AFRIQUE
4 min de lecture
Macron admet que la France a utilisé une "violence répressive" dans la décolonisation du Cameroun
Entre 1956 et 1961, la répression française des indépendantistes camerounais a fait "des dizaines de milliers de morts" et déplacé des centaines de milliers de personnes, ont déclaré les historiens.
Macron admet que la France a utilisé une "violence répressive" dans la décolonisation du Cameroun
Le président français Emmanuel Macron s'est rendu au Cameroun en juillet 2022. / Reuters
il y a 10 heures

La France a mené une « guerre » au Cameroun marquée par des « violences répressives » pendant et après la décolonisation de ce pays africain à la fin des années 1950, a reconnu le président Emmanuel Macron dans une lettre rendue publique mardi.

Cette lettre, envoyée à son homologue camerounais le mois dernier, s’inscrit dans les efforts de la France sous Macron pour affronter son histoire coloniale souvent sanglante.

Cette reconnaissance fait suite à un rapport officiel publié en janvier, qui a révélé que la France avait mis en œuvre des déplacements forcés massifs, poussé des centaines de milliers de Camerounais dans des camps d’internement et soutenu des milices brutales pour réprimer la quête de souveraineté de ce pays d’Afrique centrale.

La commission historique a examiné le rôle de la France dans les années précédant et suivant l’indépendance du Cameroun, obtenue le 1er janvier 1960.

« Les historiens de la commission ont clairement établi qu’il y a eu une guerre au Cameroun, durant laquelle les autorités coloniales et l’armée française ont exercé des violences répressives de plusieurs natures... qui ont continué après 1960 », a écrit Macron dans sa lettre adressée au président camerounais Paul Biya, publiée par la présidence française.

« Il m’incombe aujourd’hui d’assumer le rôle et la responsabilité de la France dans ces événements », a-t-il ajouté.

Macron avait annoncé la création de cette commission lors d’un voyage en 2022 dans la capitale camerounaise, Yaoundé.

La majeure partie du Cameroun est passée sous domination française en 1918 après la défaite de son précédent colonisateur, l’Allemagne, pendant la Première Guerre mondiale.

Cependant, un conflit brutal a éclaté lorsque le pays a commencé à réclamer son indépendance après la Seconde Guerre mondiale, une revendication que la France a violemment réprimée, selon les conclusions du rapport.

Entre 1956 et 1961, la lutte de la France contre l’indépendance camerounaise a causé « des dizaines de milliers de morts » et déplacé des centaines de milliers de personnes, ont indiqué les historiens.

Pour beaucoup en France, la guerre au Cameroun est passée inaperçue car elle impliquait principalement des troupes issues des colonies africaines et était éclipsée par la guerre d’indépendance de l’Algérie entre 1954 et 1962.

Même après l’indépendance du Cameroun en 1960, Paris est resté profondément impliqué dans sa gouvernance, collaborant étroitement avec le gouvernement « autoritaire et autocratique » d’Ahmadou Ahidjo, qui est resté au pouvoir jusqu’en 1982.

Biya, en fonction depuis cette date, est seulement le deuxième président de l’histoire du Cameroun.

Âgé de 92 ans et déjà le chef d’État le plus âgé au monde, il briguera un huitième mandat lors de l’élection présidentielle d’octobre.

L’opposition camerounaise peine à défier Biya, qui a été accusé par des organisations comme Human Rights Watch de réprimer ses opposants.

La semaine dernière, la cour constitutionnelle du Cameroun a rejeté la candidature de Maurice Kamto, principal opposant de Biya.

RELATEDTRT Global - Tebboune : les Massacres du 8 mai 1945 sont les pires crimes contre l'humanité de l'ère cotemporaine

Macron a déclaré que la France faciliterait l’accès à ses archives pour permettre aux chercheurs de poursuivre les travaux de la commission.

Il a également proposé la création d’un « groupe de travail » bilatéral pour suivre les progrès des recherches et de l’éducation en cours.

Macron a pris des mesures prudentes pour aborder certains aspects autrefois tabous de l’histoire de la France, bien que beaucoup estiment qu’il n’est pas allé assez loin.

Un rapport de 2021 a conclu que la France portait des « responsabilités accablantes » dans le génocide rwandais de 1994, et une revue de 2020 sur les actions de la France pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie a appelé à une « commission vérité » et à d’autres actions conciliatrices.

Cependant, Macron a exclu toute excuse officielle pour les tortures et autres abus commis par les troupes françaises en Algérie.

SOURCE DE L'INFORMATION:AFP
Visitez TRT Global. Faites-nous part de vos commentaires !
Contact us