Le dynamisme des réseaux sociaux nigérians, habituellement un mélange de divertissements et d'actualités tendances, a été éclipsé cette semaine par une vague d'angoisse et d'incrédulité.
Au cœur de la tempête se trouve l'effondrement signalé d'une plateforme de trading de cryptomonnaies en ligne appelée CryptoBank Exchange, ou CBEX, comme elle était connue de ses utilisateurs.
CBEX, qui a débuté ses opérations au Nigeria en 2024, se présentait comme une plateforme de trading de cryptomonnaies alimentée par l'intelligence artificielle, permettant aux utilisateurs d'acheter et de vendre des actifs numériques avec la promesse de "100 % de rendement chaque mois".
Pour des milliers de Nigérians qui avaient confié leurs économies durement gagnées à CBEX, le lundi a apporté une nouvelle glaçante.
Des investisseurs en détresse ont envahi les réseaux sociaux pour déclarer que CBEX, qui promettait un rendement alléchant de 100 % après un mois d'investissement, avait bloqués leurs comptes et disparu avec leurs investissements.
Tentatives infructueuses
Les tentatives d'accès à leurs fonds se sont heurtées à des écrans de compte affichant "solde nul".
Les médias locaux rapportent que des milliers de Nigérians ont été pris dans ce qui est considéré comme une éscroquerie présumée perpétrée par des ressortissants étrangers non identifiés, en collaboration avec des partenaires nigérians.
La Commission des crimes économiques et financiers du Nigeria (EFCC) a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête officielle sur la perte présumée de millions de dollars via cette plateforme d'investissement numérique.
Dele Oyewale, porte-parole de l'EFCC, a déclaré à la chaîne nigériane Channels TV : "La commission collaborera avec l'Organisation internationale de police criminelle pour enquêter sur cet incident."
L'impact de cette fraude présumée est largement documenté sur les réseaux sociaux, TikTok devenant une plateforme pour exprimer leurs inquietudes.
Les victimes ont publié des vidéos où elles supplient CBEX de "rendre" leurs "économies de toute une vie".
Témoignage d'une victime
Le récit personnel d'un investisseur, partagé sur Facebook, résume le choc et la dévastation ressentis par beaucoup.
"C'est ainsi que j'ai perdu 9 millions de nairas à CBEX", a écrit l'utilisateur. "Je suis rentré chez moi ce soir après avoir passé la journée sur l'île à inspecter des propriétés avec un membre de mon équipe. Elle m'a envoyé un message m'informant que son solde de trading sur CBEX avait été entièrement effacé”, détaille-t-il.
“Craignant que son compte ait été piraté, j'ai immédiatement vérifié mon propre compte CBEX et j'ai découvert qu'il affichait également 0,00 $. Dans la confusion, j'ai ouvert le groupe Telegram pour voir des milliers de messages de Nigérians maudissant CBEX."
Le moment de l'effondrement de ce système est particulièrement poignant, survenant quelques jours seulement après que le régulateur national, la Securities and Exchange Commission (SEC), a émis un avertissement clair aux Nigérians "de se tenir à l'écart des plateformes de trading non enregistrées".
La SEC a fait référence à la nouvelle loi sur les investissements et les valeurs mobilières de 2025, soulignant qu'"il est désormais interdit à toute entité d'exploiter une plateforme de trading en ligne ou de fournir des services connexes sans enregistrement préalable auprès de la commission."
Réactions mitigées
Avec les portes de CBEX désormais fermées, les réactions sur les réseaux sociaux sont variées. Certains expriment leur sympathie envers les victimes, tandis que d'autres les critiquent pour ne pas avoir tiré les leçons des précédents systèmes de Ponzi qui se sont effondrés au Nigeria.

Un projet de loi historique présenté par le parlement nigérian et prévoyant des peines d'emprisonnement de 10 ans pour les promoteurs de combines à la Ponzi est considéré comme une protection contre la fraude.
D'autres, cependant, condamnent les moqueries dont les victimes ont été la cible sur les réseaux sociaux, affirmant que leurs investissements étaient souvent motivés par "le désespoir d'améliorer leur situation financière face à des réalités économiques très dures".
La frustration a atteint son paroxysme dans le sud-ouest, à Ibadan, dans l'État d'Oyo, où les médias locaux rapportent que des investisseurs en colère ont pris d'assaut le bureau de CBEX, qui était innoccupé, et ont emporté des meubles et du matériel de bureau en signe de protestation.
La police a depuis été déployée dans d'autres bureaux de CBEX à travers le pays pour prévenir de nouveaux troubles.