Par Dayo Yussuf
Mary Marwa considère la naissance de son deuxième enfant comme un miracle du destin.
À peine 24 semaines après le début de sa grossesse, cette mère tanzanienne a eu des complications qui ont conduit les médecins à recommander un avortement immédiat.
Sous le choc, Mary a écouté sans dire un mot tandis que le personnel infirmier lui expliquait qu’elle souffrait du syndrome HELLP, une affection caractérisée par une hémolyse (destruction des globules rouges), une élévation des enzymes hépatiques et une diminution du nombre de plaquettes.
"Je n’avais aucune idée de ce que cela signifiait", raconte-t-elle à TRT Afrika. "Les médecins voulaient que j’avorte, et nous l’avons fait."
Mais le destin en avait décidé autrement. Alors qu’une infirmière s’apprêtait à emporter ce que tout le monde dans la salle d’opération pensait être un fœtus mort, elle a découvert que le nouveau-né respirait.
"L’infirmière a immédiatement placé mon bébé sous assistance respiratoire, lui sauvant ainsi la vie", se souvient Mary.
Si la survie du bébé était une bénédiction divine aux yeux de Mary, elle a dû affronter de nombreux défis au cours de l’année suivante.
"Mon bébé est né quatre mois avant terme, alors que le congé de maternité prévu était de trois mois maximum. Je ne pouvais pas retourner au travail, car mon fils était trop jeune et fragile pour être laissé à quelqu’un", explique Mary.
"J’ai demandé à mes employeurs s’ils pouvaient m’accorder trois mois supplémentaires sans solde. Ils ont refusé, invoquant la loi. J’ai dû quitter mon emploi."
Intervention légale
Heureusement, pour les mères comme Mary et même pour les nouveaux pères, il existe désormais un cadre légal permettant un congé prolongé pour les parents.
La nouvelle loi tanzanienne sur le travail autorise un congé supplémentaire pour les nouveaux parents, incluant la période précédant l’accouchement et une pause après la naissance.
"Beaucoup de mères qui accouchent avant la date prévue médicalement pourront désormais s’occuper pleinement de leurs enfants avant de reprendre le travail", explique Doris Mollel, une militante pour la santé infantile qui dirige une fondation dédiée à la sensibilisation sur la santé reproductive en Tanzanie.

Alors que l'Afrique célèbre la Semaine mondiale de l'allaitement maternel, la lutte se poursuit contre les préjugés qui empêchent les femmes de donner à leurs bébés la meilleure alimentation possible que la nature puisse leur offrir.
Le texte de loi, en attente de la signature du président Samia Suluhu Hassan, stipule que le congé de maternité commencera après la date prévue d’accouchement, même si le bébé naît prématurément.
Les pères, quant à eux, verront leur congé passer de trois à sept jours pour soutenir la mère et le bébé. Cette période prolongée vise à réduire les risques de handicaps chez les enfants en permettant des évaluations médicales et des interventions en temps opportun.
Doris, qui est elle-même née prématurée, cite un exemple :
"Je connais une mère qui a été autorisée à rentrer chez elle lorsque son bébé pesait 1,8 kg. Bien qu’on lui ait conseillé de revenir chaque semaine à l’hôpital pour un contrôle, elle ne pouvait pas le faire, faute de congé", explique-t-elle.
"Au fil du temps, l’enfant a développé des troubles de la vue. Malheureusement, elle n’avait pas les avantages dont bénéficient aujourd’hui les nouvelles mères. La nouvelle loi permet aux mères de prendre soin de leur nouveau-né avant de retourner au travail, sans s’inquiéter pour leur bébé."
Une avancée majeure
La Tanzanie reste le seul pays d’Afrique de l’Est à avoir adopté une telle loi, mais les militants espèrent étendre cette initiative à toute la région.
"La Tanzanie a donné l’exemple avec cette réforme du congé de maternité, et nous espérons que la Communauté d'Afrique de l'Est pourra l’adopter à son tour. Nous travaillons avec le Parlement de l’Afrique de l’Est pour voir comment cette mesure pourrait être mise en place dans toute la région", explique Doris.

Un pasteur évangélique kényan, soupçonné d'avoir volé des enfants présentés comme des "bébés miraculeux", produits de ses prières, a été acquitté lundi par un tribunal de Nairobi en raison d'une insuffisance de preuves.
Elle souligne également la nécessité d’améliorer l’équipement médical et la formation du personnel de santé pour la prise en charge des bébés prématurés.
"Nos cliniques ne disposent toujours pas du matériel nécessaire pour s’occuper des prématurés. De plus, les soignants et autres professionnels de santé ne sont pas suffisamment formés", pointe la militante.
Le gouvernement tanzanien a ordonné que chaque hôpital de district dispose de salles spéciales pour les soins postnataux des bébés prématurés.