Par Firmain Éric MBADINGA
Des masques, des tableaux, ou encore de la poterie aux formes et représentations africaines, mais avec des couleurs riches de vie comme le rose pastel (couleur préférée de l’auteur), le rose, le marron voire le blanc, c’est la formule ou plutôt le style artistique que propose Djollo Aaron Zeby.
Ces œuvres d’art sont sculptées, peintes ou façonnées dans une asymétrie quasi parfaite et le résultat de ses heures de réflexion et de travail attirent la curiosité des amateurs d’art classique, des médias et même de ceux pour qui, l’art plastique a souvent semblé abstrait, si ce n'est ennuyant.
Et l’ennui, c'est justement la principale chose que Djollo Aaron Zeby veut enlever dans le monde de l'art.
Aaron Zeby veut rendre les masques africains plus décoratifs et de ne plus les limiter au seul concept traditionnel.
‘’J'ai toujours cru qu'il y avait un vide sur le marché pour une marque de décoration d'intérieur d'Afrique de l'Ouest qui soit moderne, ludique et colorée. 'l'Afroeklétisme" est ma façon de créer quelque chose de différent et accrocheur que chacun peut avoir chez soi’’, déclare Aaron Zeby quand on lui parle de son ambition artistique.
L'inspiration
'’’Afroeklétisme’’ est né dans l’esprit d'Aaron Zeby pendant qu’il se trouvait dans un lit d’hôpital en début d'année, après un problème de santé qui a failli littéralement mettre un terme à sa vie.
En effet, le trentenaire qui jusqu’alors évoluait dans la communication digitale, a eu l’inspiration, en regardant sur son téléphone une vidéo parlant de l’intelligence artificielle.
C’est ainsi que dans l’esprit de celui qui dit avoir toujours été amoureux de l’art et de l’esthétique, a fait le lien avec la culture du continent d’origine de ses parents.
L’Afro-italien s’est donc dit qu’en concevant des croquis et autres modèles artistiques, il lui était possible, par la suite, de créer des œuvres d’art décoratifs virtuellement avant soit de les imprimer, soit de les faire sculpter.
Le départ
Selon Albert Camus ’’ Nous vivons avec des idées qui, si nous les éprouvions vraiment, devrait bouleverser toute notre vie’’. C’est en faisant sienne cette citation que Djollo Aaron Zeby essaie depuis de bouleverser le monde de l’art africain, celui de l’art en général.
C’est donc armé de force et de détermination que le père de l'Afroeklétisme’’ va quitter l’hôpital et va commencer à imaginer sa première création.
Pour sa première création, a -t-il voulu d’entrée de jeu fixer les codes de son identité artistique. "Je mélange les concepts liés au Vaudou qui fait partie de la culture africaine, même si je n’en suis pas initié. Je revois aussi les histoires des contes et légendes d’Afrique qui sont des éléments de nos cultures, afin de réaliser mes créations", explique l'artiste.
‘’je veux transmettre ces valeurs culturelles, à travers cette forme plus colorée de l’art africain, à tout le monde, avec une attention particulière aux africains de la diaspora qui sont nées entre deux cultures‘’, rajoute Aaron Zeby.
Pour sa première œuvre, Aaron Zeby a dessiné un visage humain au peint en rose avec l’arrière de la tête noir, qu’il a appelée ''Adam’.’
''cette œuvre raconte une histoire pleine de symboles. Étant fils de pasteur, j'ai voulu représenter Adam, le premier homme de la création religieuse, qui représente l’humanité.
"Cet Adam tient une pomme et semble hypnotisé et même dépassé par cette pomme qui elle renvoit à la technologie, la connaissance et le progrès dans une forme de future dystopique'' explique l’artiste.
"Avec cette œuvre, je veux inciter les gens à réfléchir sur les choix qu’ils sont appelés à faire dans la vie, car cet Adam, à cause du choix qu’il a fait en prenant la pomme, semble aujourd’hui dépassé par la vie", suggère Aaron Zeby.
L’accueil
Aaron Zeby affirme qu’un mois seulement après le lancement sur sa page Instagram à travers laquelle il a exposé ses modèles, il a reçu de nombreuses critiques positives, des commandes et de propositions de la part de galeries, de stars du football de toutes origines.
Toutefois, le jeune afro-italien dit avoir reçu des critiques sur le fait qu’il se serve de l’intelligence artificielle pour dessiner ses créations.
Et s’agissant du courant traditionaliste africain, Aaron Zeby dit n’avoir reçu pour le moment aucune critique hostile, encore moins négative.
Les ambitions
Pour l’avenir, Aaron Zeby prévoit de répondre premièrement à toutes les commandes qu’il a reçues depuis la publication de ces modèles.
L’afro-italien espère aussi concrétiser les possibilités de collaborations en vue, avec des galeries de renom, et souhaite aussi collaborer avec les artistes et autres artisans basés en Afrique.
Même si les premières créations ‘’Afroeklètiques’’ sont pour l’heure plus orientées vers le tableau et la sculpture, Aaron Zeby entretient dans un coin de sa tête une autre idée, celle d’étendre son mouvement artistique à la mode.