Est-ce déjà l’effet des taxes douanières imposées par les Etats-Unis sur l’acier et l’aluminium ? Donald Trump a décidé d’imposer des taxes de 10% sur l’acier européen.
L’annonce américaine a juste tendu un peu plus une situation difficile. En effet, l’aciérie européenne est en crise depuis plusieurs années, la concurrence asiatique étant féroce. L'énergie est chère et cette industrie est très consommatrice d’électricité pour les hauts-fourneaux. La demande d’acier est à son plus bas historique.
Le deuxième sidérurgiste mondial avait annoncé en février qu'il envisageait la délocalisation de certaines de ses activités européennes marketing, commercial ou informatique vers l'Inde.
L’information a été confirmée hier aux syndicats lors d'un comité de groupe européen qui s'est tenu à Luxembourg: au total en Europe occidentale, "entre 1.250 et 1.400 postes" dans les fonctions non directement liées à la production d'acier seront transférés en Inde ou en Pologne pour faire des économies, ont indiqué deux sources syndicales -non démenties par la direction- à l'issue de la réunion.
En France, où se tenait en même temps un Comité Social et Économique extraordinaire, le bilan social est plus lourd que prévu.

L'Union européenne “répliquera” aux nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump sur les importations d'acier et d'aluminium, a affirmé lundi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
210 à 260 postes support seront délocalisés, le groupe prévoit aussi de réduire la production, avec quelque 400 postes de production supprimés dans les sept usines, soit plus de 600 postes français menacés.
Le projet concerne les usines de Dunkerque, Florange, Basse-Indre, Mardyck, Mouzon, Desvres et Montataire, qui emploient au total quelque 7 100 salariés.
"C'est un coup de massue parce que ça, on ne s'y attendait pas du tout. Ils ont profité de la réunion d'aujourd'hui, où on devait parler des fonctions de support, pour venir nous annoncer ça!", a lancé Jean-Marc Vecrin, représentant national CFDT à l'AFP.
Les syndicats parlent de tsunami
"Si on veut tuer une entreprise, on ne peut pas faire mieux", a réagi, amer, Gaëtan Lecocq, secrétaire général de la CGT ArcelorMittal Dunkerque, selon lequel 180 postes pourraient être touchés à Dunkerque.
Il clame que le "but de l'entreprise" est de "saboter l'outil industriel", pour "fermer" et "délocaliser en Inde et au Brésil". "Si Arcelor tombe, c'est l'ensemble de l'industrie du nord de la France qui va tomber", dit-il : un "tsunami industriel et social".
De son côté, l'entreprise évoque une "décision difficile à prendre" dans un "contexte global difficile depuis plusieurs années pour l'industrie de l'acier en Europe".
Les syndicats ont appelé à des actions dès aujourd’hui. Des responsables politiques, à gauche comme à droite, ont dénoncé l'attitude et l'ambiguïté du groupe.
"Il est temps que le groupe nous dise quand les investissements se feront. Ils sont la seule garantie que l'acier continuera à être produit chez nous", a ainsi déclaré Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts de France sur X.
"Ou il s'engage à investir en France (Arcelor Mittal avait promis un plan de 1,8 milliard sur Dunkerque), à transformer ses hauts fourneaux, ou il faut nationaliser ces entreprises", a lancé, pour sa part, Fabien Roussel (PCF) en estimant que "la guerre de l'acier est lancée".
Les syndicats demandent au gouvernement de s'investir pour sauver les emplois, certains ont même suggéré une nationalisation.
C’est la voie choisie par les Britanniques, face à cette crise de l’acier qui touche toute l’Europe, le parlement vient de voter une loi pour prendre le contrôle des deux derniers hauts-fourneaux de British Steel menacés de fermeture au Royaume-Uni. 2700 emplois étaient en jeu.