Black History Art : comment s'organise l'économie artistique ?
Black History Art : comment s'organise l'économie artistique ?
Makosso Frank Noël est un ingénieur culturel passionné de slam et de tout ce qui est lié à l'art. À travers sa société Black History Art, le gabonais arrive à créer de la richesse en structurant les métiers de l'art.
17 juin 2025

Les métiers des arts sont une mine d'or dans le sens où la découverte d'un talent suffit à changer une vie, à changer une communauté.

La découverte de stars dans la peinture, la musique, le cinéma ou même les arts culinaires peut être un déclic et peut suffire pour illuminer une famille, une ville, un pays, un continent et les exemples sont légion.

De la même façon que les métiers des arts sont aussi vieux que le monde, ils s'adaptent à l'air du temps, si bien que dans leur propre intérêt, la profession d'ingénieur artistique encore peu connu séduit de plus en plus d'Africains.

Ce métier fascine surtout ceux qui sont soucieux de structurer le travail d'artiste et de créer de façon méthodologique de la richesse grâce aux arts.

C'est dans ce secteur que Frank Noël Makosso a choisi d'évoluer. Ce qu'il souhaite particulièrement, c'est changer l'image et le sort des artistes, tout domaine confondu.

Des services et compétences qu'il veut mettre à disposition de son pays, le Gabon.

''J’ai été trois fois champion du Gabon de slam et j’ai développé une carrière professionnelle dans cette discipline. Cependant, pour répondre au manque et aux besoins liés au développement de ma carrière et de celle des autres artistes en général, j’ai entrepris de me cultiver sur les mécanismes culturels de ces pays où les artistes vivent pleinement de leur art, et où la culture est un véritable levier de développement économique".

''C'est ainsi que j’ai découvert les industries culturelles. J’ai enchaîné les formations, et chaque fois que je voyageais pour des prestations à l'étranger, je recherchais des opportunités d’échanges autour de ce qui devenait ma nouvelle passion. C’est vraiment le désir de résoudre un problème qui m’a amené à devenir ingénieur culturel'', confie l'homme aux dreadlocks à TRT Afrika.

La filière d'ingénierie culturelle n’étant pas encore enseignée au Gabon, Frank Noël a fait sa formation en ligne à Sciences Po, en partenariat avec le ministère français de la Culture.

Ses propres expériences, notamment les plus amères d'entre elles, et celles de proches et de collègues artistes, ont servi de catalyseur à Frank Noël dans sa quête de savoir et de qualifications académiques.

L'ancien double champion de slameur du Gabon affirme avoir connu la négligence dont se plaignent très souvent les artistes.

L'absence de respect de ses droits, l'absence de statut juridique, le non-paiement de leurs droits ou l'absence de formation font partie des maux qui lui ont paru prioritaires dans l'ordre de mission qu'il s'est assigné.

C'est ainsi que pour rendre formel son engagement, Frank Noël a créé il y a près de 5 ans maintenant Black History Art.

''J’ai donc ressenti le besoin de créer et d’organiser nos propres événements. Je me suis dit que j’inviterais des rappeurs, des stars, mais qu’ils viendraient au même titre que des slameurs. J’ai entrepris d’organiser une soirée, puis un festival pluridisciplinaire qui est aujourd’hui à sa cinquième édition".

"C’est exactement cela, l’ingénierie culturelle, c’est organiser des événements dans le domaine de la culture. Par contre, organiser doit être compris au sens entrepreneurial du terme, utiliser un cadre logique, faire une planification rigoureuse et rédiger un véritable projet'', explique-t-il.

C'est dans la commune d’Owendo, à 15 km de la capitale gabonaise, que Black History Art a établi son siège social.

Le personnel est composé d'artistes infographistes, de webmasters, de techniciens et de logisticiens.

Frank Noël Pour est, quant à lui, chargé de la comptabilité et de la planification.

"Cette organisation arrive à tirer son épingle du jeu sur le marché de l'événementiel au Gabon, particulièrement à Libreville, la capitale où Black History Art semble gagner la confiance de partenaires publics et privés".

''En fait, j’ai évolué dans mes formations en parallèle avec mes actions sur le terrain. Pendant que je me formais, j’organisais mon festival. Donc, tout ce que j’apprenais me permettait de professionnaliser l’événement".

"Un jour, j’ai répondu à un appel à projets d'une ambassade ici, qui recherchait une structure capable de faire, selon le cahier des charges, exactement ce que mon équipe et moi faisions déjà à travers le festival".

"Nous avons donc tout simplement créé une entreprise sur la base de notre expertise de terrain et répondu à l’appel. Nous avons été retenus. Les résultats de la gestion de ce projet ont ensuite conduit à d’autres contrats, et c’est ainsi que nous avons décidé de nous investir pleinement dans la vie de l’entreprise'', confie Frank Noël.

Grâce à un marketing de proximité porté à bout de bras par la solidarité artistique, les bénéfices de l'entreprise lui permettent aussi de renforcer ses équipements avec du matériel de dernière génération.

"La force de nos réseaux et la diversité de nos compétences en interne, qui réduisent de moitié nos charges, créent un modèle économique avantageux” fait savoir Frank Noël, l'air satisfait.

Néanmoins, au sein de Black History Art, tous savent que le chantier visant à donner plus de poids social aux métiers d'artistes est loin d'être achevé.

C'est pour cette raison que la structure et ses membres accentuent chaque jour un peu plus les efforts de perfectionnement en arts lyriques, arts graphiques, chorégraphiques, danse, slam, en arts oratoire, en poésie ou littérature, à travers des ateliers et des séminaires de formations.

SOURCE:TRT Afrika
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