Ce vote à l'Assemblée nationale permet de "déclasser" ce bien culturel des collections publiques, en dérogeant au principe d'inaliénabilité qui protège normalement les biens conservés dans les musées nationaux, ouvrant la voie à sa restitution dans le courant de l'année. Pour Bertrand Sorre (Renaissance), rapporteur du texte, il contribue à "la réparation d'une extorsion".
Vers une loi-cadre sur les restitutions
À cette occasion, de nombreux députés ont appelé à débattre au plus vite d'une loi-cadre, promise par Emmanuel Macron, pour faciliter et accélérer les restitutions d'œuvres pillées durant la colonisation.
"Je sais que l'essentiel des attentes se porte aujourd'hui vers la loi cadre", a déclaré, à la tribune, la ministre de la Culture, Rachida Dati, affirmant que le gouvernement présentera ce texte "d'ici la fin du mois de juillet", avec un examen en première lecture au Parlement, "dès l'automne".
Mme Dati, qui avait déclaré en mars ne pas souhaiter que ce texte serve de "repentance idéologique", a mis en garde contre "toute instrumentalisation des débats".
À la tribune, des députés de gauche ont au contraire insisté sur la nécessité de reconnaître pleinement le passé colonial de la France.
"La restitution que nous votons aujourd'hui n'est pas une faveur, c'est une réparation. Il est temps que l'on enseigne l'histoire coloniale dans toute sa complexité, dans toute sa brutalité et surtout dans sa vérité", a déclaré la présidente de la commission des Affaires culturelles, Fatiha Keloua Hachi (PS).
"La domination ne s'efface pas avec le temps, et elle se perpétue tant qu'elle n'est pas reconnue, réparée", a renchéri l'écologiste Sabrina Sebaihi. "Tout ce qui a été pillé et volé doit être restitué comme autant de preuves tangibles que la France sait regarder son passé en face", a-t-elle ajouté.
Le Rassemblement national (RN), par la voix du député Frédéric-Pierre Vos, a indiqué voter en "faveur de cette restitution sans moraline, sans repentance".
De son côté, le député Sébastien Martin (Les Républicains), tout en appelant de ses voeux la restitution du tambour, a rappelé l'attachement de son groupe à ce que la "France demeure un carrefour universel de la culture", avec des musées comme le Quai Branly ou le Louvre, où "le patrimoine mondial est rendu visible au plus grand nombre, où il est protégé et transmis".