POLITIQUE
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Universités américaines: si Harvard tient tête à Trump, les universités ont le blues
Donald Trump gèle une aide fédérale de 2,2 milliards de dollars quelques heures après que le président de l’université privée a refusé d’appliquer les demandes de l’administration Trump. La chasse aux sorcières en cours dans les universités américain
Universités américaines: si Harvard tient tête à Trump, les universités ont le blues
Manifestation le lundi 14 avril appelant l'université de Harvard à ne pas capituler / Getty Images
15 avril 2025

C’est la première université à défier le nouvel hôte de la Maison Blanche et ses directives qui décident des matières enseignées et des étudiants à y être admis ou à poursuivre leurs études. Après avoir mis au pas l’Université Columbia, le président a décidé de contrôler Harvard. Fin mars, Donald Trump a annoncé que les 9 milliards de subventions et de contrats qui lient le gouvernement et la célèbre université de Cambridge allaient être réexaminés.

Le gouvernement a exigé des changements dans la gestion de l’université en contrepartie des fonds que l’Etat verse chaque année. Il était ainsi demandé d’interdire les manifestations pro-palestiniennes, de clôturer des programmes sur la diversité et l'inclusion (DEI Diversity Equity & Inclusion), de faire un audit sur l’enseignement, le personnel enseignant et les étudiants pour vérifier leurs opinions et de changer les critères d’admission des étudiants étrangers.

Dans la lettre envoyée par l’administration fédérale, il était clairement demandé de ne pas admettre des “étudiants hostiles aux valeurs et aux institutions américaines, ou les étudiants qui soutiennent le terrorisme ou l’anti-sémitisme”.

Le président de l'université, Alan Garber, a simplement répliqué que l’université n’abandonnerait pas son indépendance et ses droits constitutionnels. C’est le premier président d’université à défier l’administration Trump. A ce jour, 60 universités sont visées par des audits de la part de l’administration américaine.

La lettre de la présidente de MIT (Massachusetts Institute of Technology) est moins tranchée mais cette missive envoyée à la communauté de la célèbre université souligne le malaise de Sally Kornbluth qui s’inquiète des annulations de visas. Neuf étudiants de MIT, jeunes diplômés ou faisant de la recherche, ont vu leur visa révoqué depuis le 4 avril dernier.

Elle met surtout en garde sur le fait que cette politique pourrait empêcher les “top talents du monde entier de venir aux Etats-Unis.  Cela va endommager la compétitivité des Etats-Unis et son leadership en matière scientifique“. 

TRT Global - Manifestation de militants juifs pro-Palestine à la Trump Tower de New York

Une centaine de manifestants ont été arrêtés après une manifestation pour demander la libération du militant Mahmoud Khalil, figure des manifestations pro-palestiniennes de l’université Columbia, arrêté le week-end dernier.

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Inquiétude des universités américaines

Si le monde universitaire s’inquiète c’est que la volonté de contrôler l’enseignement et le profil des étudiants étrangers par l’administration Trump, restreint leur liberté de choix, et leur rayonnement. Et la multiplication des annulations de visas, ou des détentions d’étudiants fait souffler un vent mauvais.

Début avril, le secrétaire d’état Marco Rubio déclarait à la presse que près de 300 visas avaient été annulés par son administration, la plupart étaient des visas d'étudiants. L’administration Trump n’hésite pas à faire scruter les réseaux sociaux des étudiants étrangers aux Etats-Unis par l’intelligence artificielle. Selon le magazine Betar, un groupe sioniste envoie également des dénonciations au gouvernement fédéral.


“Les étudiants internationaux sont les plus suivis et traqués parmi les populations non-migrantes, déclare Fanta Aw de Nafsa (une association internationale de professeurs qui promeut les échanges universitaires) à The Economist.

Un système baptisé SEVIS rassemble des informations sur les étudiants et les administrateurs d’universités y découvrent parfois que le visa, la permission de séjour ont été suspendus sans que le gouvernement n’en informe les intéressés. Cela veut dire que l’étudiant peut être déporté à tout moment.

Ce changement de politique envers la population étudiante internationale met les universités américaines devant un dilemme. Certaines universités accueillent une part importante d’étudiants étrangers. Selon le Times Higher Education, en 2015, à Columbia, ils représentaient 46% des étudiants, 31% à l’université York, 52% à Carnegie Mellon, à Pittsburgh, Pennsylvanie et 16% à Harvard. 

L'association Nafsa publie sur son site un tableau sur les bénéfices économiques que génèrent les étudiants internationaux aux Etats-Unis. Une façon, peut-être, de contrer le discours républicain qui assimile étudiants étrangers et discours anti-américain.

Selon la Nafsa, les étudiants étrangers ont rapporté près 43,8 milliards de dollars à l’économie américaine pour l’année universitaire 2023-2024. “378 175 emplois sont créés en lien avec la présence de ces étudiants étrangers, un emploi est créé pour chaque trio d’ étudiants”, affirme l’association. Nafsa rappelle que ces jeunes gens dépensent leur argent pour se nourrir, se loger, s’habiller et qu’ils ont une vraie contribution dans les Etats où ils résident. 

Dans sa lettre, le président de Harvard ne dit pas autre chose, “les semaines passées, le gouvernement fédéral a remis en question son partenariat avec plusieurs universités en les accusant d’anti-sémitisme. Nos partenariats sont pourtant les plus bénéfiques et productifs de l’histoire américaine. Nous allons vers des avancées qui vont changer des vies, comme des traitements contre la maladie d'Alzheimer, Parkinson, des progrès dans l’intelligence artificielle, ou dans la science quantique (...). Si le gouvernement se désengage de ces partenariats, ce n’est pas seulement la santé de millions d’individus qui en pâtira mais aussi la sécurité économique et la vitalité de notre nation”.

SOURCE:TRT français et agences
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