Le dernier village entièrement chrétien de Cisjordanie est sous pression croissante. Dans un communiqué commun publié mardi 8 juillet, les trois prêtres de Taybeh – représentant les Églises grecque orthodoxe, latine et grecque-catholique melkite – dénoncent une série d’attaques menées par des colons israéliens, ainsi qu’un climat de harcèlement devenu, selon eux, “insoutenable”.
L’alerte a été déclenchée après l’incendie survenu lundi aux abords du cimetière et de l’église byzantine Saint-Georges, un édifice du Ve siècle, parmi les plus anciens de Palestine.

Grâce à l’intervention rapide des pompiers et à la vigilance des habitants, le feu a été maîtrisé, mais les prêtres dénoncent une nouvelle escalade suite à une série d’agressions.
Depuis plusieurs mois, Taybeh, à l’est de Ramallah, fait face à des intrusions répétées : incursions dans des propriétés agricoles, destructions de plantations, tirs d’intimidation, et plus récemment, utilisation de troupeaux pour dévaster les cultures.
Selon les habitants, les colons, armés, font paître leurs vaches sur les terres familiales, sans être inquiétés par les forces israéliennes.
“Si nous ne disons rien, nous risquons qu’ils fassent de cette situation un précédent”, alerte un habitant.
“Ils déclarent que la terre est à eux”
Cette stratégie de colonisation par l’occupation agraire, déjà observée ailleurs en Cisjordanie, inquiète les habitants.
“Ils viennent avec leurs troupeaux, restent, puis déclarent que la terre est à eux”, témoigne un villageois. Fin juin, une maison à l’entrée du village a également été attaquée.
Face à cette situation, les prêtres Daoud Khoury, Jack-Nobel Abed et Bashar Fawadleh appellent à une réaction urgente de la communauté internationale, des diplomates et des Églises du monde entier.
Ils réclament une enquête indépendante sur les incendies et agressions, une pression diplomatique concrète sur Israël, l’envoi de délégations sur le terrain pour documenter les violations, ainsi qu’un soutien juridique et économique aux habitants pour leur permettre de résister.
“La Terre Sainte ne peut rester vivante sans son peuple autochtone”, affirment-ils.
Les prêtres dénoncent aussi l’installation, avec la complaisance des autorités israéliennes, d’avant-postes illégaux servant de base à de nouvelles agressions. Malgré les demandes répétées de démantèlement, aucune action concrète n’a été engagée.
Taybeh, identifiée à l’Éphraïm biblique où Jésus se serait retiré selon l’Évangile de Jean, est le symbole d’une présence chrétienne millénaire, désormais menacée par les colons israéliens dans l’impunité générale.