L'écho médiatique de l’initiative de la Coalition de la Flottille de la liberté continue de tonner, mettant en exergue la vitalité des sociétés civiles dans le monde, comparée au recul de beaucoup de gouvernements occidentaux au sujet du génocide en cours à Gaza.
La Coalition pour la flottille de la liberté avec à son bord 12 personnes, dont la militante suédoise Greta Thunberg et la députée européenne Rima Hassan, continue de faire parler d’elle, malgré l’interception illégale dans la nuit de dimanche à lundi du Madleen. Alors que beaucoup de grands médias occidentaux tentent de “rendre invisible” le génocide en cours à Gaza, la Coalition pour la flottille de la liberté a remis l’enclave palestinienne au centre de l’agenda médiatique international.
Lundi et mardi, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées en France à l'appel de la gauche pour exprimer leur inquiétude à propos du sort des militants présents sur un bateau intercepté par les autorités israéliennes sur les eaux internationales alors qu’il se dirigeait vers Gaza pour briser le blocus imposé par Israël sur ce territoire.
Alors que le président Emmanuel Macron se contentait d’appeler au retour "dans les plus brefs délais" des ressortissants français, la France insoumise (LFI) a revendiqué pas moins de 150.000 manifestants en France dont 50.000 à Paris, et "près de 200 rassemblements" dans le pays lundi soir.
Jean-Luc Mélenchon a fustigé la réaction du gouvernement français, qui "n'a, semble-t-il, rien à dire à propos d'un acte de piraterie".
Alors que plus de 50 ex-ambassadeurs ont dénoncé en juin dernier, le silence de la Suisse sur la situation à Gaza, des centaines de manifestants pro-palestiniens ont temporairement bloqué lundi des voies dans les gares de Genève et Lausanne. Dans la soirée, les Chemins de fer fédéraux (CFF) ont annoncé que le trafic était "fortement perturbé" en raison de la présence de "manifestants descendus dans les voies en gare de Lausanne".
La France bien trempée
En France, le courage et la vigilance des dockers du port de Marseille et des douaniers affiliés à la CGT a contrasté avec l'hypocrisie des autorités qui, du bout des lèvres condamnent publiquement, mais apportent discrètement leur soutien à Israël, malgré le génocide en cours.
Apportant un démenti aux affirmations de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées vendredi dernier sur LCI selon lesquelles "Il n’y a pas d’armes vendues à Israël", un groupe d’associations a révélé dans un rapport, l’implication de la France dans la livraison constante des armes à Israël depuis octobre 2023.
L'étude documente notamment la livraison de plus de 15 millions d’articles dans la catégorie “bombes, grenades, torpilles, mines, missiles et autres munitions de guerre”, d’une valeur de plus de 7 millions d’euros, ainsi que 1868 articles dans la catégorie “pièces et accessoires de lance-roquettes, grenades, lance-flammes, artillerie, fusils militaires et fusils de chasse”, d’une valeur de plus de 2 millions d’euros.
Le rapport révèle aussi “la livraison de composants pour des armes d’infanterie largement utilisées par les génocidaires dans la bande de Gaza, comme la mitrailleuse légère Negev ou le fusil d’assaut Tavor, les missiles guidés anti-char Spike, ou encore les missiles sol-air Barak 8.”
L’opposition de la CGT
Pour couper court à cette hypocrisie, le Syndicat Général CGT des Ouvriers Dockers et des Personnels Portuaires du Golfe de Fos (sud de la France) a annoncé le 4 juin dernier qu’il refusait de charger une cargaison militaire destinée à Israël, produite par l’entreprise française Eurolink, dont le départ était prévu jeudi dernier depuis le port de Marseille-Fos.
Cette action fait suite aux révélations du média d’investigation "Disclose", sur l’existence d’une livraison de 19 palettes de 14 tonnes de maillons pour munitions, possiblement destinés à équiper des fusils mitrailleurs de l’armée israélienne.
“Ces maillons d’Eurolink sont des pièces détachées pour fusils mitrailleurs servant à l’armée israélienne pour continuer le massacre de la population palestinienne”, écrit le syndicat dans un communiqué.
“Nous sommes pour la paix entre les peuples. Nous sommes opposés à toutes les guerres. Nous déplorons tous ces conflits armés qui engendrent la mort, la misère, l’exode de populations”
Syndicat Général CGT des Ouvriers Dockers et des Personnels Portuaires du Golfe de Fos (sud de la France)
“Nous sommes pour la paix entre les peuples. Nous sommes opposés à toutes les guerres. Nous déplorons tous ces conflits armés qui engendrent la mort, la misère, l’exode de populations” martèlent les syndicalistes.
A ces initiatives citoyennes, il faut aussi ajouter le combat depuis 2005 du mouvement Boycott, Désinvestissements, Sanctions (BDS) contre la colonisation menée par Israël dans les territoires palestiniens et l’injustice à Gaza. Il dénonce systématiquement toutes les entreprises françaises qui investissent dans les territoires palestiniens occupés.
Au-delà de l’Europe, le mouvement mené par les universités américaines pour dénoncer par divers moyens, la collusion entre les Etats-Unis et Israël malgré le genocide à Gaza ne faiblit pas. Il gagne même en intensité, au point où Trump croit pouvoir le fragiliser en usant de répression. La dernière trouvaille du président américain est l’interdiction à Harvard - le cœur de la contestation- d’accueillir les étudiants étrangers, après l’avoir sevré des subventions fédérales.
La bataille est loin de se terminer dans les universités américaines qui font preuve de résilience et d'imagination dans leur résistance à Donald Trump.
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