisations civiles « condamne fermement les arrestations massives et arbitraires » effectuées les 5 et 6 juin.
Les appels à manifester se sont intensifiés après qu'Aamron, de son vrai nom Essowe Tchalla, est réapparu dans une vidéo dix jours après avoir été arrêté à son domicile à Lomé le 26 mai.
Dans les heures précédant son arrestation, il avait rejoint d'autres personnes pour appeler à des manifestations.
Mais dans la vidéo, il a présenté ses excuses au président et a déclaré qu'il se trouvait dans un hôpital psychiatrique pour ce qu'il a décrit comme une « dépression sévère ».
Le rappeur est toujours hospitalisé, a indiqué l'un de ses avocats, Célestin Agbogan, aux journalistes lundi, ajoutant « qu'aucune procédure judiciaire n'est engagée contre Aamron ».